Question de M. RAPIN Jean-François (Pas-de-Calais - Les Républicains) publiée le 03/11/2022

Question posée en séance publique le 02/11/2022

M. le président. La parole est à M. Jean-François Rapin, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Jean-François Rapin. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, la guerre entre la France et l'Allemagne « redevient possible » !

Ces mots, qui interpellent, ne sont pas de moi ; ils sont de Jacques Attali, qui titrait ainsi sa tribune dans Les Échos, au lendemain de la rencontre à Paris entre MM. Scholz et Macron, pourtant qualifiée de « constructive ». Elle ne l'était en tout cas pas assez pour déboucher ne serait-ce que sur une déclaration commune à la presse. Et qu'est-il sorti de cette rencontre ? Des groupes de travail… Voilà qui n'est pas propre à nous rassurer.

La guerre en Ukraine signifie un changement d'époque, mais l'Allemagne continue de jouer cavalier seul. Elle sort de son chapeau 200 milliards d'euros pour amortir la crise énergétique. Elle refuse notre demande de plafonnement européen du prix du gaz. Elle choisit SpaceX pour lancer ses satellites. Elle achète des équipements militaires américains sans égard pour nos projets communs de char et d'avion de combat. Elle lance un bouclier antimissile européen sans la France. Et elle va se rendre seule, après-demain, à Pékin, à qui elle vend le port de Hambourg…

Monsieur le ministre, vous nous devez la vérité : la confiance à l'égard de l'Allemagne est-elle en berne ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur des travées du groupe UC.)


Réponse du Ministère auprès de la ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargé du commerce extérieur, de l'attractivité et des Français de l'étranger publiée le 03/11/2022

Réponse apportée en séance publique le 02/11/2022

M. le président. La parole est à M. le ministre délégué chargé du commerce extérieur, de l'attractivité et des Français de l'étranger.

M. Bruno Sido. La Première ministre devrait répondre !

M. Olivier Becht, ministre délégué auprès de la ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargé du commerce extérieur, de l'attractivité et des Français de l'étranger. Monsieur le sénateur Rapin, le couple franco-allemand a été à la fondation même des communautés européennes et en demeure, depuis lors, un moteur essentiel. L'entretien entre le Président de la République et le chancelier Scholz à Paris, mercredi dernier, a permis de réaffirmer une ambition commune et de définir une méthode de travail pour les prochaines semaines.

La France et l'Allemagne sont convenues de rechercher, dans tous les domaines, des perspectives communes face aux défis de notre temps. (Exclamations ironiques sur les travées du groupe SER.)

Mme Sophie Primas. Tout ça, c'est du bla-bla !

M. Olivier Becht, ministre délégué. Plusieurs chantiers ont été lancés : mise en place d'un fonds franco-allemand pour l'innovation, rénovation des structures du partenariat franco-allemand…

M. Bruno Retailleau. C'est décisif ! (Sourires sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Olivier Becht, ministre délégué. … ou encore constitution d'un réseau entre les futures élites de nos deux pays.

M. Jacques Grosperrin. Vous ne répondez pas à la question !

M. Olivier Becht, ministre délégué. Nous allons approfondir le dialogue franco-allemand, en particulier sur l'énergie, la défense et le spatial, (Exclamations ironiques sur les travées des groupes Les Républicains et SER.) ou encore sur les conséquences pour l'Europe de la politique américaine, notamment au regard de l'Inflation Reduction Act. (Mêmes mouvements.)

Nous avons particulièrement bien travaillé avec nos amis allemands lors de la réunion informelle des ministres européens du commerce, qui s'est tenue à Prague le week-end dernier.

Nous espérons que cette nouvelle approche, qui nécessitera un travail important de la part du Gouvernement, se matérialisera dès le conseil des ministres franco-allemand du mois de janvier prochain, à l'occasion du soixantième anniversaire du traité de l'Élysée.

La ministre de l'Europe et des affaires étrangères travaillera étroitement avec Mme Annalena Baerbock, qu'elle rencontrera lors de la réunion des ministres des affaires étrangères du G7, à Münster, en Allemagne, puis plus longuement, à Paris, à la fin du mois.

Nous souhaitons définir les axes de travail pour agir en franco-allemand. Je pense à l'Ukraine, en particulier à sa reconstruction à court et à long terme, au renforcement de l'autonomie stratégique de l'Union européenne ou encore à l'Afrique, notamment à notre présence au Sahel.

Vous le voyez, le couple franco-allemand demeure solide. (Exclamations ironiques sur les travées du groupe Les Républicains.) Nous travaillons en confiance, et nous sommes bien décidés à agir ensemble pour relever les défis de notre temps. (M. François Patriat et Mme Patricia Schillinger applaudissent.)

M. le président. La parole est à M. Jean-François Rapin, pour la réplique.

M. Jean-François Rapin. Monsieur le ministre, vous avez parlé de « couple » ; j'ai simplement parlé de « relation ».

La construction européenne s'est faite après-guerre, grâce à la convergence d'intérêts entre une Allemagne qui cherchait la rédemption et une France qui voulait incarner sa puissance. Les temps ont changé. L'Allemagne ne s'excuse plus ; elle s'affirme. Et la France est à sa remorque.

Déjà distancé en matière économique, notre pays risque à présent le déclassement diplomatique. Et tout cela parce que l'élargissement de l'Union européenne va recentrer géopolitiquement l'Allemagne au cœur de l'Europe. Est-elle capable de mieux articuler ses intérêts propres avec l'intérêt stratégique supérieur que nos deux pays partagent : une Europe de la paix et de la liberté ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur des travées du groupe UC.)

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