Question de Mme EUSTACHE-BRINIO Jacqueline (Val-d'Oise - Les Républicains) publiée le 08/12/2022

Question posée en séance publique le 07/12/2022

Mme la présidente. La parole est à Mme Jacqueline Eustache-Brinio, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme Jacqueline Eustache-Brinio. Monsieur le ministre délégué, armés de machettes, coupe-coupe ou simplement de tessons de bouteille, des jeunes livrés à eux-mêmes font régner un climat de terreur dans le 101e département français.

Bandes, violence, alcool, mains coupées, guerre de gangs, caillassages de voitures de police : la liste est longue de tous les fléaux que subissent les Mahorais depuis trop longtemps. Livrés à eux-mêmes, des milliers de mineurs isolés sans-papiers peuplent des bidonvilles à Mayotte. Sans avenir, ces jeunes hors la loi n'ont rien à perdre et menacent la société tout entière.

Cette spirale infernale n'est pas près de s'arrêter, puisque, sous la pression migratoire, la maternité de Mamoudzou est débordée, tout comme le bureau des titres de séjour. On envoie le RAID pour calmer la situation, mais il faudrait davantage de moyens pour mettre fin à cette terreur. La politique du pansement ne suffit plus.

La vie de tous les Mahorais est en danger à cause de cette immigration incontrôlée. Nous ne pouvons accepter d'offrir un tel avenir aux habitants de Mayotte, qui ont fait le choix de la France.

M. Darmanin va se rendre à Mayotte à la fin du mois. Pouvez-vous nous assurer, monsieur le ministre délégué, que les souhaits qui seront formulés pour l'année 2023 ne resteront pas des vœux pieux ? Serez-vous en mesure de garantir aux habitants de cette île le respect des lois et principes de la République française en dénonçant clairement les causes de ce désordre et de cette ultraviolence ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)


Réponse du Ministère auprès du ministre de l'intérieur et des outre-mer, chargé des outre-mer publiée le 08/12/2022

Réponse apportée en séance publique le 07/12/2022

Mme la présidente. La parole est à M. le ministre délégué chargé des outre-mer

M. Jean-François Carenco, ministre délégué auprès du ministre de l'intérieur et des outre-mer, chargé des outre-mer. Madame la sénatrice, vous n'y allez pas de main morte ! (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.)

J'attends le silence… (Nouvelles exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Jacques Grosperrin. On n'est pas à l'école !

Mme la présidente. Allez-y, monsieur le ministre !

M. Jean-François Carenco, ministre délégué. Effectivement, ces actes sont inacceptables. La mobilisation du ministre de l'intérieur et des outre-mer est totale. (Exclamations ironiques sur les travées des groupes SER et Les Républicains.)

M. Rachid Temal. Ah !

M. Jean-François Carenco, ministre délégué. Nous avons mis en œuvre de nombreux moyens. Reconnaissez-le ! M. le ministre de l'intérieur se rend prochainement à Mayotte pour y confirmer les engagements que nous avons pris.

S'agissant de la lutte contre l'immigration clandestine, je rappelle que 24 000 étrangers en situation irrégulière ont été reconduits à la frontière l'an passé, soit 78 % de plus qu'en 2020. Par ailleurs, 324 passeurs ont été présentés à la justice et quatre filières ont été démantelées.

Le projet de loi sur l'immigration, qui sera présenté bientôt au Parlement,…

M. Roger Karoutchi. Nous sommes sauvés !

M. Jean-François Carenco, ministre délégué. … répondra, j'en suis sûr, à vos préoccupations.

Ce qui compte, et que vous passez sous silence, c'est l'effort extraordinaire que Mme la Première ministre a autorisé M. Darmanin et moi-même à mettre en œuvre sur le développement. Ainsi, 83 millions d'euros seront consacrés en 2023 à l'éducation à Mayotte. J'ai par ailleurs signé un contrat de 411 millions d'euros sur l'eau avec le Syndicat intercommunal d'eau et d'assainissement de Mayotte.

M. Sébastien Meurant. C'est le « quoi qu'il en coûte » ?

M. Jean-François Carenco, ministre délégué. M. le ministre de la santé, qui s'est rendu à Mayotte, a été impressionné par les efforts faits en matière d'innovation en santé et en matière de développement économique. Madame la sénatrice, votre intervention est une insulte aux élus de Mayotte, qui, eux, se mobilisent. (Huées sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme la présidente. La parole est à Mme Jacqueline Eustache-Brinio, pour la réplique.

Mme Jacqueline Eustache-Brinio. La réplique est très facile : le préfet du département estime que, si l'on ne fait rien, il y aura 750 000 habitants à Mayotte en 2050, contre 300 000 aujourd'hui.

M. Jacques Grosperrin. Voilà !

Mme Jacqueline Eustache-Brinio. Monsieur le ministre, êtes-vous prêt à entendre que le droit du sol et que les politiques publiques en matière d'accès aux soins gratuits et à la scolarisation des enfants doivent être drastiquement remis en cause sur ce territoire ?

Je rappelle que 80 % des enfants scolarisés à Mayotte ne sont pas des enfants de l'île. C'est un appel d'air considérable pour l'immigration, qui déstabilise l'île en permanence.

Mme la présidente. Veuillez conclure.

Mme Jacqueline Eustache-Brinio. Que s'est-il passé concrètement depuis votre déplacement en août 2022 ?

Mme la présidente. Vous avez dépassé votre temps de parole !

Mme Jacqueline Eustache-Brinio. Je veux juste finir… (Protestations sur les travées des groupes CRCE et SER. – Mme la présidente coupe le micro de l'oratrice.)

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