Question de Mme JACQUEMET Annick (Doubs - UC) publiée le 08/12/2022

Question posée en séance publique le 07/12/2022

Mme la présidente. La parole est à Mme Annick Jacquemet, pour le groupe Union Centriste. (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)

Mme Annick Jacquemet. Ma question s'adresse à M. le ministre de la santé et de la prévention.

Monsieur le ministre, le porte-parole du Gouvernement, Olivier Véran, est intervenu ce matin à la télévision au sujet des problèmes sur les stocks de Doliprane. Il a tenté de rassurer nos concitoyens en expliquant que la France n'était pas seule concernée, la tension étant mondiale.

Peut-être, mais elle dure depuis quelque temps et touche maintenant les enfants. Au début du mois de novembre, notre collègue Bruno Belin soulevait déjà le problème. Vous aviez alors affirmé prendre la mesure de la situation et vouloir augmenter le volume des stocks et les moyens d'alerte.

Aujourd'hui, c'est le Doliprane pédiatrique qui est en cause. Alors que le froid est arrivé et, avec lui, son cortège d'épidémies saisonnières, nous sommes en rupture. L'impact est particulièrement problématique, car, s'agissant des enfants, le Doliprane est, j'y insiste, le médicament de première intention. Il n'existe aucun substitut. En effet, d'après l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), l'ibuprofène et l'aspirine sont contre-indiqués pour ces populations.

Le principal fabricant, Sanofi, en situation de quasi-monopole avec 98 % des parts de marché sur la présentation pédiatrique, est en grande difficulté. Aucun concurrent ne peut suppléer à la baisse de sa production.

Toujours selon l'ANSM, ces tensions pourraient encore durer plusieurs semaines. On ne peut pas laisser les choses en l'état, car, au-delà des difficultés causées en ambulatoire par ces pénuries, l'effet domino sera inévitable : de plus en plus d'enfants seront orientés vers les hôpitaux, en particulier vers les services d'urgence, alors que ceux-ci sont déjà saturés.

Monsieur le ministre, à court terme, comment votre gouvernement entend-il garantir que nos enfants ne manqueront pas de Doliprane pédiatrique cet hiver ? À plus long terme, comment comptez-vous éviter que de telles situations ne se reproduisent ? (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)


Réponse du Ministère auprès du ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargé de l'industrie publiée le 08/12/2022

Réponse apportée en séance publique le 07/12/2022

Mme la présidente. La parole est à M. le ministre délégué chargé de l'industrie. (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. François Bonhomme. Ministre des bobards !

M. Roland Lescure, ministre délégué auprès du ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargé de l'industrie. Madame la sénatrice Jacquemet, je vous prie de bien vouloir excuser le ministre de la santé, qui a dû s'absenter.

Vous l'avez dit, cette pénurie est mondiale. Elle est liée à la volatilité de la consommation de médicaments en général, et de paracétamol en particulier. En effet, la crise de la covid-19 a modifié de manière importante les comportements de consommation et la répartition de la distribution entre la ville et l'hôpital.

La France a été parmi les pays les plus rapides à réagir, grâce au système d'alerte Trustmed, qui nous a permis d'identifier des tensions très tôt et de prendre des décisions, notamment l'interdiction de l'exportation et le passage privilégié par les grossistes répartiteurs, ce qui permet d'assurer du mieux possible la distribution dans les pharmacies. Cependant, dans certains cas particuliers, cela n'empêche pas certaines pharmacies d'être en rupture de stock.

J'y insiste, nous ne sommes pas face à une pénurie globale de Doliprane, quelle que soit sa forme. (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Bruno Belin. Si !

M. Roland Lescure, ministre délégué. Dans certaines pharmacies, c'est vrai, le Doliprane pédiatrique vient à manquer.

J'encourage donc les patients à la recherche de Doliprane pour enfants à se rendre dans plusieurs pharmacies. Par ailleurs, nous avons eu la confirmation par les industriels que, s'agissant de ce produit, qui est conditionné en flacon, le problème venait essentiellement des fournisseurs de verre, mais que la situation s'améliorait. La solution est donc proche.

À moyen terme, l'enjeu est de relocaliser la production.

M. Hussein Bourgi. Demandez à Sanofi !

M. Roland Lescure, ministre délégué. C'est ce que nous faisons, notamment à travers un projet d'usine de production de paracétamol à Grenoble, piloté par Seqens, et non par l'entreprise que vous venez de mentionner, monsieur le sénateur.

Nous travaillons pour que, de nouveau, la France soit un pays de production, de consommation et, pourquoi pas, d'exportation de médicaments. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

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