Question de M. DÉTRAIGNE Yves (Marne - UC) publiée le 22/12/2022

M. Yves Détraigne souhaite appeler l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse sur l'opération « 100 000 cartes postales à Monsieur le Président ! » lancée par l'association pour le développement de l'enseignement de l'allemand en France (ADEAF) en faveur d'un plan de relance de l'apprentissage de l'allemand.
En effet, depuis 10 ans, le nombre de professeurs d'allemand diminue continuellement et avec lui, l'offre d'allemand pour les élèves aussi ! La situation ne cesse de se détériorer : seuls 15 % des élèves choisissent actuellement cette langue en deuxième langue vivante (LV2), contre 22,5 % en 1995. Le nombre de professeurs diminue lui aussi, avec 3 500 professeurs en moins en 16 ans, l'allemand étant la discipline dans laquelle la proportion de postes non pourvus au certificat d'aptitude au professorat de l'enseignement du second degré (CAPES) est la plus élevée.
Pourtant, l'allemand est la langue de notre premier partenaire politique, culturel et économique, elle est également la première langue d'Europe en nombre de locuteurs. Sa connaissance ouvre en outre de belles opportunités de mobilité et d'emploi à nos jeunes.
Les représentants de l'ADEAF demandent donc un véritable plan de relance de l'apprentissage de l'allemand avec des mesures concrètes et des moyens pérennes. Celui-ci devrait comprendre notamment la possibilité d'apprendre cette langue partout en France, la mise en place d'un véritable parcours bilangue allemand-anglais à parité horaire (3h/3h) sur toute la scolarité à partir de la 6ème, un enseignement de spécialité (licence de langues, littératures et civilisations étrangères et régionales) en cycle terminal à 2 langues avec un programme réaliste et attractif.
L'apprentissage de l'allemand symbolisant enfin une construction européenne réussie, il lui demande de quelle manière il entend répondre aux inquiétudes de l'ADEAF.

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse publiée le 20/04/2023

Parmi l'ensemble des leviers identifiés pour renforcer l'apprentissage de l'allemand, le ministre mobilise les recteurs pour augmenter l'offre des dispositifs bilangues en respectant systématiquement la parité horaire entre les langues choisies, le plus souvent l'anglais et l'allemand (3 heures + 3 heures en classe de sixième). Concernant les mesures proposées par l'ADEAF et plus particulièrement le parcours bilangue allemand-anglais à parité horaire de la sixième jusqu'à la fin de la scolarité, il dérogerait à l'horaire réglementaire à partir de la cinquième (trois heures pour la langue vivante 1, deux heures trente pour la langue vivante 2). À partir de la cinquième, les collèges peuvent néanmoins proposer depuis la rentrée 2017 un enseignement optionnel de langues et cultures européennes (LCE), s'appuyant sur l'une des langues vivantes étrangères étudiées, jusqu'à 2 heures hebdomadaires. La gestion des ressources humaines au plus près du terrain (RH de proximité), l'accompagnement pédagogique des professeurs contractuels ou des personnes envisageant d'être professeur d'allemand en seconde carrière, le développement des contrats de préprofessionnalisation pour les étudiants en allemand, l'amélioration des conditions d'exercice des professeurs sont autant de leviers que les académies mobilisent pour consolider le vivier de professeurs d'allemand potentiels. L'importance des commissions académiques pour les langues vivantes étrangères a été également réaffirmée. Leur rôle est notamment de veiller, lors de la définition de la carte des langues, à maintenir un équilibre territorial dans la diversité des langues proposées. La présence de l'allemand de manière équilibrée dans les territoires constitue en enjeu central de cette stratégie. L'évolution du nombre de professeurs d'allemand s'inscrit dans un contexte européen de crise des vocations pour les métiers de l'éducation. Par ailleurs, la baisse significative du nombre d'inscrits à la session 2022 était constatée dans l'ensemble des disciplines et s'expliquait par un changement de la maquette du concours. Il est néanmoins constaté une légère augmentation du nombre de candidats (+4 %) pour l'ensemble des concours en allemand pour la session 2023. En outre, le nombre de postes ouverts à l'ensemble des concours en allemand reste à un niveau élevé avec 358 postes offerts pour la session 2023. La question de l'attractivité est également au coeur de la réflexion en matière de formation initiale, notamment par le levier de la mobilité et le développement de formations franco-allemandes via les instituts nationaux du professorat et de l'éducation (INSPÉ) et européennes via le programme Erasmus+ pour les étudiants qui se destinent à l'enseignement. À ce titre, la redynamisation du programme des assistants de langue allemande est également une piste d'amélioration majeure dans la mesure où parmi les assistants se trouve souvent une partie du vivier des professeurs d'allemand.

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