Question de Mme BELLAMY Marie-Jeanne (Vienne - Les Républicains-A) publiée le 18/04/2024

Mme Marie-Jeanne Bellamy attire l'attention de Mme la ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse sur la mise en place de la réforme du « choc des savoirs ».

Le 5 octobre 2023, le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse a annoncé sa volonté de mettre en oeuvre un choc des savoirs pour élever le niveau de l'école.

Depuis, le projet de réforme a été décliné autour de trois axes : mieux soutenir les professeurs pour mener la bataille des savoirs, adapter l'organisation des enseignements aux besoins de chaque élève, rehausser le niveau d'exigence et d'ambition pour tous les élèves.

La mise en oeuvre de cette réforme pose des difficultés d'organisation et de recrutement au sein des établissements scolaires, mais également de financement. En effet, la simple mise en oeuvre des groupes de niveaux au collège nécessitera le recrutement de 2 330 équivalents temps plein (ETP).

Par ailleurs, se pose la question de la cohérence de l'action gouvernementale quand, dans le même temps, le Gouvernement annule 692 millions des crédits alloués au ministère de l'éducation nationale par la loi n° 2023-1322 du 29 décembre 2023 de finances pour 2024.

Tant les syndicats enseignants que les associations de parents d'élèves sont inquiets, et alertent sur les conditions de mise en oeuvre de cette réforme.

En deux ans, l'éducation nationale a connu cinq ministres différents. Chaque rentrée scolaire a connu sa réforme plus ou moins importante. L'école a besoin de stabilité et de pragmatisme.

Aussi, elle demande au Gouvernement les mesures qu'il compte mettre en oeuvre pour coconstruire, en partenariat avec la communauté éducative et les familles, l'école de demain, une école qui permettra d'assurer la réussite des élèves et de redonner à l'école son rôle d'ascenseur social.

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse publiée le 16/05/2024

Les efforts menés depuis 2017 sur le premier degré ont permis d'améliorer le niveau des élèves à l'entrée en 6e. Cependant, les évaluations nationales montrent que 27 % des élèves ont des difficultés en français et 32 % en mathématiques à ce moment de leur parcours scolaire. Le même constat se retrouve à la sortie du collège, révélé aussi bien par les résultats aux épreuves nationales du diplôme national du brevet que par l'enquête PISA 2022. Ces constats confirment la nécessité de mieux faire réussir les collégiens, selon leur niveau, des plus fragiles aux plus avancés, en leur offrant des modalités d'enseignement plus adaptées à leurs besoins. Ainsi, à compter de la rentrée prochaine, pour les classes de 6e et de 5e, les enseignements de français et de mathématiques sont organisés en groupes de besoins, sur la totalité de l'horaire hebdomadaire. Pour les autres disciplines, c'est-à-dire pour deux tiers des heures de cours, la classe demeure l'organisation de référence. Pour l'ensemble des groupes, les programmes et les attendus de fin d'année sont identiques. L'objectif est de prendre en charge des groupes d'élèves plus homogènes pour permettre d'adapter les pratiques pédagogiques et de mieux soutenir ceux qui en ont le plus besoin. Les groupes qui comportent un nombre important d'élèves en difficulté seront en effectifs réduits. L'organisation retenue par les établissements doit permettre de constituer des groupes flexibles et évolutifs en fonction des besoins et compétences des élèves, sans que d'autres critères, tels que la situation de handicap, n'entrent en ligne de compte. Si les établissements le souhaitent, il est possible de regrouper les élèves en classe entière, pour une durée cumulée sur l'année scolaire d'1 à 10 semaines, afin de garantir la cohérence des progressions pédagogiques des différents groupes. Les moyens déployés dans le cadre de la rentrée scolaire 2024 tiennent compte des spécificités des collèges et doivent permettre la mise en oeuvre des groupes de besoins en français et en mathématiques, tout en maintenant les autres dispositifs (groupes en sciences, enseignements facultatifs notamment). Enfin, la décision de mettre en oeuvre des groupes de besoins s'appuie sur des recherches. Les études empiriques montrent que l'organisation flexible de groupes homogènes constitués en fonction du niveau de maîtrise des compétences produit des effets positifs, particulièrement sur les élèves les moins avancés (Dupriez et alii, 2003 ; IDEE, 2023). De plus, les pays tels que la Suisse, la Suède ou le Danemark qui ont adopté une organisation en groupes flexibles répartis selon les besoins des élèves, pour tout ou partie des enseignements, obtiennent des performances scolaires supérieures à celles des élèves français dans les classements internationaux en fin de collège, tout en réduisant l'impact des inégalités sociales à l'école. Les 20 mesures du choc des savoirs contribuent à construire avec les équipes des écoles et des établissements l'école qui demain fera encore mieux réussir tous les élèves. Dans chaque établissement, le chef d'établissement associera la communauté éducative pour co-construire le plan annuel de mise en oeuvre des enseignements de français et de mathématiques et d'application des mesures du choc des savoirs. Un bilan partagé en fin d'année scolaire permettra d'ajuster et d'améliorer le projet.

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