Question de Mme MARTIN Pauline (Loiret - Les Républicains) publiée le 10/04/2025
Mme Pauline Martin attire l'attention de Mme la ministre des sports, de la jeunesse et de la vie associative sur la stratégie nationale en matière de formation et de maintien des postes maîtres-nageurs sauveteurs (MNS).
La pénurie de MNS est un problème de plus en plus préoccupant pour la sécurité des usagers des espaces de baignade. Selon plusieurs fédérations professionnelles, il manquerait entre 4 000 et 5 000 MNS pour assurer une surveillance adéquate des piscines, des plages et autres. Cette situation n'est pas nouvelle, mais s'est intensifiée avec l'évolution du cadre réglementaire encadrant l'activité des titulaires du brevet national de sécurité et de sauvetage aquatique (BNSSA). Le décret n° 2023-437 du 3 juin 2023 a en effet modifié en profondeur leurs attributions en leur permettant d'assurer, de manière autonome, la surveillance des baignades, sans qu'un MNS soit nécessairement présent. Si cette mesure visait à pallier la pénurie de surveillants, elle a toutefois conduit à un déséquilibre entre ces deux professions. Les MNS, dont la formation est à la fois plus longue et plus coûteuse, se trouvent ainsi concurrencés par des BNSSA désormais en mesure d'exercer les mêmes missions, mais dans des conditions de recrutement plus avantageuses pour les employeurs.
Dès lors, nombre de structures privilégient l'embauche de BNSSA pour des raisons budgétaires, contribuant à une diminution préoccupante de la demande de MNS. Pourtant, chaque année, environ 1 000 décès sont recensés par noyade, un chiffre tragique, comme l'illustre l'accident survenu à Orléans, sur l'île Charlemagne, le 26 juillet 2024. Les maîtres-nageurs sauveteurs disposent en effet d'une expertise plus approfondie, notamment pour gérer des situations d'urgence complexes. L'extension du rôle des BNSSA soulève donc des interrogations majeures quant aux responsabilités en matière de sécurité et à l'encadrement de cette profession.
Pour y remédier, les professionnels suggèrent une révision des formations, qui devraient être raccourcies et mieux adaptées aux contraintes des candidats. Elle lui demande si le Gouvernement envisage de prendre des mesures concrètes pour remédier à cette crise et garantir une surveillance suffisante et sécurisée des baignades.
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Transmise au Ministère des sports, de la jeunesse et de la vie associative
Réponse du Ministère des sports, de la jeunesse et de la vie associative publiée le 13/11/2025
Le ministère des sports, de la jeunesse et de la vie associative est pleinement conscient des difficultés rencontrées par la filière aquatique, notamment en matière de recrutement et de fidélisation des maîtres-nageurs sauveteurs (MNS). Plusieurs enquêtes menées par les acteurs de la filière ont mis en évidence un problème d'attractivité de la profession, malgré un nombre de certifiés relativement stable. En outre, depuis le décret n° 2023-437 du 3 juin 2023 relatif à la surveillance des baignades d'accès payant, les titulaires du brevet national de sécurité et de sauvetage aquatique (BNSSA) sont désormais habilités à surveiller de manière autonome toute l'année les piscines et baignades d'accès payant. Cette évolution était attendue par de nombreuses collectivités et gestionnaires de piscines, dans le but de renforcer la capacité à recruter des personnels de surveillance et la sécurité des baignades. Toutefois, le titulaire d'un BNSSA n'a pas vocation à se substituer au MNS. En effet, contrairement aux maîtres-nageurs sauveteurs, les titulaires du BNSSA n'ont pas vocation à enseigner la natation. Seule leur est dévolue la surveillance des lieux de baignade, qu'ils soient d'accès payant ou gratuit, le principe dérogatoire de cette surveillance en autonomie ayant été supprimé par le décret n° 2023-437 précité. La suppression de cette dérogation a permis la complémentarité du BNSSA et de la fonction de MNS, qui est nécessaire dans un contexte où le secteur de la surveillance aquatique manque cruellement de personnels. Parallèlement, depuis le lancement des états généraux de l'encadrement et de la surveillance dans la filière aquatique en février 2023 sous l'égide du ministère en charge des sports, afin que la filière aquatique en général et les MNS en particulier voient leurs conditions d'exercice évoluer positivement, les échanges entre les organisations professionnelles des employeurs et des salariés, les collectivités, l'État et le mouvement sportif ont permis de formaliser un diagnostic sur les causes et origines des difficultés actuellement rencontrées dans la filière aquatique. Ces échanges ont permis d'établir des préconisations afin de valoriser la profession de MNS et de proposer des actions en faveur du métier. Ces actions consistent en un « itinéraire métier » favorisant la formation continue, la reconversion mais également l'apprentissage pour les MNS du travail dans la fonction publique territoriale et dans le secteur privé. Par ailleurs, une valorisation de la formation, notamment en matière de lutte contre les violences et incivilités auxquelles les MNS sont confrontés est en cours de mise en oeuvre. En outre, des travaux sont actuellement en cours à propos du brevet professionnel de la jeunesse, de l'éducation populaire et du sport mention « activités aquatiques et nautiques », certification phare de la filière, en vue d'une réécriture de ce brevet en blocs de compétences, avec un objectif de faciliter les parcours et de fluidifier les carrières professionnelles. Les avancées de l'ensemble de ces travaux sont partagées dans le cadre du comité de suivi des états généraux de l'encadrement et de la surveillance dans la filière aquatique, auquel participent les différents représentants de la filière aquatique et notamment des MNS, mais également à l'occasion des échanges que le ministère entretient avec ces derniers. Le Gouvernement poursuit avec détermination ses efforts pour apporter des solutions concrètes et équilibrées à l'ensemble des acteurs de la filière aquatique avec l'objectif d'assurer la sécurité des baignades et de favoriser un accès large et encadré à l'apprentissage de la natation pour prévenir les noyades dont le nombre reste malheureusement trop élevé chaque année.
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