Question de Mme RAMIA Salama (Mayotte - RDPI) publiée le 24/04/2025
Mme Salama Ramia attire l'attention de M. le ministre auprès de la ministre du travail, de la santé, de la solidarité et des familles, chargé de la santé et de l'accès aux soins sur la situation sanitaire préoccupante de Mayotte, qui connaît actuellement une épidémie de virus de l'immunodéficience humaine (VIH ou sida). En effet, 75 nouveaux cas de VIH ont été diagnostiqués depuis le 1er janvier 2023 et 8 nouveaux cas depuis le début du mois de juillet 2024, avec plus de 25 % des patients au stade SIDA (immunodépression sévère avec de graves conséquences en termes de mortalité).
Le comité de coordination régionale de lutte contre les infections sexuellement transmissibles et le VIH (COREVIH) Réunion-Mayotte et le centre hospitalier de Mayotte (CHM) par l'intermédiaire du responsable de l'unité de maladies infectieuses et tropicales du CHM, ont bien lancé une alerte VIH auprès de l'agence régionale de santé, faisant état de « deux communautés les plus impactées dans cette catégorie à savoir les communautés malgache et africaine (Grands lacs) ».
Cette épidémie vient aggraver une situation déjà inquiétante concernant le VIH, avec une file active de 324 séropositifs en 2019 à 505 en 2023.
En outre, les caractéristiques de cette file active interpellent quant à l'efficacité d'une politique de prise en charge des personnes vivant avec le VIH : 88,4 % sont en situation irrégulière contre 11,6 % en situation régulière, et 61,9 % ont un revenu inférieur à 160 euros, 89,6 % ayant un revenu inférieur à 500 euros.
Cette déferlante migratoire non maîtrisée venant de pays endémiques engendre un fort recours à la prostitution et un quasi-déficit du dépistage du VIH.
L'absence de dépistage a été aggravée à la suite du passage du cyclone CHIDO le 14 décembre 2024. La promiscuité consécutive à la destruction des habitations informelles risque d'aggraver ces chiffres.
Elle rappelle que le contexte de Mayotte nécessite le déploiement d'une politique d'action très forte pour éviter une situation de crise sanitaire qui échapperait aux pouvoirs publics. Elle souhaite connaître les mesures déployées par le Gouvernement pour tenir compte des particularismes de Mayotte dans la lutte sanitaire contre l'expansion du VIH.
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Réponse du Ministère auprès de la ministre du travail, de la santé, de la solidarité et des familles, chargé de la santé et de l'accès aux soins publiée le 11/09/2025
Le ministère chargé de la santé prend pleinement la mesure de la situation sanitaire préoccupante de Mayotte face à l'épidémie de Virus de l'immunodéficience humaine (VIH) et est mobilisé pour y répondre, en tenant compte des spécificités de ce territoire. Mayotte a ainsi fait l'objet d'une action dédiée dans la feuille de route 2021-2024 de la stratégie nationale de santé sexuelle 2017-2030. Cette reconnaissance a permis le développement de nombreuses actions, notamment de prévention du VIH, sur ce territoire en parallèle des politiques nationales en la matière. La création d'un comité de coordination régionale de la santé sexuelle propre à Mayotte est ainsi prévue en 2025, alors que ce territoire relevait auparavant du comité régional de la lutte contre le virus de l'immunodéficience humaine le VIH Océan Indien implanté à La Réunion. Le financement des tests rapides d'orientation diagnostique, auparavant opéré par un marché porté par la direction générale de la santé et la caisse nationale d'assurance maladie est, depuis le 1er janvier 2025, à la main des Agences régionales de santé (ARS). Cela pourra permettre aux associations de Mayotte de bénéficier de ces financements. Le Gouvernement a également soutenu l'ouverture de quatre antennes du Centre gratuit d'information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD) du centre de santé de Jacaranda, réparties sur l'ensemble du territoire, permettant la prise en charge de personnes sans droits ouverts à l'Assurance maladie. Plusieurs unités mobiles de dépistage sillonnent également le territoire pour proposer consultations et dépistage dans une logique d'accessibilité renforcée. L'ARS de Mayotte a intensifié son engagement aux côtés des acteurs de terrain. Depuis 2019, l'ARS et l'association de lutte contre le sida Nariké M'sada co-organisent la semaine du dépistage du VIH et des infections sexuellement transmissibles, mobilisant les partenaires associatifs dans une logique d'"aller-vers". En parallèle, l'ARS soutient financièrement diverses associations menant des actions en santé sexuelle, de dépistage mobile, d'accompagnement des personnes vivant avec le VIH (PVVIH) et de prévention, y compris auprès des jeunes et des personnes en situation de prostitution/travailleuses du sexe. Dans cette dynamique, le projet « Mayotte, département sans sida et hépatites », porté par Nariké M'sada depuis 2022, inclut notamment la Caravane Mayotte en santé, une offre mobile pluridisciplinaire favorisant l'accès aux soins et au dépistage dans les zones isolées. Ce dispositif renforce l'orientation vers une prise en charge globale et précoce des patients grâce à une coordination étroite avec le centre hospitalier de Mayotte, le CeGIDD et les structures partenaires. Enfin, la Croix-Rouge française est financée par l'ARS pour le développement d'une plateforme de distribution de préservatifs à destination des acteurs du territoire et pour l'accompagnement au dépistage. D'autres structures, comme l'association Maecha Na Ounono Carpe Diem, apportent un soutien par les pairs aux personnes vivant avec le VIH. Conscient de la vulnérabilité spécifique de Mayotte aggravée récemment par le cyclone Chido et les conditions de promiscuité qui en ont découlé, le Gouvernement reste pleinement mobilisé pour prévenir toute crise sanitaire majeure. Il continuera à adapter et renforcer ses moyens pour répondre aux particularismes de ce territoire dans la lutte contre le VIH.
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