Question de M. JACQUIN Olivier (Meurthe-et-Moselle - SER) publiée le 12/06/2025

M. Olivier Jacquin interroge Mme la ministre de la transition écologique, de la biodiversité, de la forêt, de la mer et de la pêche au sujet de la nécessité d'accompagner l'adaptation au changement climatique de la forêt française, afin d'en assurer sa pérennité.

La forêt française couvre 32% du territoire métropolitain et corse, selon le mémento 2024 de l'Institut national de l'information géographique et forestière (IGN). Or, le mémento 2023 de ce même organisme indique que d'ici 2050, 50 % de la forêt basculera en inconfort climatique si la hausse de la température terrestre se poursuit telle qu'annoncée par la communauté scientifique. Aujourd'hui déjà, le changement climatique et les sécheresses entraînent une dégradation de la santé de la flore forestière. Ainsi, depuis 2018, plus de 300 000 hectares de forêts publiques en France ont subi un taux de mortalité inédit, équivalent à 30 fois la superficie de la ville de Paris. Et le mouvement se poursuivra à ce rythme si l'on n'agit pas dès à présent.
Pour se faire, un reboisement est donc engagé par l'Office national des forêts (ONF) depuis plusieurs années afin de garantir la pérennité et le renouvellement du végétal forestier grâce au concept de forêt mosaïque. Cette stratégie repose sur la plantation d'essences d'arbres adaptées aux conditions climatiques futures, tout en continuant à favoriser la régénération naturelle du milieu. Elle comprend également l'installation de protections contre les grands ongulés, tels que les cerfs, qui entraînent fréquemment des dégâts aux plants. En effet, d'après le mémento 2023 de l'IGN, près de 50% des forêts domaniales sont en déséquilibre forêt-ongulés. En Meurthe-et-Moselle, le Plan de relance et France 2030 ont ainsi apporté 1,15 million d'euros, spécifiquement pour la protection d'arbrisseaux adaptées au changement climatique contre les risques liés au grand gibier, en particulier concernant les cerfs. Face à l'ampleur de l'enjeu, ces aides et subventions temporaires demeurent toutefois insuffisantes. Ainsi, la création d'un fonds dédié à l'adaptation des essences forestières permettrait de répondre pleinement à cette problématique.

La nécessité d'accompagner l'ONF, est d'ailleurs un des points largement appuyés par un rapport de la Cour des Comptes de septembre 2024 intitulé « L'Office nationale des forêts et le défi de la transition écologique ». Ce dernier rappelle que l'organisme dispose d'un budget global annuel de 900 millions d'euros pour l'ensemble de ses missions, incluant notamment la préservation des risques naturels, la valorisation de la ressource bois et la gestion durable de la forêt. Or, la Cour des Comptes évalue l'effort de reconstitution du peuplement des forêts domaniales dépérissant à 21 000 hectares à l'horizon 2050, contre 12 000 hectares aujourd'hui. Ainsi, pour les forêts domaniales uniquement, l'enveloppe annuelle nécessaire au reboisement est évaluée entre 100 et 120 millions d'euros, alors qu'elle s'élève à 44,2 millions aujourd'hui. Concernant les autres types de forêts, la même somme est jugée nécessaire pour leur reboisement, soit 120 millions d'euros. En conséquence, le rapport souligne qu'avec ses moyens financiers actuels et sans évolution de ceux-ci, l'ONF ne sera pas en capacité de garantir la pérennité de la forêt de demain.

Il interroge donc le Gouvernement sur les mesures qu'il compte mettre en place pour garantir un financement stable et pérenne de l'adaptation de la forêt face au changement climatique et s'il envisage la création d'un fonds de transition dédié.

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En attente de réponse du Ministère de la transition écologique, de la biodiversité, de la forêt, de la mer et de la pêche.

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