Question de M. WATTEBLED Dany (Nord - Les Indépendants) publiée le 27/11/2025

Question posée en séance publique le 26/11/2025

M. le président. La parole est à M. Dany Wattebled, pour le groupe Les Indépendants - République et Territoires. (Applaudissements sur les travées du groupe INDEP.)

M. Dany Wattebled. Monsieur le Premier ministre, vous ne pouvez ignorer les rumeurs sur la vente d'Exaion au groupe américain Mara.

Ma question est simple : le Gouvernement va-t-il laisser les Américains racheter une filiale d'EDF ?


Réponse du Ministère de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle, énergétique et numérique publiée le 27/11/2025

Réponse apportée en séance publique le 26/11/2025

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle, énergétique et numérique.

M. Roland Lescure, ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle, énergétique et numérique. Monsieur le sénateur, votre question me permet de préciser un certain nombre de points au sujet de cette entreprise et, je l'espère, de vous rassurer sur la stratégie du Gouvernement.

D'abord, Exaion n'est pas une filiale d'EDF.

Ensuite, Exaion n'a pas un poids très important dans les enjeux technologiques et numériques.

D'une part, contrairement à ce qu'on peut entendre ici ou là, l'entreprise ne fait pas de minage de bitcoins.

D'autre part, en matière de super-calcul - un enjeu stratégique majeur sur lequel nous devons investir -, cette entreprise n'a pas non plus un poids très important, puisqu'elle ne représente que 0,1 % de nos capacités.

En réalité, Exaion fait partie des dizaines d'entreprises incubées par EDF. Nous nous réjouissons tous du fait qu'EDF fasse de l'incubation de start-up en France. Pour autant, EDF n'a pas vocation à faire de toutes ces start-up des filiales.

Au fond, que des investisseurs internationaux s'intéressent à ces start-up est une très bonne nouvelle. Nous ne pouvons pas, d'un côté, nous féliciter de l'attractivité de la France pour les investissements internationaux et, de l'autre, leur fermer la porte.

Cela dit, comme pour tous les sujets importants, la procédure dite des investissements directs étrangers s'appliquera et nous examinerons de près cette transaction. Le groupe Mara s'est engagé à déposer un dossier - je n'ai même pas eu à le lui demander. Nous pourrons ainsi nous assurer que cette entreprise, au capital de laquelle EDF restera, continuera à se développer dans le respect de la souveraineté technologique de la France et en restant au service de la France et des Français. (Applaudissements sur des travées du groupe RDPI.)

M. le président. La parole est à M. Dany Wattebled, pour la réplique.

M. Dany Wattebled. Monsieur le ministre, nous n'avons pas la même version des faits.

Le groupe Mara prévoit d'injecter 115 millions d'euros en augmentation de capital, si bien que cela ne bénéficiera pas à EDF. Il prévoit aussi de racheter toutes les actions de l'entreprise pour 33 millions d'euros ; il s'agit donc bien d'un rachat. D'ailleurs, EDF Pulse, qui détient 92,5 % du capital, tomberait à 10 %.

De plus, Exaion n'est pas une filiale d'EDF comme les autres ; partenaire technologique privilégié de deux banques françaises, la Société Générale et BNP Paribas, l'entreprise est chargée des tests grandeur nature pour l'euro numérique.

Alors que Washington construit activement la suprématie du dollar numérique et que le président Trump déploie son stablecoin dollarisé, il faut garder notre capacité à fabriquer notre propre stablecoin européen.

Monsieur le ministre, pouvez-vous nous assurer qu'Exaion restera un fleuron français ?

Deux salariés entrés au capital de l'entreprise, voilà deux ans, avec 126 000 euros repartent avec 3 millions d'euros et Mara leur offre en plus des actions. De nombreux autres acteurs gravitent autour de cette vente.

Le 18 novembre 2025, vous avez déclaré publiquement que vous valideriez cette opération avec des fonds d'investissement américains. Comment expliquer aux Français que l'État, qui a tout payé avec nos impôts, devient ultraminoritaire au profit d'un fonds dont 100 % des revenus provient d'investissements étrangers ? Comment leur assurer que notre souveraineté numérique sera protégée et que nos infrastructures ne seront jamais livrées à des intérêts étrangers ?

Le Gouvernement va-t-il laisser le partenaire technologique privilégié de l'euro numérique européen passer sous le contrôle d'un acteur américain soumis au Cloud Act ? Allez-vous accepter que l'infrastructure qui doit assurer la souveraineté monétaire française et européenne serve demain les intérêts américains ? (Applaudissements sur les travées du groupe INDEP. - M. Jean-François Longeot applaudit également.)

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