Question de M. BACCHI Jérémy (Bouches-du-Rhône - CRCE-K) publiée le 27/11/2025
Question posée en séance publique le 26/11/2025
M. le président. La parole est à M. Jérémy Bacchi, pour le groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste - Kanaky.
M. Jérémy Bacchi. Ma question s'adresse à Mme la ministre des armées et des anciens combattants.
Face aux maires de France, le chef d'état-major des armées a affirmé que le pays devait être « prêt à accepter de perdre ses enfants, de souffrir économiquement ». Ce discours anxiogène et belliciste a laissé incrédules les maires et la Nation tout entière.
Madame la ministre, l'administration, fût-elle gradée et militaire, est aux ordres du politique, et non l'inverse. Avez-vous demandé au chef d'état-major de tenir de tels propos ? Cautionnez-vous ce discours sacrificiel, contraire à l'idéal républicain de progrès humain, qui décrit le scénario d'une guerre mondiale impliquant la France en Ukraine ?
Nous, communistes, connaissons le prix du sang, de l'engagement ultime pour la défense de la Nation, en ardents patriotes que nous sommes. Or, aujourd'hui, vous entérinez le passage d'un État social à un État guerrier. L'accroissement des besoins militaires donne lieu de prétexte à toutes les coupes dans les services publics. Jaurès nous enseignait pourtant que l'« on ne fait pas la guerre pour se débarrasser de la guerre ».
Madame la ministre, ces annonces tonitruantes, ce conditionnement des masses actent en réalité une crise majeure et sans précédent de la diplomatie française : passage en force de la réforme du corps diplomatique, désaveu de notre pays en Afrique et au Moyen-Orient, mise à l'écart, de la part du président Trump, des discussions qui comptent... La France recule face aux désordres du monde.
Depuis 2017, le Président de la République a sacrifié nos réseaux diplomatiques et notre influence, dévitalisant l'idée même que notre pays soit une puissance d'équilibre.
Nous devons mener une coalition se tenant au côté de l'Ukraine, définir de claires lignes rouges et proposer un plan de paix crédible, juste et durable. Dans la période actuelle, toute escalade est à rebours de ce qu'exige l'avenir de notre humanité.
C'est pourquoi nous avons déposé une proposition de loi pour limiter les rentes des grandes entreprises de la défense et neutraliser les dividendes de guerre. L'économie de guerre entraîne une valorisation des portefeuilles boursiers. La commande publique se transforme en dividendes privés. La destruction et la peur deviennent des indices sur les marchés financiers.
Comme le disait Victor Hugo : « La paix est la vertu de la civilisation, la guerre en est le crime. » (Applaudissements sur les travées du groupe CRCE-K et sur des travées du groupe SER.)
Réponse du Ministère des armées et des anciens combattants publiée le 27/11/2025
Réponse apportée en séance publique le 26/11/2025
M. le président. La parole est à Mme la ministre des armées et des anciens combattants.
Mme Catherine Vautrin, ministre des armées et des anciens combattants. Monsieur le sénateur, je vous remercie de cette question.
Permettez-moi de vous répondre très directement sur la présence du chef d'état-major des armées au 107e Congrès des maires et des présidents d'intercommunalité de France. Mesdames, messieurs les sénateurs, vous le savez très bien, les maires sont des acteurs majeurs du lien entre l'armée et la Nation, tout simplement parce que, dans les territoires, se trouvent des empreintes militaires, mais aussi des entreprises de notre base industrielle de défense. Les échanges entre les divers acteurs y sont donc quasi quotidiens.
Par ailleurs, je vous le redis, monsieur le sénateur, le chef des armées, c'est le Président de la République. Le chef d'état-major des armées est le conseiller du Président de la République et du Gouvernement. Il coordonne l'activité de nos armées et informe le Gouvernement sur leurs besoins.
Il a répondu à une invitation et son propos s'inscrit strictement dans les termes non seulement de la revue nationale stratégique (RNS) qui a été publiée au mois de juillet dernier et qui sert de fondement au projet de budget que nous vous proposons, mais également de l'intervention du Président de la République le 13 juillet dernier à l'hôtel de Brienne.
Oui, la menace existe ; oui, les choses ont changé ; et oui, il faut le dire ! Malheureusement, les dividendes de la paix, c'est terminé : on peut le regretter, mais nous devons, quoi qu'il en soit, anticiper.
En ce qui concerne la place de la diplomatie française et les coalitions, permettez-moi de fonder ma réponse sur l'actualité. Hier après-midi, le Président de la République présidait une réunion de la coalition des volontaires à laquelle étaient représentés trente-cinq pays.
Cette coalition des volontaires regroupe les pays qui veulent préparer l'après-paix en Ukraine. Les questions auxquelles elle cherche à répondre sont les suivantes : comment nous rassembler pour une paix juste et durable ? Comment garantir cette paix aux Ukrainiens ?
Vous le voyez, non seulement la France anticipe, mais elle se tient au milieu de l'ensemble des pays engagés pour la paix en Ukraine et sur le continent européen ! (MM. François Patriat et Marc Laménie applaudissent.)
M. Sébastien Lecornu, Premier ministre. Très bien !
Page mise à jour le