Question de Mme BOYER Valérie (Bouches-du-Rhône - Les Républicains) publiée le 27/11/2025
Question posée en séance publique le 26/11/2025
M. le président. La parole est à Mme Valérie Boyer, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
Mme Valérie Boyer. Monsieur le ministre de l'intérieur, samedi, l'hommage rendu à Mehdi Kessaci a rassemblé une foule qui disait une chose : les Français n'en peuvent plus de voir leurs enfants être détruits ou tomber sous les balles des trafiquants.
En 2024, le narcobanditisme a fait quatorze victimes collatérales et dix-huit blessés : quatorze innocents, quatorze vies arrachées, quatorze familles détruites. À travers elles, à travers Mehdi, je veux rendre un hommage solennel aux victimes et dire à leurs proches que la France ne les oubliera pas et qu'elle réagira avec toute la force nécessaire.
Ces crimes ne sont pas des faits divers. Ils sont les signes d'une narcoviolence qui prend des allures de terrorisme. Pourtant, l'ancien garde des sceaux avait préféré minimiser les alertes plutôt que de reconnaître l'effondrement de l'autorité de l'État.
La vérité, c'est que nous perdons du terrain. Les magistrats de Marseille l'ont dit sous serment : nous livrons une guerre asymétrique contre des organisations riches, armées, implantées dans 173 narcocités, pesant 7 milliards d'euros par an.
Ces territoires ne sont plus des quartiers populaires. Ils sont devenus des zones de droit parallèle où la pègre, les trafics, y compris d'êtres humains, et l'islamisme dictent leurs lois. Ces réseaux ont déclaré la guerre à la République française.
Face à cela, les hommages ne suffisent plus. Il faut frapper fort, vite et juste. Autour de Martine Vassal, (Protestations sur les travées des groupes SER et GEST.) nous voulons faire de Marseille le fer de lance de la reconquête de la sécurité.
C'est pourquoi, à la suite de la loi que j'ai défendue avec notamment Bruno Retailleau, Étienne Blanc et Jérôme Durain, je réitère la demande qui vous a été formulée par Martine Vassal de créer immédiatement une antenne marseillaise du parquet national anti-criminalité organisée (Pnaco), afin de frapper au coeur les réseaux criminels et de coordonner une riposte à la hauteur. (Nouvelles protestations sur les travées des groupes SER et GEST.)
Tout est prévu pour accueillir cette nouvelle juridiction à Marseille. (Mme Marie-Arlette Carlotti s'exclame.) Cette exigence émane d'élus locaux, mais aussi de magistrats comme Luc Fontaine, qui appellent à agir là où la guerre se joue.
Soyons concrets, car il y a urgence : monsieur le ministre, le Gouvernement va-t-il agir et accéder à notre demande de créer une antenne du Pnaco à Marseille ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. - M. Franck Menonville applaudit également.)
Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 27/11/2025
Réponse apportée en séance publique le 26/11/2025
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'intérieur.
M. Laurent Nunez, ministre de l'intérieur. Tout d'abord, je veux à mon tour saluer le rassemblement qui s'est tenu samedi à Marseille. Il s'agit d'une réponse extrêmement forte adressée aux trafiquants. Il est important que la société civile se mobilise. La réponse ne peut pas être uniquement répressive, policière et judiciaire.
Pour autant, nous apportons cette réponse. Nous continuerons de démanteler des réseaux à Marseille, comme nous l'avons encore fait il y a quelques minutes en saisissant 150 kilos de drogue. Nous continuerons d'empêcher des règlements de compte, comme nous l'avons encore fait la semaine dernière en déjouant deux opérations grâce à l'engagement des forces de police, sous l'autorité du préfet des Bouches-du-Rhône, de la préfète de police déléguée et, évidemment, du ministre de l'intérieur et du garde des sceaux.
Nous continuerons de mener de telles actions et nous allons les renforcer grâce à la loi qui a été adoptée en juin 2025, puisqu'elle confère davantage de prérogatives à nos policiers et à nos magistrats. Désormais, la lutte contre le narcotrafic est placée sur le même plan que la lutte contre le terrorisme en termes de moyens et d'outils.
Des outils supplémentaires comme le gel administratif des avoirs ou la faculté laissée aux préfets de prendre des interdictions de paraître ou de fermer des commerces permettront aux services de mieux se coordonner.
Le Pnaco fait partie de ces outils. Il en est de même pour l'état-major de lutte contre la criminalité organisée (Emco) qui a été créé par mon prédécesseur : situé dans les locaux de la direction nationale de la police judiciaire, ce nouveau service favorisera les échanges d'informations entre les services.
Le garde des sceaux ne m'en voudra pas de m'exprimer aussi en son nom pour dire que ce qui fait la force de l'Emco et du Pnaco, c'est leur centralité et leur capacité à réunir toutes les informations requises pour mieux décider de la conduite d'actions répressives sur l'ensemble du territoire, qu'elles proviennent des services de renseignement, de la police ou de la justice. (Applaudissements sur des travées du groupe RDPI. - M. Bernard Fialaire applaudit également.)
M. le président. La parole est à Mme Valérie Boyer, pour la réplique.
Mme Valérie Boyer. Monsieur le ministre, permettez-moi d'insister : nous avons demandé l'installation du siège national du Pnaco à Marseille, car cela constituerait un signal fort de reconquête de nos territoires.
À l'instar du combat contre l'islamisme et le terrorisme, la lutte contre le narcotrafic exige un sursaut, une volonté et une politique nationale. (M. Guy Benarroche s'exclame.) Il me semble indispensable de localiser ce nouvel outil à Marseille. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
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