Question de M. MARTIN Pascal (Seine-Maritime - UC) publiée le 13/11/2025

M. Pascal Martin attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale sur la réforme du brevet national des métiers d'art (BNMA).
En effet, cette réforme initiée par l'inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche (IGESR), vise à raccourcir le parcours des futurs professionnels des métiers d'art. Il passerait d'un cycle de 4 ans (certificat d'aptitude professionnelle (CAP)+brevet des métiers d'Art) à un cycle de 3 ans (BNMA).
Cette réforme a été engagée à la suite de la parution du décret n° 2025-788 du 7 août 2025 portant abrogation de 17 diplômes nationaux des métiers d'arts entre septembre 2026 et la rentrée scolaire 2028.
Sur le fond, si l'objectif affiché du BNMA est de rendre plus lisible la filière, les dispositions prévues entraînent en réalité une réduction drastique des volumes horaires de formation. Le passage à un nouveau diplôme devrait s'accompagner d'une baisse de 885 heures d'enseignement sur l'ensemble du cycle.
Pour les enseignements professionnels, le constat est encore plus alarmant, car ils passent d'un volume horaire de 2 474,5 heures sur 4 ans à 1 611 heures sur 3 ans, soit une baisse de 35% de volume horaire.
À cette baisse, il faut ajouter la diminution des périodes de formation en milieu professionnel qui passent d'une période de 30 semaines à seulement 16 semaines.
Dans les métiers d'art, la transmission du geste, de la rigueur et des savoir-faire d'excellence exige du temps, de la pratique et une progression étalée. Cette réforme risque de compromettre la qualité de la formation, l'insertion professionnelle des jeunes et la pérennité même de nos compétences.
Il faut environ dix ans de pratique à un professionnel des métiers d'art pour maîtriser entièrement son métier. Réduire la durée de la formation des jeunes gens qui aspirent à devenir de futurs professionnels des métiers d'art, revient à faire porter la charge de l'apprentissage sur les entreprises. Elles n'ont ni les moyens, ni le temps de combler les lacunes de la formation initiale.
Cette réforme prive tout un secteur stratégique, fort de plus de 60 000 entreprises réalisant un chiffre d'affaires de 19 milliards d'euros, d'un débat nécessaire sur son avenir. Elle intervient sans se soucier des conséquences que cela représente pour plus de 10 000 élèves répartis dans 22 spécialités et 90 établissements présents sur l'ensemble du territoire national.
Les professionnels du secteur ne sont pas opposés à une évolution des diplômes mais celle-ci doit être construite en concertation, dans le respect des réalités pédagogiques et économiques de leurs métiers. Ils souhaiteraient le retrait de cette réforme et la publication du rapport de l'IGESR de 2024 afin d'enclencher une réflexion commune sur les enjeux de la formation.
Il lui demande de bien vouloir lui préciser les mesures qu'il entend prendre afin de répondre aux attentes des professionnels des métiers d'art.

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En attente de réponse du Ministère de l'éducation nationale.

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