Question de Mme GOY-CHAVENT Sylvie (Ain - Les Républicains) publiée le 25/12/2025

Mme Sylvie Goy-Chavent souligne à Mme la ministre de l'agriculture, de l'agro-alimentaire et de la souveraineté alimentaire la situation critique des marchés aux bestiaux face aux conséquences économiques durables de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC). En effet, depuis l'apparition du virus en France et la mise en place de mesures de lutte obligatoires, la fermeture prolongée des foirails, notamment en Auvergne-Rhône-Alpes, compromet la viabilité de structures essentielles à la commercialisation des bovins.

Les restrictions décidées à l'automne 2025, incluant l'interdiction des rassemblements bovins, ont entraîné la fermeture de plusieurs marchés aux bestiaux, dont le foirail de la Chambière à Saint-Denis-lès-Bourg dans l'Ain, l'un des principaux marchés de gré à gré du pays. Après quarante-cinq jours d'arrêt, la réouverture intervenue lors du passage du département en zone vaccinale n'a permis qu'une reprise très partielle et dégradée de l'activité, tant les contraintes administratives et sanitaires ont dissuadé opérateurs et éleveurs de revenir.

En temps normal, ce foirail accueille chaque mardi de 800 à 900 bovins et 40 à 60 entreprises d'apporteurs et d'acheteurs ; or, lors des marchés de reprise de décembre 2025, à peine une centaine d'animaux par semaine ont été commercialisés, avec seulement quelques opérateurs présents. Cette chute brutale de la fréquentation illustre l'inadéquation entre les règles imposées (autorisations complexes, contrôles renforcés, fortes incertitudes) et le fonctionnement réel des marchés aux bestiaux.

La crise ne se limite pas à la baisse d'activité : l'absence de cotations officielles depuis plusieurs mois en Auvergne-Rhône-Alpes prive les éleveurs et les opérateurs de toute référence de prix, créant un marché à deux vitesses. Les animaux issus de zones vaccinales subissent des décotes importantes, pouvant atteindre plusieurs centaines d'euros par veau ou par broutard, ce qui fragilise l'ensemble de la filière et dégrade la confiance entre vendeurs et acheteurs.

Parallèlement, les perspectives de sortie de crise apparaissent très lointaines. Le maintien d'une zone vaccinale pendant au moins quatorze mois après la fin de la vaccination laisse entrevoir un retour à la normale au mieux à l'horizon 2027, tandis que la campagne vaccinale est appelée à se prolonger en 2026. Dans ce contexte, les investissements réalisés par certains marchés, comme l'ouverture récente d'un marché aux enchères au foirail de la Chambière, se transforment en charges financières lourdes alors même que les équipements sont sous-utilisés.

Les marchés aux bestiaux, lieux de fixation des prix, d'échanges et de structuration de la filière, deviennent ainsi les victimes collatérales des mesures sanitaires. Les dispositifs d'aide existants, principalement tournés vers les éleveurs, ne prennent que marginalement en compte la situation des centres de rassemblement et des infrastructures de mise en marché, pourtant indispensables à la transparence et au bon fonctionnement du commerce des bovins.

Dans ce contexte, elle souhaiterait savoir quelles mesures spécifiques le Gouvernement entend mettre en place pour soutenir les marchés aux bestiaux et centres de rassemblement, en particulier ceux situés en zone vaccinale. Elle lui demande notamment s'il envisage des compensations ciblées pour les pertes de chiffre d'affaires et les charges d'investissement immobilisées, un accompagnement renforcé au-delà des seuls dispositifs d'activité partielle, ainsi que la définition et la publication d'un calendrier clair de normalisation des mouvements d'animaux permettant à ces structures d'anticiper et de préserver leur rôle essentiel au sein de la filière bovine française.

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En attente de réponse du Ministère de l'agriculture, de l'agro-alimentaire et de la souveraineté alimentaire.

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