Question de Mme LOISIER Anne-Catherine (Côte-d'Or - UC-R) publiée le 25/12/2025

Mme Anne-Catherine Loisier attire l'attention de M. le ministre de la ville et du logement sur la suppression des aides MaPrimeRenov' pour le chauffage bois.

Le 8 septembre 2025, la veille de la démission du précédent Gouvernement, il a été décidé de supprimer, à compter du 1er janvier 2026, l'aide MaPrimeRénov' pour l'installation de chaudières bois haute performance en maison individuelle, après plusieurs baisses successives intervenues en 2024 et 2025.

Cette décision porte un coup majeur à la filière du chauffage biomasse, pourtant fondée sur une énergie locale, décarbonée, économique et durable, pleinement contributive aux objectifs de transition énergétique et de souveraineté énergétique des territoires, notamment ruraux.

De fait, le chauffage bois concerne plus de 7 millions de foyers majoritairement présents en zone rurale dont les revenus sont les plus faibles et qui sont, pour certains d'entre eux, en situation de précarité énergétique. En effet, dans les territoires ruraux, le mix énergétique territorial intègre le recours au bois dont l'usage, d'une part, est ancré culturellement, et d'autre part, permet à de nombreux foyers de supporter financièrement le coût du chauffage.

Contrairement aux idées reçues, le bois énergie valorise une biomasse connexe à l'exploitation du bois d'oeuvre et ne met aucunement en péril la ressource. Le recours au chauffage bois fait également partie de l'écosystème des communes forestières qui pratiquent l'affouage dans l'intérêt de leurs administrés.

Alors que d'autres solutions de chauffage décarboné, en particulier les pompes à chaleur, continuent de bénéficier d'un soutien public massif, y compris en monogeste en 2026, la filière bois énergie subit un désengagement brutal et injustifié, sans réel enjeu budgétaire mais avec des conséquences économiques et industrielles considérables.

Le signal actuel n'est pas le bon : on indique aux professionnels comme aux Français de se détourner de l'énergie bois, pourtant locale (rayon de 200 kilomètres entre lieu de prélèvement et lieu de consommation), durable (30g de CO2 / kWh), souverain (près de 90 % d'autonomie énergétique), circulaire et peu chère. Ce alors même que le secrétariat général à la planification écologique (SGPE), dans son rapport, indique qu'il faut continuer à soutenir le chauffage au bois domestique lorsqu'il est performant, en remplacement d'énergies fossiles et dans certaines zones géographiques.

Par ailleurs, l'argument selon lequel les chaudières bois resteraient éligibles dans le cadre des rénovations d'ampleur ne résiste pas à la réalité : les audits énergétiques obligatoires orientent quasi systématiquement vers les pompes à chaleur, favorisées par les paramètres réglementaires et l'évolution du coefficient de conversion de l'électricité. Cette situation crée une distorsion technique et économique, alors même que chaudières bois et pompes à chaleur sont des solutions complémentaires et non concurrentes.

Enfin, cette décision est intervenue sans que l'avis du Conseil national de l'habitat n'ait été réellement pris en compte, remettant en cause les principes de concertation pourtant essentiels à l'élaboration des politiques publiques de rénovation énergétique.

Dans ce contexte, elle lui demande si le Gouvernement entend reconsidérer la suppression de MaPrimeRénov' pour les chaudières bois haute performance, afin de garantir une répartition équitable et technologiquement neutre des aides à la décarbonation du chauffage, préserver la survie de la filière biomasse et permettre à nos concitoyens de choisir la solution la plus adaptée à leur logement.

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En attente de réponse du Ministère de la ville et du logement.

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