2. La mutation de France Télécom
France Télécom étant, de par la loi, une entreprise à capital majoritairement public, votre rapporteur rappellera brièvement ici les principaux résultats commerciaux et financiers de cet opérateur et insistera sur la rapidité de son évolution.
a) Une activité tirée par les mobiles et Internet
Les
évolutions de l'activité de France Télécom en 1999
et du premier semestre 2000 reflètent les principales tendances du
marché : les mobiles, les données et Internet deviennent les
principaux moteurs d'une activité s'internationalise.
En effet, le
chiffre d'affaires
des mobiles en France à
17,1 milliards de francs,
progresse de 47,4 % sur les six premiers
mois de l'exercice 2000.
Le résultat courant avant
amortissements de ce segment d'activité progresse de 44,7 %,
malgré la baisse de 20 % du tarif des appels entrants à
compter du 1
er
juillet 1999.
Les investissements
corporels et incorporels de ce segment progressent
de manière significative d'une année sur l'autre (ils sont
multipliés par 2,6) en raison de l'augmentation du trafic des mobiles et
des investissements destinés à améliorer la qualité
du réseau.
Rappelons qu'Itinéris compte 11,7 millions d'abonnés fin
juin, dont 41% d'abonnés à la formule " Mobicarte "
(contre un peu plus d'un tiers fin 1999) et maintient sa part de marché
à 48,1 %.
La téléphonie fixe en France
qui regroupe la
téléphonie classique, les données, l'Internet et
l'audiovisuel, avec un chiffre d'affaires de 68,5 milliards de francs, au
1
er
semestre 2000, demeure
la première
activité du groupe
. Ce segment d'activité connaît une
légère dégradation de son chiffre d'affaires (- 0,3%)
et de sa rentabilité par rapport au premier semestre 1999, en
raison de :
- l'effet des baisses successives du prix des communications, avec en
particulier la baisse du prix des communications nationales de 20 %
à compter du 3 avril2000 et la baisse du prix des communications
nationales de 20 % à compter du 3 avril 2000 et la baisse
de 10 % en moyenne du prix des communications internationales à
compter du 6 mai ;
- la montée progressive de la concurrence (26,8 % du trafic
longue distance fin juin) ;
- l'intensification des efforts de marketing.
Cette inflexion s'inscrit dans un environnement de croissance forte du trafic
téléphonique global : pendant les six premiers mois de
l'année, la croissance du trafic s'élève à
12 %, essentiellement imputable aux nouveaux usages que représente
l'appel vers
les mobiles
(+ 58 % de progression sur
six mois) et l'Internet (+ 84 %).
En matière
d'accès à Internet
, avec
1,4 million d'abonnés actifs à fin juin, soit un quasi
doublement en un an, Wanadoo est le premier fournisseur d'accès en
France. Son introduction en Bourse en juillet dernier devrait, en outre, lui
conférer les moyens nécessaires à son
développement. Par ailleurs, l'audience de ses différents sites
progresse de plus de 60 % par rapport à la fin 1999, avec un
nombre de pages vues de 12,6 millions par jour en juin 2000.
RÉSULTATS DU 1
ER
SEMESTRE 2000 PAR SEGMENT
D'ACTIVITÉ
Segment d'activité |
|
1
er
semestre 2000
|
Variation %
|
|
Chiffre d'affaires |
68 509 |
- 0,3 % |
|
EBITDA 14( * ) |
26 578 |
- 6,1 % |
Services fixes et divers France |
en % du CA |
39 % |
- |
|
Résultat opérationnel courant |
15 250 |
- 5 % |
|
Chiffre d'affaires |
17 169 |
+ 47,4 % |
|
EBITDA |
5 678 |
+ 44,7 % |
Mobiles en France |
En % du CA |
33 % |
- |
|
Résultat opérationnel courant |
4 141 |
+ 69 % |
|
Chiffre d'affaires |
20 830 |
+ 124 % |
International |
EBITDA |
2 636 |
- |
|
en % du CA |
13 % |
- |
|
Résultat opérationnel courant |
- 1330 |
- 18,3 % |
Source
: France Télécom
Au total, le chiffre d'affaires consolidé de France
Télécom (100,5 milliards de francs) progresse de 18,1% au
premier semestre 2000,
sous l'effet conjugué du
développement de la téléphonie mobile en France et de
l'expansion internationale du groupe.
L'EBITDA, indicateur de l'activité du groupe (résultat courant
avant amortissements) s'élève à 34,9 milliards de
francs au premier semestre, soit une croissance de 8,4 % par rapport au
1
er
semestre 1999 ; cette progression est pour
l'essentiel imputable à la croissance des mobiles en France et des
activités internationales qui compensent la baisse de la
rentabilité de la téléphonie fixe en France.
Le résultat opérationnel du groupe au premier semestre
s'élève à 17,3 milliards de francs, soit une
progression de 7,8 % par rapport au premier semestre 1999.
Le résultat net part du groupe s'établit à
25,0 milliards de francs. Hors plus-values de cession, il
s'élèverait à 8,8 milliards de francs, soit une
progression de 19,8 % par rapport au premier semestre de l'exercice
précédent. France Télécom s'est en effet
dégagée au cours des six premiers mois de l'an 2000 de
certains actifs et notamment des 7,1 % qu'elle détenait dans le
capital de Telmex et d'une tranche de 24,9 millions d'actions de Crown
Castle, dégageant à cette occasion des plus-values de cession.
b) Un groupe en mutation rapide
Grâce à la réforme de son statut en 1996 et
à la croissance d'un marché des télécommunications
totalement libéralisé à cette date, le groupe France
Télécom a accompli une mutation rapide. Ces évolutions ont
parfois été heurtées, comme ce fut le cas des rapports
avec l'ex-allié allemand Deutsche Telekom.
L'internationalisation croissante
Un temps contrariée, la volonté d'internationalisation du groupe
a commencé à se traduire dans les faits au
1
er
semestre 2000, particulièrement dans le secteur
de la téléphonie mobile, au prix toutefois d'une sensible
augmentation de
l'endettement
de l'opérateur.
Le chiffre d'affaires du segment d'activité
" international "
est plus de deux fois supérieur à
celui du premier semestre 1999, passant à 20,8 milliards de
francs, soit une progression de 124 % ; l'EBITDA
" international " augmente aussi très fortement, passant
à 2,6 milliards de francs, sous l'effet de modifications de
périmètres comptables mais aussi de la progression sensible des
performances des filiales européennes opérant dans le domaine des
mobiles (Belgique, Roumanie, Danemark).
Le nombre d'abonnés mobiles à l'international atteint
5,8 millions (+ 63 %), dont 3,7 millions en Europe :
il reflète le développement récent des réseaux en
Belgique, en Roumanie, aux Pays-Bas et au Liban. Ce chiffre ne comprend pas les
7,2 millions d'abonnés à Orange, opérateur mobile
anglais récemment racheté par France Télécom, non
encore consolidés au premier semestre. En incluant
Orange
, France
Télécom compte actuellement plus de 25 millions
d'abonnés mobiles dans le monde. Aujourd'hui, le nombre de lignes fixes
gérées par France Télécom en dehors de France
s'élève à 4,2 millions (+ 160 %), dont
1,4 million en Europe. Quant au chiffre d'affaires réalisés
dans les services d'information, il concerne pour une large part les filiales
européennes de Wanadoo en Belgique, aux Pays-Bas et en Espagne. A la fin
du mois de juin, France Télécom compte 600.000 clients
actifs dans ce secteur, dont 500.000 en Europe.
S'agissant de
Global One
, jadis commune à France
Télécom, Sprint et Deutsche Telekom et destinée à
devenir la pleine propriété de France
Télécom
15(
*
)
,
son chiffre d'affaires s'accroît de plus de 10 % entre le premier
semestre 1999 et le premier semestre 2000. Sa marge d'EBITDA, qui
reste négative, s'améliore de 15 points. Le redressement de
l'entreprise s'amorce avec un équilibre du résultat
opérationnel attendu en 2002.
Conséquence de ces investissements, souvent coûteux, l'endettement
net de France Télécom (153,8 milliards de Francs) a
augmenté de 60,3 % par rapport au
premier semestre 1999 :
le ratio dettes sur fonds propres
passe, sur la période, de 77 % à 107 %
.
Au total, l'international représente désormais 20,3 % du
chiffre d'affaires du groupe
. Cette activité est principalement
centrée sur l'Europe. L'opérateur français s'est enfin
positionné sur le premier marché européen l'Allemagne, via
une prise de participation dans l'opérateur mobile Mobilcom.
Le divorce avec Deutsche Telekom
Dans le cadre d'une alliance stratégique avec l'opérateur
allemand, France Télécom avait acquis, en 1998, une participation
de 2 % dans le capital de Deutsche Telekom, participation ramenée
à 1,8 % suite à une augmentation de capital à
laquelle France Télécom n'a pas participé. Une prise de
participation réciproque de Deutsche Telekom avait eu lieu au capital de
l'opérateur français.
Le "
décroisement
" des participations respectives de
Deutsche Telekom et de France Télécom devrait s'opérer
dans le cadre d'un accord tripartite entre l'entreprise française, son
homologue allemande et KfW, l'entité publique qui porte l'essentiel de
la participation de l'Etat allemand dans Deutsche Telekom. France
Télécom vendra sa participation dans l'opérateur allemand
à KfW entre le 15 décembre 2000 et le 31 janvier 2001 et
rachètera ses actions détenues par Deutsche Telekom au plus tard
le 31 janvier 2003 (cette date pouvant être anticipée si
France Télécom le souhaite , à partir du 1
er
janvier 2002).
L'entrée en bourse de Wanadoo
France Télécom a procédé, entre le 30 juin et
le 13 juillet 2000, à la
mise en bourse d'environ 10 %
du capital de Wanadoo, société regroupant les
activités Internet grand public du groupe
.
Le prix de souscription des actions nouvelles pour l'offre à prix ouvert
et pour le placement global a été fixé, le
18 juillet 2000, à 19,00 euros (soit 124,63 francs),
à l'intérieur de la fourchette de prix indicative indiquée
dans le prospectus préliminaire entre 17 et 20 euros.
L'offre définitive a porté sur 102 millions de titres, soit
environ 10 % du capital de l'entreprise
et s'élève
donc à 1,9 milliard d'euros.
Elle a été
sursouscrite 16 fois par les investisseurs institutionnels et a
attiré 1,6 million d'actionnaires individuels
.
Cette offre a été réalisée sous la forme d'une
augmentation de capital
portant sur 97 millions d'actions nouvelles
et 5 millions d'actions existantes : elle a été
répartie de la manière suivante :
- un placement global
destiné aux investisseurs institutionnels
en France et en dehors de France
, y compris aux Etats-Unis, qui a
porté sur 43,2 millions d'actions, avant exercice éventuel
par les banques chargées du placement de l'option de surallocation
permettant l'acquisition d'environ 13,5 millions d'actions existantes. Sa
répartition s'établit comme suit : 42 % en France,
18 % aux Etats-Unis et 40 % en Europe ;
- une offre à prix ouvert en France, réservée
aux
investisseurs individuels
. Cette offre, qui portait initialement sur
36 millions de titres, a en définitive été
étendue à 46,8 millions de titres, compte tenu de la forte
demande émanant de cette catégorie. Ces titres
supplémentaires ont été, comme prévu lors du
lancement de l'opération, prélevés sur le placement
global ; cette offre a été sursouscrite 5,6 fois.
Les actionnaires individuels de France Télécom, assurés
d'être soit intégralement servis, soit deux fois mieux servis
que les autres, ont activement participé à cette offre : ils
représentent près de la moitié des actionnaires
individuels de Wanadoo.
-
une offre réservée au personnel du groupe France
Télécom
, portant initialement sur 10 millions de titres,
a été étendue par France Télécom à
12 millions d'actions : plus de 80.000 membres du personnel ont
souscrit à cette offre, soit
un salarié sur deux.
Votre commission se félicite à nouveau du succès
rencontré auprès des personnels, comme lors de la première
et de la deuxième vente d'une tranche du capital de France
Télécom sur le marché.
La filialisation des activités mobiles et le rachat d'Orange
Le montage juridique et financier permettant le rachat de l'opérateur
mobile Orange par France Télécom se traduit notamment par :
la création d'une
nouvelle filiale
constituée en
regroupant Orange, Itinéris et les autres activités mobiles de
France Télécom à l'international,
dont une partie du
capital serait prochainement introduite en bourse
(début 2001).
D'une augmentation de capital de France Télécom
nécessaire aux transactions financières avec Mannesmann, qui
dilue la participation de l'Etat au capital de l'opérateur public,
pour la ramener à 54 %.