EXAMEN EN COMMISSION

Dans sa séance du mercredi 7 novembre 2001, la Commission des Affaires économiques a examiné le rapport pour avis de M. Jean Pépin sur les crédits consacrés à l'aménagement du territoire dans le projet de loi de finances pour 2002.

M. Gérard Larcher, président, a insisté sur la grande déception de tous ceux qui s'étaient mobilisés pour la relance d'une grande politique de l'aménagement du territoire au milieu des années 1990.

M. Michel Bécot s'est inquiété de la baisse de 26,4 % des crédits d'intervention du titre IV, avant de souligner que les carences de l'Etat obligeaient nombre de collectivités territoriales à devenir maîtres d'ouvrage sur le réseau routier national. Il a enfin déploré la réduction du zonage de la prime d'aménagement du territoire.

M. Patrick Lassourd a vivement dénoncé ce qu'il a appelé « l'opacité totale » de la politique gouvernementale d'aménagement du territoire. A titre d'exemple, il a cité la réforme du zonage de la « PAT » (qui conduit à proposer des « PAT tertiaire » à des zones rurales qui n'en ont nul besoin), l'instruction centralisée à la DATAR des demandes relatives aux fonds structurels européens, de même que la trop grande complexité administrative de la procédure des « pays ».

M. Gérard Delfau a lui aussi regretté la lenteur des délais d'instruction et de paiement des dossiers de demandes de primes. Après avoir estimé que la nouvelle structure que constitue le « pays » peinait à trouver son équilibre, il a déploré que, contrairement à la loi, les communes soient parfois évincées de la concertation devant déboucher sur la création de ces espaces de projets.

En réponse, M. Jean Pépin, rapporteur pour avis, a notamment apporté les précisions suivantes :

- seuls les crédits d'intervention issus du fonds national et de développement du territoire et affectés aux contrats de plan Etat-régions, enregistreront en 2002 une baisse de plus d'un quart ;

- la hausse des crédits « PAT » pour 2002 ne doit pas faire oublier que cette dotation avait connu une forte baisse en 2001 ;

- les difficultés que rencontre la politique d'aménagement du territoire sont sans doute dues au fait que le ministère qui traite ce grand dossier est aussi celui de l'environnement ;

- la France est le seul pays d'Europe où la distribution des fonds structurels européens passe par une structure d'instruction centralisée qui applique, au demeurant, des règles souvent « draconiennes » ; dans certains cas, la difficulté d'obtenir la dernière tranche d'un financement suscite une demande de remboursement de la totalité de la subvention accordée.

M. Jean-Marc Pastor a jugé excessives les critiques émises par le rapporteur pour avis sur la politique gouvernementale d'aménagement du territoire. Après avoir indiqué que la baisse apparente de certaines dotations s'expliquait souvent par des reports de crédits, il a indiqué que des contentieux judiciaires pouvaient retarder de nombreux projets, tels que les programmes routiers. Il a ensuite estimé que la procédure d'adoption des schémas de services collectifs s'était inscrite dans les procédures parlementaires habituelles de la Ve république.

Après avoir noté avec satisfaction la régionalisation de la gestion des dossiers relatifs au fonds européen, il a relevé qu'en région Midi-Pyrénées, vingt-trois avant-projets de « pays » avaient été approuvés par la dernière conférence régionale d'administration et de développement du territoire.

M. Gérard Bailly a fait observer que l'obtention des crédits issus des contrats de plan ou des fonds européens exigeait souvent des collectivités territoriales qu'elles souscrivent des « conventions d'objectifs » ou des « chartes de développements ». Il a insisté sur les difficultés rencontrées pour mettre en place les « conseils de développement » des « pays », ceux-ci constituant pas moins désormais un « passage obligé » pour les subventions.

Evoquant enfin le problème du financement des routes nationales, M. Gérard Bailly a estimé que l'Etat ne finançait plus qu'un pourcentage compris entre 25 et 40 % des dépenses.

M. Jean-Paul Emorine a jugé que les conseils généraux étaient insuffisamment informés de la nature et des conditions d'attribution des fonds structurels européens.

Après avoir observé que de très nombreux « périmètres d'études » de « pays » avaient d'ores et déjà été élaborés, il a considéré que les décisions sur le sujet devraient relever des structures intercommunales.

M. Gérard Larcher, président, a souligné que la « mécanique de blocage » concernant les « pays » avait d'emblée été identifiée au Sénat lors de l'examen de la loi du 25 juin 1999 d'aménagement et de développement durable du territoire.

Il a ensuite rappelé que la décision de ne pas soumettre les schémas de services au débat parlementaire avait été prise par la ministre en charge du dossier, suivie en cela par la majorité de l'Assemblée nationale. Il a, enfin, fait observer que la lenteur des procédures et des délais de paiement concernant les fonds européens pénalisait tout particulièrement les régions pauvres.

Après l'intervention de M. François Gerbaud qui a regretté que les conseils de développement des « pays » ne soient pas systématiquement présidés par un élu, M. Jean Pépin, rapporteur pour avis, a insisté sur le déficit de démocratie que constituait, à ses yeux, le fait, pour le Parlement, de devoir souvent statuer en urgence sur de grands sujets de société. Il a ensuite plaidé pour que tout le territoire français bénéficie, en ce qui concerne les différentes procédures d'aide, d'un égal traitement.

Sur la proposition de M. Jean Pépin, rapporteur pour avis, la Commission des Affaires économiques a décidé de donner un avis défavorable à l'adoption des crédits consacrés à l'aménagement du territoire dans le projet de loi de finances pour 2002, les groupes socialiste et communiste républicain et citoyen, ainsi que M. Gérard Delfau (RDSE) se prononçant, quant à eux, en faveur de cette adoption.

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