I. LES CRÉDITS DE LA SÉCURITÉ CIVILE POUR 2002

Les crédits budgétaires engagés par l'État au titre de la sécurité civile ne relèvent pas seulement du ministère de l'Intérieur. Certains crédits proviennent d'autres départements ministériels, comme, par exemple, ceux de l'Agriculture et de la Pêche (protection des forêts contre les incendies), de l'Équipement, du Transport et du Logement (sauvetage en mer) et du Budget annexe de l'aviation civile (sûreté des aéroports).

Pour 2002, le total des crédits de l'État s'élève à 462,76 millions d'euros (3.035,51 millions de francs) en dépenses ordinaires et crédits de paiement et 94,195 millions d'euros (617,88 millions de francs) en autorisations de programme. Les dépenses ordinaires et crédits de paiement au titre du ministère de l'Intérieur représentent 54 % des dépenses de l'État prévues pour la sécurité civile en 2002 .

A. PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES CRÉDITS

1. Une stabilisation

Après une forte progression en 2001, due à la dernière phase de professionnalisation des armées et à la mise en oeuvre du programme de renouvellement de la flotte aérienne, les crédits de la sécurité civile pour 2002 seront stabilisés.

L'évolution des crédits affectés à l'agrégat 12 « sécurité civile » du ministère de l'intérieur est retracée dans le tableau ci-après :

 

Crédits votés
pour 2001

Crédits demandés
pour 2002

Évolution
en %

Dépenses ordinaires (DO)
- Titre III : moyens des services
- Titre IV : interventions publiques
TOTAL DEPENSES ORDINAIRES


173,02
12,42
185,44


179,43
12,40
191,83


+ 3,7
- 0,16
+ 3,45

Dépenses en capital (CP)
- Titre V : investissements de l'État
- Titre VI : subventions d'investissement
TOTAL DEPENSES EN CAPITAL


59,25
-
59,25


57,32
-
57,32


- 3,26
-
- 3,26

TOTAL DO + CP

244,69

249,15

+ 1,82

Autorisations de programme (Titre V)

43,14

43,14

0

(en millions d'euros)

Les crédits de l'agrégat « sécurité civile » du ministère de l'Intérieur pour 2002 atteignent un montant total de 249,15 millions d'euros, soit 1.634,32 millions de francs en dépenses ordinaires et crédits de paiement, en progression de 1,82 % par rapport aux crédits votés dans la loi de finances pour 2001.

M. Daniel Vaillant, ministre de l'Intérieur, a indiqué à votre commission des Lois, au cours de son audition le 21 novembre 2001, que le dispositif de vigilance mis en place à la suite des attentats du 11 septembre 2001 conduirait le Gouvernement à proposer 32,32 millions d'euros (212 millions de francs) de crédits supplémentaires pour la direction de la défense et de la sécurité civiles dans le prochain projet de loi de finances rectificative.

En réponse à M. Jean-Jacques Hyest, il a indiqué que le plan Biotox était mis en oeuvre par le ministère de la Santé et qu'actuellement trente alertes étaient en moyenne réceptionnées quotidiennement, ce qui entraînerait une mise à l'étude de la prise en charge par l'État de certains frais de transport assurés à ce titre par les services départementaux d'incendie et de secours (SDIS).

Or le financement du plan Biotox est prévu par la loi de financement de la sécurité sociale pour 2002, en cours d'examen par le Parlement. L'essentiel du coût en sera supporté sous forme d'avance par la Caisse nationale d'assurance maladie, à hauteur de 200 millions d'euros (1,312 millions de francs).

2. Les crédits de personnel

Ces trois dernières années ont été marquées par une progression sensible de ces crédits en conséquence de la professionnalisation des armées, dont le processus s'est achevé en 2001.

Les crédits de personnel pour 2002 représenteront 82,55 millions d'euros (541,49 millions de francs), soit une progression de 2,5 %.

Les démineurs de la sécurité civile bénéficieront d'une nouvelle indemnité, dont la mise en oeuvre sera étalée sur les deux prochaines années (0,76 million d'euros en 2002, soit 5 millions de francs).

En 2002, les pilotes d'hélicoptères de la sécurité civile bénéficieront de la dernière tranche de programme triennal de revalorisation de leur régime indemnitaire (0,305 million d'euros, soit 2 millions de francs).

M. Daniel Vaillant, ministre de l'Intérieur, a précisé, en réponse à M. Jean-Jacques Hyest, à propos du projet de création d'une école nationale supérieure des officiers de sapeurs-pompiers que le choix du site, entre Dinan (Côtes d'Armor), Cambrai (Nord), Aix-en-Provence (Bouches du Rhône) et un autre lieu entre Lyon et Saint Etienne interviendrait avant la fin de l'année. Il a estimé à 61 millions d'euros (400 millions de francs) le coût d'un tel projet, dont 15,25 millions d'euros (100 millions de francs) pour le plateau technique.

3. Les crédits de fonctionnement

Ces crédits s'élèvent à 96,87 millions d'euros (635,43 millions de francs), en progression de 4,76 % par rapport à 2001.

Ils permettront, en particulier, la poursuite de la modernisation des matériels d'intervention pour le déminage (0,457 million  d'euros, soit 3 millions de francs) et des matériels de soutien pour les missions opérationnelles des unités militaires de sécurité civile (0,434 million d'euros, soit 2,85 millions de francs).

Les crédits destinés aux secours d'urgence aux victimes de calamités publiques restent stables à 0,159 million d'euros (1,043 million de francs), tout comme ceux destinés aux pensions et indemnités versées aux victimes d'accidents (9,96 millions d'euros, soit 65,33 millions de francs). Le ministre de l'Intérieur a précisé cependant que cette ligne budgétaire serait « abondée en tant que de besoin » en cours de gestion, à partir du budget des charges communes.

4. Les investissements

Les crédits d'investissement s'élèveront à 57,32 millions d'euros en 2002 (375,99 millions de francs), soit une baisse de 3,26 %.

Les dotations consacrées aux opérations immobilières (3,05 millions d'euros, soit 20 millions de francs) concerneront la deuxième tranche des travaux de mise en sécurisation du site de déminage de Vimy et à la poursuite des opérations d'aménagement des soutes à munitions des centres de déminage de Brest, Caen et Châlons en Champagne. Ils s'appliqueront aussi à la poursuite d'opérations immobilières dans les unités militaires de sécurité civile de Brignoles et de Nogent-le-Rotrou et à la restructuration de bases d'hélicoptères.

Pour la poursuite en 2002 du programme de modernisation de la flotte d'hélicoptères, sur lequel votre rapporteur reviendra plus loin, un crédit de 54,12 millions d'euros (355 millions de francs) a été prévu.

B. LES CARACTÉRISTIQUES PRINCIPALES DU BUDGET POUR 2002

1. La fin du plan de professionnalisation des armées

La suspension du service national a rendu nécessaire le remplacement des appelés du contingent servant dans les UIISC (unités militaires d'instruction et d'intervention de la sécurité civile) par des engagés et par des volontaires.

On rappellera que les trois unités militaires de sécurité civile, implantées à Nogent-le-Rotrou, Brignoles et Corte sont constituées d'hommes formés aux techniques de pointe pour le traitement des catastrophes naturelles, mobilisables en trois heures, et placés sous l'autorité opérationnelle du ministre de l'Intérieur.

Les unités de sécurité civile sont appelées à renforcer les moyens de secours territoriaux (150 hommes de l'unité de Nogent-le-Rotrou ont ainsi apporté leur concours lors des inondations du printemps dernier dans la Somme) ou à participer à des missions de secours à l'étranger.

Le remplacement des appelés du contingent servant dans les unités militaires de sécurité civile a fait l'objet d'un plan sur trois ans, qui vient de s'achever, pour lequel l'effort financier a été réparti de manière sensiblement égale sur les trois exercices correspondant.

Au 1 er janvier 1999, point de départ du processus, les unités de sécurité civile étaient composées de 1.636 militaires, dont 1.246 appelés du contingent et 390 professionnels.

Durant les trois derniers exercices, 1.100 emplois d'engagés et de volontaires ont été créés (368 en 2001), pour un montant total de 18,20 millions d'euros (119, 367 millions de francs).

Les 200 derniers appelés du contingent ont quitté les unités militaires de sécurité civile le 27 septembre 2001.

L'effectif total des trois unités est donc, à ce jour, constitué de 1.490 personnels militaires professionnels, les engagés et les volontaires étant en nombre sensiblement égal.

Le ministère de l'Intérieur a observé que les volontaires effectuaient un service qui ne dépassait généralement pas 24 mois, ce qui est susceptible de provoquer une certaine instabilité des effectifs.

La professionnalisation des armées s'achève également tant en ce qui concerne la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris (remplacement de 1.098 appelés) que le Bataillon des marins-pompiers de Marseille (500 appelés ont été remplacés), unités militaires territoriales dont la création est due à des raisons historiques.

La Brigade des sapeurs-pompiers de Paris, dont les dépenses sont supportées à concurrence de 25 % par l'État et 75 % par les collectivités territoriales concernées (Paris, départements et communes de la « petite couronne ») possède un effectif de 6.840 personnes protégeant 6.150.000 personnes sur 124 communes. Elle assure, outre ses missions territoriales, la protection du centre d'études spatiales de Kourou et des zones d'extraction et de traitement du gaz à Lacq.

Une augmentation sensible des interventions (+ 70 % depuis 1985, soit 430.000 sorties par an et 366.000 personnes soignées en urgence) ont conduit à la préparation d'un plan de modernisation des équipements, portant sur 6 années. D'un montant total de 73,08 millions d'euros (479,37 millions de francs), ce plan de modernisation comprend un renouvellement du matériel de la Brigade et la création de 750 emplois supplémentaires.

La participation de l'État aux dépenses de la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris s'élèvera, au total, à 60,5 millions d'euros en 2002, soit 396,85 millions de francs.

Quant au Bataillon des marins-pompiers de Marseille, qui compte 2.100 hommes, son budget annuel de 64 millions d'euros (419,81 millions de francs) est intégralement supporté par les collectivités territoriales concernées (ville de Marseille et communes environnantes).

Le Bataillon, placé sous l'autorité du maire de Marseille, assure la protection de cette ville, ses ports, son aéroport et de certaines communes proches. Les modalités de sa coopération avec le SDIS des Bouches-du-Rhône sont définies par convention.

2. La poursuite difficile du programme de renouvellement des aéronefs

La flotte aérienne de sécurité civile est composée de 61 appareils (28 avions et 33 hélicoptères).

Après plusieurs années de « pause », depuis l'achèvement du marché d'acquisition des Canadair CL 415 en 1997, le programme de renouvellement de la flotte aérienne a, cette année, enregistré un retard dans sa mise en oeuvre.

a) Les avions

Les onze avions bombardiers d'eau amphibies Canadair CL 415, acquis entre 1995 et 1997, sont utilisés principalement pour l'attaque directe des feux. Ils ont une capacité moyenne d'emport de 5.800 litres d'eau.

Les douze bombardiers d'eau Tracker sont utilisés principalement pour des missions de surveillance (le gué aérien) et de première intervention (capacité moyenne de 3.300 litres). Ces appareils, dont la fabrication remonte à 1960, ont fait l'objet d'un programme de rénovation (« remotorisation ») depuis 1986, destiné à accroître sensiblement leurs performances et à réduire les coûts de maintenance.

Toutefois, un appareil n'a pas été traité et devrait être retiré du service au plus tard en 2003.

Les deux bombardiers d'eu Fokker 27, également utilisés pour le gué aérien (capacité d'emport de 4.900 litres) ont une dizaine d'années d'ancienneté.

Cette flotte est complétée par trois avions de liaison et par un Hercule C 130, appareil de grande capacité (12.000 litres), loué chaque année pour la saison estivale.

La base des avions de la sécurité civile est située à Marignane.

b) Les hélicoptères

La vétusté de la flotte d'hélicoptères, composée de 25 « Alouette III, 3 « Dauphin » et 5 « Écureuil » (la plupart des appareils ont entre 20 et 30 années d'activité) a conduit à la conclusion d'un marché d'acquisition de 32 hélicoptères EC145 (BK 117 C2) le 23 juillet 1998.

La livraison des premiers appareils, initialement prévue pour le printemps 2000, puis en juin 2001, est maintenant annoncée pour décembre 2001, à raison de deux appareils.

Selon les informations fournies à votre rapporteur par le ministère de l'Intérieur, les quatre prochaines années verraient la livraison respectivement de 13, 7, 7 et 3 appareils, le programme devant donc être achevé en 2005.

Les crédits d'acquisition des moyens aériens s'élèvent à 20,3 millions d'euros en 2002 (133,16 millions de francs).

Les hélicoptères sont stationnés sur 20 bases, l'échelon de commandement du groupement d'hélicoptères de la sécurité civile étant situé à Nîmes.

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