2. Le secteur de l'exploitation : une mutation réussie

Le regain d'intérêt du public trouve à l'évidence son origine dans les efforts accomplis depuis le début des années 1990 par le secteur de l'exploitation pour assurer sa modernisation.

L'année 2001 consacre le dynamisme de ce secteur.

a) Un parc de salles en croissance

Les ouvertures de salles se poursuivent à un rythme soutenu, comparable à celui enregistré en 2000 : ainsi, en 2001, le nombre de salles actives progresse de 2,5 % pour atteindre 5 236.

Ce solde positif résulte de la fermeture provisoire ou définitive de 127 salles et de l'ouverture de 253 salles.

b) Les multiplexes : un modèle qui s'impose

En 2001, le dynamisme du secteur de l'exploitation est encore en grande partie imputable à la poursuite de l'expansion du parc des multiplexes.

En 2001, les multiplexes étaient à l'origine de la création de 155 des 253 nouveaux écrans et de 55 % des fermetures de salles : en effet, l'implantation de tels équipements s'accompagne souvent de transferts d'activité et donc de fermetures d'établissements existants.

Sur les 86 établissements créés en 2001, 16 sont des multiplexes, les autres étant à de très rares exceptions près des établissements ne comptant qu'un seul écran.

Cette mutation du secteur de l'exploitation ne remet pas en cause la répartition des salles sur le territoire, qui demeure harmonieuse. Certes, si les salles sont plus nombreuses dans les départements très urbanisés, le nombre de fauteuils pour 100 habitants est à peu près équivalent quelle que soit la taille des villes. A la différence des autres pays européens, les petites agglomérations et les communes rurales ne sont pas dépourvues d'équipements cinématographiques.

Cet équilibre ne devrait pas être remis en cause dans les années à venir dans la mesure où les nouvelles implantations de multiplexes ne concernent plus désormais en priorité les zones les plus densément peuplées, déjà équipées, mais des unités urbaines de moindre importance.

En 2001, les multiplexes qui regroupaient plus de 22 % des écrans représentaient 40 % des entrées réalisées dans les salles.

La poursuite de l'accroissement de la fréquentation, à laquelle les multiplexes ont contribué de manière déterminante, consacre la pertinence de la stratégie d'amélioration de l'offre qui a justifié les investissements des exploitants et permet de prévoir de nouvelles implantations, même si leur rythme devrait décroître.

En effet, on constate une nette diminution du nombre de dossiers examinés par les commissions départementales d'équipement cinématographique (CDEC).

1997

1998

1999

2000

2001

2002 1

Total

Nombre de demandes examinées en CDEC

15

29

80

41

17

3

185

(source : CNC)

Le multiplexe -dont il n'existe aucune définition législative, si ce n'est à travers le nombre de fauteuils que comptent les établissements de spectacle cinématographique- est devenu un modèle dominant, dont les caractéristiques ont vocation à se diversifier. Cela apparaît au demeurant comme la conséquence logique de la banalisation opérée par l'abaissement du seuil prévu par la loi.

On relèvera à cet égard que sur les seize multiplexes ouverts en 2001, quatre d'entre eux appartiennent à des exploitants indépendants. Dans ce cadre, on peut s'interroger sur la pertinence des contraintes qui pèsent sur ce type d'équipements, en particulier en matière de programmation.

On se trouve donc dans la situation paradoxale de disposer d'un instrument de régulation qui a largement manqué sa cible, à savoir les plus grands complexes, ces derniers ayant en effet, pour nombre d'entre eux, été créés avant son entrée en vigueur, et qui impose des obligations très contraignantes à des établissements de taille moyenne -au regard des nouveaux chiffres de la fréquentation- qui se transforment en multiplexes pour survivre.

La généralisation des multiplexes a pour l'heure permis d'engager la modernisation du parc de salles, modernisation qui a été couronnée de succès. Le CNC reconnaît à nouveau dans son bilan pour 2001 que « l'augmentation du nombre d'entrées s'inscrit dans le contexte de progression continue amorcée en 1995, notamment grâce au développement des multiplexes », soulignant que « la modernisation incessante du parc de salles permet en outre d'amplifier le succès des films ».

La modernisation du secteur de l'exploitation, et votre rapporteur s'en félicitera, ne concerne pas seulement les multiplexes mais a touché l'ensemble du parc de salles. En effet, en 2001, la création de salles hors multiplexes a représenté près de 40 % du nombre total d'ouvertures de salles.

La création de nouvelles salles dans les villes petites et moyennes devrait se poursuivre à un rythme soutenu en partie grâce aux actions incitatives de l'Etat : en 2002, le CNC a octroyé des aides à la création de salles à 22 projets (85 écrans). Conjuguées à la réforme du soutien automatique à l'exploitation qui en a accru l'effet redistributif, ces aides jouent un rôle décisif dans le maintien et le développement de l'exploitation indépendante.

On rappellera que le soutien sélectif à l'exploitation se compose d'une aide au fonctionnement accordée en pratique aux salles classées « art et essai » et d'une aide à l'investissement destinée à la création et à la modernisation des salles de cinéma situées dans des zones insuffisamment desservies.

S'agissant de la première de ces aides, la réforme du classement « art et essai » et de la prime d'encouragement à l'animation est entrée en vigueur en 2002. La prime d'encouragement à l'animation était destinée aux salles qui ne pouvaient accéder au classement « art et essai », mais qui proposaient une programmation comportant au minimum 20 % de séances consacrées aux films « art et essai ». Ces primes étaient réservées aux établissements situés dans les villes de moins de 70 000 habitants. La réforme du classement « art et essai » a permis d'y intégrer ces établissements et donc de supprimer la procédure de prime d'encouragement à l'animation, simplifiant ainsi les démarches des exploitants.

Dans un contexte général d'augmentation des coûts, on notera que l'aide sélective à l'investissement soutient un nombre de plus en plus important de projets relativement onéreux, notamment par le biais de l'aide sélective déplafonnée destinée aux exploitants implantés dans des villes moyennes réalisant un investissement de type multiplexe en centre ville. Ainsi, 27,5 % des opérations soutenues représentent 67,5 % du montant total des subventions.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page