D. LA NÉCESSAIRE RÉDUCTION DES SORTIES PRÉCOCES OU SANS QUALIFICATION DE L'ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL

1. Les abandons d'études et l'absentéisme des lycéens professionnels

a) Les abandons en cours d'études

D'après les informations fournies à votre rapporteur, résultant des enquêtes sur l'emploi de l'INSEE pour 2000, les abandons en cours de préparation aux CAP et BEP, c'est-à-dire avant l'année de l'examen, représentent près de la moitié des sortants « sans qualification » des niveaux de formation VI et V bis, soit quelque 28 000 élèves.

Certains jeunes concernés par ces abandons précoces d'études étant apprentis ou élèves des lycées agricoles, le ministère de l'éducation nationale n'est cependant pas en mesure de les distinguer des lycéens professionnels avec une fiabilité satisfaisante.

b) L'absentéisme en lycée professionnel

Depuis plusieurs années, le ministère recense les élèves des premières années d'enseignement professionnel des établissements publics deux fois par an : à la mi-septembre, comme l'ensemble de la population scolaire, et en mars qui suit la rentrée. Dans ces formations, les effectifs varient sensiblement en cours d'année : depuis la rentrée 1999, les premières années de CAP, BEP et baccalauréat professionnel voient leurs effectifs se réduire d'environ 3 % au cours des six premiers mois de l'année scolaire, cette réduction atteignant 4 % et plus en première professionnelle.

Plusieurs éléments sont avancés pour expliquer ces variations :

- les départs en cours d'année vers un autre système de formation (essentiellement l'apprentissage, marginalement les établissements privés ou agricoles) ou vers le marché du travail : la reprise de l'emploi du début de l'année 2000 a ainsi vraisemblablement contribué à aggraver les sorties en cours d'année des élèves, notamment des jeunes inscrits en baccalauréat professionnel ;

- l'orientation dès le début de l'année scolaire, vers d'autres systèmes de formation, vers le marché du travail ou vers les actions spécifiques de la MIGEN qui sont mises en place dans les établissements avec un calendrier quelque peu différé par rapport à la rentrée. Certains élèves ne rejoignent jamais l'établissement dans lequel ils ont été affectés au terme des procédures d'orientation et empruntent une autre voie dès le mois de septembre. Les établissements recensent ainsi en septembre des élèves inscrits plutôt que des élèves présents et surestiment le nombre d'élèves réellement scolarisés.

ÉVOLUTION EN COURS D'ANNÉE DES EFFECTIFS DES PREMIÈRES ANNÉES D'ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL

Année scolaire 1998-1999

Année scolaire 1999-2000

Année scolaire 2000-2001

Année scolaire
2001-2002

Variation septembre/mars

Variation septembre/mars

Variation septembre/mars

Septembre 2001

Mars 2002
variation

1 re année de formation en

en effectif

en  %

en effectif

en  %

en effectif

en  %

en effectif

en effectif

en  %

CAP - BEP

- 3 230

- 1,5

- 4 373

- 2,1

- 4 449

- 2,3

199 512

- 4 699

- 2,4

Bac Pro

- 1 904

- 2,8

- 2 728

- 3,9

- 3 084

- 4,5

67 060

- 2 866

- 4,3

Ensemble

- 5 134

- 1,8

- 7 101

- 2,6

- 7 533

- 2,9

266 572

- 7 565

- 2,8

Source : DPD

Une enquête ponctuelle effectuée en février 2001 sur la réalité des effectifs dans les 119 établissements d'enseignement professionnel de l'académie de Créteil montrait que les élèves inscrits n'occupaient que 84,5 % des places d'accueil et que l'absentéisme touchait 12,5 % des élèves.

Une étude qualitative menée dans l'académie de Versailles et dans certains de ses établissements établit une typologie des causes réelles de l'absentéisme :

- l'absentéisme « perlé » (absences répétées en nombre et en fréquence compatibles avec le niveau critique « d'acceptabilité » par les structures de suivi dans l'établissement) ;

- l'absentéisme « stratégique » (absences répétées pour certains cours réputés sans intérêt ou présentant une absence de suivi individuel) ;

- l'absentéisme en relation avec un contrat de travail temporaire compatible ou non avec l'horaire des cours.

Afin de réduire ces phénomènes d'absentéisme et de sorties précoces en lycée professionnel, le rapport Chassaing-Séré de l'inspection générale formule plusieurs recommandations en matière de suivi et d'encadrement des élèves :

- institutionnaliser le principe du « partenariat éducatif » pour tout élève entrant au lycée professionnel (prise en charge par un adulte référent -enseignant ou maître de stage-, bilan de compétences, tutorat dans la formation et dans les premières expériences professionnelles) ;

- renforcer le pilotage académique destiné aux publics en difficulté, dans la perspective d'une alternance contractualisée avec l'élève entre la formation et l'emploi salarié ;

- développer les chartes école/entreprise pour encourager les jeunes à poursuivre leur scolarité.

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