II. L'EXCÉDENT COMMERCIAL FRANÇAIS : UNE PEAU DE CHAGRIN ?

A. UN COMMERCE EUROPÉEN EN QUASI-STAGNATION

Le commerce de l'Europe occidentale a été influencé principalement par deux facteurs : la faible croissance économique de la zone et l'appréciation de l'euro face au dollar. Comme cette région est celle qui fait le plus de commerce au monde, les résultats médiocres de l'économie européenne, imputables au repli de l'investissement et à la grande prudence de la consommation, ont contribué à retarder la reprise mondiale. La croissance de son PIB (0,4 % en 2003 dans la zone euro) est restée inférieure à celle déjà décevante de 2002 (0,8 % dans la même zone), alors que toutes les autres régions ont enregistré une croissance plus forte que celle de l'année précédente (3,1 % de croissance aux Etats-Unis, 2,2 % de croissance au Japon). La croissance réelle du commerce de l'Europe occidentale a été la plus faible de toutes les régions .

L'excédent commercial de la zone euro est revenu à 68 milliards en 2003, après 92 milliards en 2002, le repli des exportations (- 4 %) l'ayant emporté sur le repli des importations (- 1 %).

B. UN EXCÉDENT COMMERCIAL FRANÇAIS EN BAISSE

1. Les exportations françaises en net recul

En 2003, les exportations de biens et de services ont reculé de 3 % et les importations 2 ( * ) de 2,1 %, ce qui a entraîné une réduction de l'excédent commercial français de 7,3 Md€ à 4 Md€ . L'amenuisement de l'excédent, ainsi que les cinq déficits mensuels déjà enregistrés sur les huit premiers mois de 2004 3 ( * ) , pourraient annoncer le retour en 2004 d'un déficit extérieur, comme la France n'en a plus connu depuis 1992.

Seules les exportations automobiles ont augmenté en 2003 , de 2 %, ce qui reste médiocre, rapporté au doublement des exportations qu'a connu ce marché depuis 1995. En revanche, celles de biens d'équipement ont accusé un net recul de - 7,3 %. Si la baisse des échanges affecte plus particulièrement les biens d'équipement, c'est en raison du repli de l'investissement productif en Allemagne, notre principal partenaire économique, ainsi qu'en Italie. Les exportations de biens intermédiaires 4 ( * ) et de biens de consommation se sont également contractées, diminuant respectivement de 3,2 % et de 2,6 %.

Une analyse sectorielle plus fine atteste qu'outre l'automobile, la construction navale, la pharmacie et les cosmétiques 5 ( * ) ont réalisé de bonnes performances à l'export, malgré l'appréciation de l'euro.

Les échanges de produits agroalimentaires sont restés quasiment stables, avec des ventes de boissons en très léger retrait.

Enfin, le renchérissement de nos importations de produits énergétiques -pourtant compensé par l'appréciation de l'euro- conduit à une augmentation de 1,4 milliard d'euros de notre facture énergétique qui s'établit en 2003 à 22,8 Md€.

Ce recul de notre commerce extérieur est essentiellement conjoncturel : il reflète principalement la faible croissance, en 2003, de l'Union européenne, qui absorbe traditionnellement près de 70 % de nos exportations, et l'atonie de l'investissement mondial qui a pesé sur nos exportations de biens d'équipement. Même le dynamisme des importations asiatiques a peu profité à la France, en raison de la moindre présence de nos produits sur ces marchés.

Ainsi, les exportations françaises en direction de l'Union européenne ont reculé de 2,3 %. En raison de l'effet de change, les exportations françaises vers les États-Unis ont également plongé, accusant une baisse de 15,7 %, baisse qui a été presque symétrique, et même légèrement plus accentuée, pour nos importations en provenance des États-Unis (- 19,2 %).

En revanche, nos exportations vers les PECO et vers l'Asie se sont mieux portées, les premières augmentant de 4,3 %, les secondes de 0,9 %. Notamment, nos exportations vers la Chine ont crû de 32 %, particulièrement grâce aux ventes de produits automobiles et à l'aéronautique, nos importations ne s'accroissant dans le même temps que de 16 % et consistant en biens de consommation et en équipement informatique. Il s'agit d'un signe encourageant, même si cette forte progression doit malheureusement être rapportée à la faiblesse de la présence des produits français en Chine et qu'au terme de l'année 2003, la France représente toujours la même part dans les importations chinoises.

Au 1er semestre 2004, la demande mondiale adressée à la France accélère (3,2 % contre 2,7 % au semestre précédent) en raison de la reprise de l'activité en Europe et du dynamisme des importations américaines. Les entreprises françaises ont été très réactives à cette hausse de la demande mondiale adressée à la France puisque les exportations françaises de biens augmentent au même rythme (3,1 % au 1er semestre 2004 contre 2,8 % au 2ème semestre 2003).

* 2 Repli qui s'explique par la faiblesse de la demande intérieure (tassement de la consommation des ménages, stagnation de l'investissement productif réduisant les achats de biens d'équipement à l'étranger).

* 3 Qui, en cumulé, représentent un déficit commercial de 2,5 Md€, contre un excédent de 162 millions sur la même période en 2003.

* 4 Notamment, les ventes de produits de l'industrie textile baissent de 7,2  % (les importations de ces produits reculant également de 6,5  %). Ce secteur sera bouleversé dès le 1 er janvier prochain par la fin du système des quotas textiles en vigueur depuis plus de quarante ans, qui devrait conduire la Chine à accroître de plus de 50 % sa part de marché en Europe (à 29 %) et à tripler sa part de marché aux Etats-Unis (à 50 %). Le 13 octobre 2004, la Commission européenne a annoncé plusieurs mesures destinées à accompagner la transition des industries textiles européennes ainsi que des pays en développement vers un commerce sans quotas. Notamment, une surveillance des importations de Chine et d'Inde sera mise en place afin de faire jouer, éventuellement, la procédure antidumping et les clauses de sauvegarde.

* 5 Progression des ventes de produits pharmaceutiques et de parfumerie de 1,8  % en 2003.

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