C. SITUATION DE L'ALLIANCE FRANÇAISE DE PARIS

L'Alliance Française de Paris connaît des difficultés dans ses deux composantes : l'école de langue et la structure centrale de coordination des alliances puisque, normalement, les produits de la première contribuent au financement de la seconde. Ces difficultés sont donc liées.

• L'école de langue

En 2003, l'école de langue avait totalisé près de 13 000 étudiants pour des cours dispensés par 150 professeurs. 3 500 entrées avaient été relevées au Centre multimédia. La guerre en Irak et l'épidémie de SRAS ont valu à l'école la même baisse de fréquentation que celle des institutions culturelles et touristiques qui dépendent d'une clientèle étrangère (monuments, musées....) Par ailleurs, l'école, dont les coûts salariaux sont très élevés, est confrontée à une concurrence avivée. Ce ne sont pas les cours de français langue étrangère qui manquent sur la place de Paris où près de 115 écoles offrent leurs services. Les tentatives de négociations entre la direction de l'Alliance et les syndicats du personnel se sont soldées par un échec au printemps dernier. Les propositions de la direction ont été rejetées par un référendum interne. L'Alliance française de Paris, qui connaît de graves difficultés financières, a dû procéder à 6 licenciements économiques.

• La structure centrale de coordination des Alliances

L'Alliance française de Paris a connu plusieurs crises financières graves. Celle de 1981 qui n'a été conjurée que grâce à un fort concours des pouvoirs publics, celle de 1988, au cours de laquelle le passif a été apuré par la vente de terrains situés rue de Fleurus, celle de 1995 où l'Alliance Française a été sauvée par le plan Robien, grâce auquel elle a été exonérée d'une partie de ses charges sociales pendant 8 ans. La situation financière est à nouveau très préoccupante en 2004.

L'Alliance Française de Paris est six fois moins subventionnée que la Société d'encouragement pour l'amélioration des races de chevaux de galop en France et trois fois moins que la Fédération de canoë-kayak. Les choix de l'Etat en faveur de la diffusion de la langue et de la culture française se manifestent avec éclat dans une telle comparaison ! Le coût actuel de la gestion du réseau est de 1,068 M€. Il couvre un encadrement très réduit, des missions rares, de faibles possibilités pour les expertises demandées par les Alliances afin d'améliorer leur gestion, la qualité de leurs cours et la formation de leurs enseignants.

Puisque l'Etat compte sur l'Alliance Française pour compenser la réduction de son réseau culturel à l'étranger, il devrait en bonne logique lui accorder l'autonomie, les personnels d'encadrement et les subventions modiques qui lui sont indispensables.

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Les deux réseaux culturels, celui des Instituts et Centres culturels et celui de l'Alliance française, enregistrent au total les mêmes réussites en matière d'organisation d'événements culturels français et de diffusion de la langue. Les moyens financiers font la différence. Animateurs et méthodes se ressemblent quel que soit le réseau. Mais les conséquences perverses de l'application d'une directive européenne qui visait à protéger les personnels contractuels sont actuellement un facteur d'affaiblissement pour les deux réseaux. Dorénavant, l'Etat doit intégrer dans la fonction publique les contractuels qu'il engage pour de longues durées. Pour ne pas être soumis à cette obligation, le ministre des Affaires étrangères ne recrute plus de contractuels, non fonctionnaires par définition ou bien ils ne bénéficient que d'un contrat de 4 ans non renouvelable. Il en résulte une perte de substance pour les réseaux et pour la DGCID. Seuls des diplomates ou des enseignants, dont ce n'est pas le métier -même si certains apprennent et deviennent talentueux- gèrent et animent l'action culturelle de la France à l'étranger. Les spécialistes de l'action culturelle, formés à ce métier et qui ont acquis de l'expérience en sont exclus. Ce n'est pas de bonne politique.

C'est un exemple supplémentaire de ce travers du ministère des Affaires étrangères qui consiste à gérer les ressources humaines sans prendre la notion de métier en considération. Non, n'importe qui n'est pas capable de réussir n'importe quoi et n'importe où. Il faudrait que les réseaux culturels aient suffisamment d'autonomie pour bénéficier des personnels spécialisés et auxquels une véritable carrière d'animateur culturel à l'étranger soit proposée.

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