b) Une crise du logement aïgue

Dans ce contexte de pénurie de logements locatifs sociaux, on a assisté à une envolée des loyers privés, ressentie à compter de 2002, dans le parc social.

Cette évolution est particulièrement visible en Ile-de-France où les loyers ont crû en moyenne de 3,6 % en 2003, après une hausse de 3,9 % en 2001 et de 4,9 % en 2002. Cette augmentation demeure, pour la cinquième année consécutive, supérieure à l'indice des prix à la consommation (1,7 %). En 2003, d'après l'observatoire des loyers de l'agglomération parisienne (OLAP), les loyers coûtaient 17,50 euros le mètre carré dans Paris intra muros , 13,20 euros dans la petite couronne et 11,30 euros dans les communes plus éloignées.

Évolution des loyers moyens

(en %)

 

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

Indice général des loyers

2,7

2,5

1,6

1,6

2,2

1,3

1,2

1,7

3,0

2,6

Secteur libre

2,0

2,1

1,1

1,3

2,1

1,2

1,4

2,3

3,0

2,4

HLM

3,6

3,0

2,7

2,1

2,2

1,4

0,4

0,7

2,9

3,0

Indice des prix à la consommation

1,7

2,0

1,8

0,5

0,2

1,6

1,2

2,2

2,0

2,0

Source : INSEE

Dans le même temps, le prix d'achat de l'immobilier a augmenté de près de 50 % en trois ans et doublé depuis 1997, rendant impossible l'accès à la propriété pour un nombre toujours plus important de ménages.

Encore une fois, c'est à Paris et dans sa proche banlieue que le phénomène est le plus accentué. Les prix de vente dans l'ancien y ont progressé au premier semestre 2004 de 3,1 à 3,8 % selon les départements par rapport au trimestre précédent. Cette évolution s'explique par la forte pression de la demande des ménages franciliens, qui ont anticipé une remontée des taux d'intérêt et, plus généralement, par une situation économique instable, qui incite les ménages qui le peuvent à investir dans la pierre.

De fait, les situations de « mal-logement » se sont multipliées : en témoigne l'allongement des listes d'attente aux portes des hébergements temporaires, qui rassemblent désormais, au-delà du public traditionnel des sans-abri, de plus en plus de travailleurs pauvres (les working poors ) disposant de contrats de travail courts, exécutés en horaires décalés ou à temps très partiel.

En outre, on observe le développement d'un « parc social de fait » dans le parc privé , qui joue un rôle d'appoint important pour le logement des ménages modestes, en particulier des jeunes et des personnes isolées incapables d'accéder à la propriété et qui n'obtiennent pas de réponse positive des organismes HLM, compte tenu de la pénurie actuelle de logements sociaux.

Cette évolution a notamment été mise en lumière par l'observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale, qui indique dans son dernier rapport 1 ( * ) :

« Le contexte actuel de la situation du logement, qualifié de « crise » par de nombreux acteurs, a des conséquences préoccupantes sur la situation des plus pauvres. Le nombre des « mal-logés » atteint, selon les estimations extraites du recensement général de 1999, environ trois millions de personnes, le « mal-logement » rassemblant ici les situations d'inconfort et de surpeuplement.

« (...) Ainsi, les logements des ménages pauvres propriétaires sont souvent vétustes : 11 % d'entre eux n'ont pas l'ensemble des équipements sanitaires et 30 % n'ont pas de chauffage central (ces taux étant de 1,5 et 7 % chez les autres ménages propriétaires). D'autre part, 6 % des logements du secteur locatif privé ne disposent pas de l'ensemble des équipements de confort.

« (...) La part des ménages pauvres vivant dans un logement considéré en surpeuplement n'a pratiquement pas évolué entre 1988 et 2002 et reste à 20 % ».

* 1 Rapport 2003-2004. La documentation française.

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