B. UN RÉSEAU EN PANNE DE RÉFORMES

Pour exercer au mieux ces missions fondamentales le réseau doit être modernisé et redynamisé. En dépit de la publication du plan d'orientation stratégique en août 2003 par le ministère des affaires étrangères et de l'entrée en application de la nouvelle loi organique relative aux lois de finances, force est de constater que le réseau semble toujours être en panne de réforme.

1. Rationaliser la carte de nos implantations culturelles

Bien que la rationalisation du réseau fasse partie des priorités du Quai d'Orsay, votre rapporteur constate que les réalisations demeurent modestes et procèdent plus de circonstances locales que d'un redéploiement planifié et raisonné.

Dans un premier temps (1998-1999), le Quai d'Orsay a effectivement procédé au regroupement d'établissements de moyenne dimension et géographiquement proches (cas du Maroc) et a accordé à titre expérimental (sans qu'il soit donné suite à cette expérience), l'autonomie financière à un certain nombre de services de coopération et d'action culturelle, rebaptisés pour l'occasion « centres culturels et de coopération linguistique » (CCL).

Dans un second temps (depuis 2000), le ministère a ouvert des établissements dans des pays où l'actualité politique le rendait souhaitable (Tbilissi, Kaboul, Sarajevo...) et a procédé à la fermeture de certains centres situés en Europe. Conformément à la proposition faite en 1998 par l'Inspection générale des affaires étrangères et l'Inspection générale des finances, la réduction du nombre de centres situés en Allemagne (pour mémoire, la mission commune des deux inspections proposait de passer de 24 à 11 établissements) a été entreprise. A l'image de la situation constatée à Erfurt, où l'institut a été remplacé par un chargé de mission placé auprès du ministre-président du Land de Thuringe, 9 établissements ont d'ores et déjà été remplacés par des formules de substitution.

Depuis peu, le ministère s'attache à réduire les situations de « redondance » 23 ( * ) : dans certaines villes coexistent en effet une Alliance française bénéficiant de personnels détachés et un établissement à autonomie financière. Le ministère a précisé que cette démarche de rationalisation peut être mise en oeuvre au profit du centre ou de l'institut culturel (Lisbonne), aussi bien que de l'Alliance française (Nairobi, Gênes).

2. Moderniser les établissements

Tout en faisant évoluer la carte du réseau, le ministère des affaires étrangères tente également de moderniser ses établissements afin d'améliorer leurs performances et l'offre de services qu'ils proposent.

A cet effet, la politique de modernisation des médiathèques et des centres de ressources est poursuivie dans le cadre d'un plan pluriannuel intitulé Plan Médiathèques, doté en 2005 de 1,6 million d'euros : 1 million d'euros pour le programme « solidarité à l'égard des pays en développement ».

De même, la promotion du débat d'idées à la française, à travers l'organisation dans les établissements culturels de conférences et de tables rondes associant experts français et étrangers, sera soutenue à travers le « fonds d'Alembert », doté en 2005 de 285 000 euros.

La diffusion du cinéma français dans les établissements culturels sera, quant à elle, facilitée au terme d'un accord passé avec l'association « le meilleur du cinéma français », grâce à la diffusion numérique d'un important catalogue de films français récents dont les droits ont été préalablement acquis.

Surtout, un plan de professionnalisation des responsables des écoles de langue a été adopté, afin de leur donner les moyens d'attirer de nouveaux publics vers l'apprentissage du français : des formations aux techniques du marketing seront ainsi proposées aux directeurs, des cours et des stages seront offerts au sein des établissements à des étudiants issus des écoles de commerce.

3. Promouvoir la création de centres culturels européens

Alors que les réseaux culturels de nos partenaires européens connaissent ces dernières années d'importantes difficultés financières, votre rapporteur estime qu'il est peut être temps d'associer les efforts de chacun afin d'installer, dans quelques pays tiers judicieusement choisis, des instituts culturels représentant tous ou quelques uns seulement des États membres de l'Union.

La mise en oeuvre d'une telle idée ne va pas de soi. En 1995, une première initiative visant à regrouper tous les instituts culturels de Bruxelles dans un lieu commun fut ainsi un échec retentissant : bien que la coopération entre les différents directeurs de centres se soit, dans un premier temps, montrée fructueuse, aucun d'entre eux n'a finalement accepté de signer la « Déclaration d'intention en vue de la création d'une Maison européenne de la Culture » destinée à concrétiser les liens ainsi établis.

Dans ces conditions, votre rapporteur estime que l'implantation d'une telle structure dans un pays tiers permettrait de dépassionner quelque peu le débat et de valoriser l'image de l'Union européenne en faisant apparaître la diversité culturelle de ses membres. Un tel rapprochement a d'ailleurs été récemment effectué avec nos partenaires allemands : un fonds de 500 000 euros a ainsi été attribué à des projets communs de co-localisation d'établissements culturels à Ramallah et à Palerme.

* 23 Proposition n° 96 du plan d'action stratégique.

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