C. L'AVANCEMENT DES PROGRAMMES NUCLÉAIRES

1. La composante océanique

La Force océanique stratégique achèvera en 2010 sa transition vers un format constitué de quatre sous-marins nucléaires lanceurs d'engins de nouvelle génération (SNLE-NG) 5 ( * ) .

Le 6 ème et dernier sous-marin de la série « Redoutable », l'Inflexible, a été retiré du service en janvier 2008 et devra être démantelé.

Les essais à la mer du 4 ème SNLE NG, le Terrible , ont démarré au mois de janvier 2009, pour une admission au service actif en 2010 .

L'année 2010 sera également celle de l' entrée en service du nouveau missile balistique M 51 , dont le Terrible sera directement équipé. Le M 51 est un missile à tête multiple, de portée intercontinentale. Plus gros que son prédécesseur, le M 45, il dispose d'une capacité d'emport supérieure et adaptable, donc d'une meilleure portée. Trois lots de 16 missiles ont été commandés, dont le dernier cette année.

Les trois premiers tirs d'essai du M51 ont été effectués avec succès, le tir de synthèse, réalisé à la mer, étant prévu pour décembre 2009.

Deux grands chantiers restent ouverts pour la composante océanique.

D'une part, les trois premiers SNLE-NG feront l'objet de travaux d'adaptation pour recevoir le M 51 . Cette opération sera réalisée au cours des périodes d'entretien des sous-marins, d'ici la fin de l'actuelle loi de programmation pour deux d'entre eux et après 2015 pour le troisième. La réalisation de la première adaptation, pour le Vigilant, fera l'objet d'une commande en 2010. L'adaptation au M 51 devrait être achevée, pour l'ensemble des bâtiments, en 2018.

D'autre part, la direction des applications militaires du CEA réalisera la nouvelle tête nucléaire océanique - TNO - destinée à équiper, à compter de 2015, le missile M 51. En effet, si le missile M 51 sera doté, dans un premier temps, de la tête nucléaire TN 75 actuellement en service (version M 51.1), il a été conçu pour emporter la future tête nucléaire océanique élaborée à partir du concept de « charges robustes », validé lors de la dernière campagne d'essais dans le Pacifique. La garantie de fonctionnement de cette tête nucléaire sera garantie par la simulation. Les travaux de développement de la version M 51.2 , équipée de la TNO ainsi que de nouvelles aides à la pénétration plus performantes, doivent être lancés à la mi-2010.

Les dotations relatives à la composante océanique, incluant la TNO, représenteront environ la moitié de l'ensemble des dépenses consacrées à la fonction « dissuasion » sur la période de programmation.

2. La composante aéroportée

La composante aéroportée , dont le rôle dans la stratégie de dissuasion a été conforté mais le format réduit, aura accompli en 2010 un jalon essentiel de son renouvellement avec l'entrée en service du missile air-sol moyenne portée amélioré (ASMP/A) sur le Rafale.

Le missile ASMP/A dispose d'une portée et d'une capacité de pénétration des défenses nettement supérieures à celles de l'ASMP. Il est équipé de la nouvelle tête nucléaire aéroportée (TNA) , conçue à partir du concept de charge « robuste » et garantie par la simulation.

L'ASMP/A vient d'être mis en service sur un escadron de Mirage 2000-N portés au standard K3 à Istres. Il équipera au début de l'année 2010 le Rafale Marine (standard F3) embarqué sur le porte-avions. Enfin, l'ASMP/A entrera en service sur le Rafale dans les forces aériennes stratégiques à l'été 2010.

La décision, annoncée par le Président de la République, le 21 mars 2008, de réduire d'un tiers de format de la composante aéroportée, a conduit à renoncer à la commande de la mise au standard K3 d'un 2 ème escadron de Mirage 2000-N et la commande d'un 3 ème lot de missiles ASMP/A.

Les forces aériennes stratégiques ne comporteront plus que deux escadrons. Après la constitution d'un escadron Rafale doté de l'ASMP/A à compter de l'été 2010, la dernière étape sera le remplacement de l'escadron Mirage 2000-N par la Rafale à compter de 2018.

Les dotations relatives à la composante aéroportée représenteront environ le dixième des dépenses consacrées à la fonction « dissuasion » sur la période de programmation.

3. Le programme de simulation

La simulation doit fournir les moyens de garantir la fiabilité et la sûreté des armes nucléaires en l'absence d'essais en vraie grandeur. Elle permettra d' évaluer les conséquences du vieillissement des charges sur les armes actuelles et de valider les futures têtes nucléaires dotées de charges « robustes » , en vérifiant que leurs caractéristiques sont compatibles avec les modèles définis à la suite de la dernière campagne d'essais. Enfin, à plus long terme, la simulation fournira aux concepteurs n'ayant pas été confrontée aux essais des calculateurs et des moyens expérimentaux leur permettant de confronter leurs calculs à l'expérience.

Le programme simulation implique un développement considérable de la capacité de calcul de la direction des applications militaires du CEA et s'appuie sur deux grands équipements expérimentaux : la machine radiographique Airix, destinée à l'étude du fonctionnement non nucléaire des armes, et le laser mégajoule, destiné à l'étude du domaine thermonucléaire.

L'augmentation des moyens de calcul se poursuit dans le cadre du projet Tera . La machine Tera 100, dont la capacité de calcul sera 200 fois supérieure à la première machine entrée en service en 2002, doit être livrée en 2010, pour une mise en service en 2011.

S'agissant des moyens expérimentaux, des développements sont envisagés pour améliorer la performance de la machine radiographique Airix .

L'échéance de mise en service du laser mégajoule a quant à elle été repoussée de deux ans, de fin 2012 à fin 2014. Le calendrier du programme répond à la nécessité d'assurer le relais de transmission des savoirs entre les concepteurs ayant connu les essais en vraie grandeur et leurs successeurs qui devront être capables de garantir la validation des têtes nucléaires sans essai. Le recul de l'âge de départ en retraite a redonné des marges à ce calendrier, le report de l'échéance de mise en service permettant de réduire le besoin financier sur la période de programmation. Ainsi que votre commission l'a constaté lors d'un déplacement sur le chantier du laser, au Barp, les premiers résultats obtenus, notamment depuis la mise en service en 2004 du prototype que constitue la ligne d'intégration laser (LIL), ont permis de réduire les provisions pour risque du programme, les performances de puissance autorisant de réduire le nombre de faisceaux par rapport aux 240 initialement prévus.

L'ensemble du programme de simulation représente un coût global de 6,6 milliards d'euros 2009. D'après les informations fournies à vos rapporteurs, le coût de fonctionnement des moyens de la simulation représentera moins de la moitié de celui des essais en grandeur réelle réalisés au Centre d'expérimentation du Pacifique.

Enfin, comme votre commission l'a déjà souligné, les grands équipements liés à la simulation, c'est-à-dire le laser mégajoule et les moyens informatiques du CEA, seront ouverts à la communauté scientifique civile. Un Institut laser et plasmas a notamment été créé en Aquitaine en 2002 pour favoriser l'accès de la communauté civile à l'ensemble des moyens lasers du CEA.

* 5 Le Triomphant, admis au service actif en 1997, le Téméraire, en 1999, le Vigilant, en 2004, et le Terrible en 2010.

Page mise à jour le

Partager cette page