3. Les enseignements à tirer des comparaisons internationales

La France participe depuis l'année 2000 au programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) piloté par l'OCDE qui porte sur la compréhension de l'écrit, la culture mathématique et la culture scientifique des élèves de quinze ans. En France, ces élèves sont principalement scolarisés au collège en classe de 3 e ou au lycée en classe de Seconde.

L'analyse des résultats des enquêtes PISA permet en première approche de juger essentiellement de l'efficacité du collège. Cependant, votre rapporteur estime que, plus largement, ils peuvent constituer une base de travail utile pour repenser l'architecture de l'ensemble du second degré, lycée y compris .

Du point de vue de l'organisation du système éducatif, collèges et lycées sont dotés du même statut, celui d'établissements publics locaux d'enseignement (EPLE), comprennent les mêmes organes internes et fonctionnent de façon analogue. De même, les enseignants de collège et de lycée sont soumis très largement aux mêmes dispositions, à l'exception des professeurs de lycées professionnels dont le statut est particulier quoique proche. De ce fait, toute recommandation sur l'organisation des établissements, sur le rôle des chefs d'établissement ou encore sur la formation des enseignants doit pouvoir valoir tant pour les collèges que pour les lycées, même si les enseignements diffèrent.

En décembre 2007 ont été publiés les résultats de l'enquête 2006. Cette évaluation portait essentiellement sur la culture scientifique de ces élèves arrivant en fin de scolarité obligatoire, et dans une moindre mesure sur leur culture mathématique et leur compréhension de l'écrit.

Contrairement à d'autres évaluations internationales comme TIMSS (Trends in Mathematics and Science Study) ou PIRLS (Progress in International Reading Literacy Study), qui concernent des enfants nettement plus jeunes, l'enquête PISA n'est pas directement liée aux programmes scolaires. Abstraction faite des programmes officiels, elle tend à mesurer la capacité des élèves à mobiliser et utiliser des connaissances et compétences utiles pour leur vie adulte.

Comme lors des enquêtes précédentes en 2000 et en 2003, la France se situe dans un groupe de pays gravitant autour de la moyenne des pays de l'OCDE avec des résultats proches de ceux du Royaume-Uni, de la Pologne et du Danemark. Les résultats en compréhension de l'écrit et en culture mathématique se sont cependant dégradés, les élèves français glissant vers le bas du groupe des pays moyens. Le nombre d'élèves de très bas niveau passe de 15,2 % en 2000 à 21,8 % en 2006. Cette détérioration du niveau des élèves de quinze ans confirme donc les enquêtes menées par le ministère de l'éducation nationale pour les enfants entrant en 6 e que votre rapporteur évoquait précédemment.

L'ANALYSE PAR LE MINISTÈRE DE L'ÉDUCATION NATIONALE DES RÉSULTATS DES ÉLÈVES FRANÇAIS À L'ENQUÊTE PISA EN MATIÈRE DE CONNAISSANCES SCIENTIFIQUES

« Deux catégories de connaissances sont évaluées à travers PISA qui, dans sa conception, attend d'une éducation scientifique qu'elle apporte en priorité des connaissances scientifiques regroupant à la fois les connaissances en sciences, qui font référence à la connaissance du monde naturel tel qu'il se définit à travers les disciplines scientifiques, et les connaissances à propos de la science , qui font référence aux moyens utilisés par la science (démarche scientifique) et à ses objectifs (explications scientifiques).

Globalement, les élèves français sont significativement moins performants pour exploiter des connaissances en sciences que la moyenne des élèves de l'OCDE.

En revanche, dans la catégorie des connaissances à propos de la science, les scores placent la France significativement au-dessus de la moyenne de l'OCDE.

Par ailleurs, les élèves français ont des résultats très contrastés, le score moyen dans la catégorie des connaissances à propos de la science est supérieur de 20 points à celui de la catégorie connaissances en sciences.

D'autre part, PISA évalue trois compétences : identifier des questions d'ordre scientifique , expliquer des phénomènes de manière scientifique et utiliser des faits scientifiques .

La compétence d'identification des questions d'ordre scientifique suppose une capacité à reconnaître les questions qui peuvent faire l'objet de recherches scientifiques dans une situation donnée et à déterminer les caractéristiques essentielles d'une démarche scientifique (comparaison des données, choix des paramètres à faire varier, recueil pertinent des données...).

Globalement, pour cette compétence, les élèves français sont dans la moyenne de l'OCDE.

La compétence expliquer des phénomènes de manière scientifique requiert la capacité à utiliser les connaissances qui conviennent dans une situation donnée. Les élèves doivent pouvoir décrire ou interpréter des phénomènes en s'appuyant sur leurs connaissances.

Les résultats des élèves français se situent significativement en dessous de la moyenne de l'OCDE. Parmi les items évaluant cette compétence, environ un tiers porte sur des notions qui ne sont pas dans les programmes scolaires français. Il faut ajouter à ces items ceux qui concernent des notions étudiées trois ou quatre ans auparavant. Certains items relèvent de l'enseignement de la géographie en ciblant des notions qui ne font plus partie des programmes actuels. On note cependant des échecs dans des domaines qui, pourtant, font partie des programmes scolaires. À peine plus de la moitié des élèves français, tout comme l'ensemble des élèves des pays de l'OCDE, répond correctement aux items portant sur des notions qui ont été enseignées. Les résultats sont moins bons lorsque les élèves sont interrogés sur des notions hors programme.

Pour la compétence utiliser des faits scientifiques, les élèves doivent donner du sens aux résultats scientifiques pour étayer des thèses ou des conclusions. Ils doivent être capables d'accéder à des informations scientifiques (des faits ou données présentés sous différentes formes : tableaux, graphiques, schémas, texte, résultats d'expériences...) et de produire des conclusions et des arguments fondés sur ces données».

Les élèves français sont ici significativement au-dessus de la moyenne de l'OCDE.

Les élèves français sont performants lorsqu'il s'agit d'une restitution directe de connaissances mais ils ont des difficultés à mobiliser celles-ci dans des situations de la vie quotidienne qui demandent de s'extraire du cadre scolaire. Avec une réussite moyenne de 57,5 % contre 53,3 % pour l'OCDE, ils se montrent en revanche plus performants dans l'utilisation et l'exploitation de données scientifiques.

Si l'on observe une forte disparité des résultats entre les différentes compétences évaluées, les élèves français réussissent mieux dans le domaine des raisonnements scientifiques que dans celui faisant appel à une utilisation des connaissances. » (Extrait d'une réponse à un questionnaire budgétaire)

La Finlande présente les meilleures performances, dans tous les domaines, comme lors des éditions précédentes. Sont également très bien situés dans tous les domaines la Corée, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, le Canada et les Pays-Bas. Ces pays présentent de grandes disparités d'organisation sociale, de structuration politique et administrative et de configuration des études. Il n'est donc pas possible de définir un idéal-type que l'on pourrait appliquer mécaniquement à n'importe quel pays.

Cependant, de l'analyse de ces résultats et des auditions qu'il a menées, votre rapporteur a acquis la conviction que toute réforme du secondaire devait prendre en compte quatre éléments :

- le développement de l'autonomie des établissements ;

- le renforcement de la formation des enseignants tout au long de leur carrière ;

- la nécessité de créer un système d'orientation efficace accessible à tous ;

- la réalisation périodique d'évaluations indépendantes des résultats au niveau des établissements et des académies.

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Compte tenu de l'ensemble de ces observations, votre rapporteur a invité votre commission à donner un avis favorable à l'adoption des crédits pour 2010 de la mission interministérielle « Enseignement scolaire ».

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