B. REPENSER LES PARCOURS D'ORIENTATION

1. La nécessaire évaluation des dispositifs existants

a) Le parcours de découverte des métiers et des formations

Destiné à fournir une première approche du monde professionnel dès le collège, le parcours de découverte des métiers et des formations est régi par la circulaire n° 2008-092 du 17 juillet 2008 . Mis en place dans les établissements volontaires à la rentrée 2008, il a été généralisé dès la rentrée 2009.

Votre rapporteure s'étonne que le principe de la généralisation du dispositif ait été acté avant même de connaitre les résultats de l'expérimentation menée en 2008. L'organisation en octobre 2009 d'un séminaire de réflexion en soutien à cette généralisation, pour les cadres des rectorats et des corps d'inspection, est sans doute utile pour permettre l'échange d'expériences, la diffusion des bonnes pratiques et le dialogue avec les parents, les entreprises et les collectivités territoriales. Néanmoins, il semble qu'une évaluation approfondie et sur une plus longue durée du dispositif n'aurait pas été inutile.

Il est vrai que le parcours de découverte des métiers et des formations n'apporte que peu d'innovations et s'appuie essentiellement sur les dispositifs existants comme l'option de découverte professionnelle, l'entretien personnalisé d'orientation, la séquence d'observation en milieu professionnel, voire l'accompagnement éducatif, au collège et l'orientation active au lycée. En somme, loin de constituer une véritable programmation année par année d'une éducation à l'orientation, le parcours ressemble plus à un mémento des différents outils déjà mis en place.

La classe de 5 e est censée permettre la découverte d'une large palette de métiers de tous niveaux de qualification grâce à des visites in situ et des contacts avec des professionnels. En 4 e , les élèves passent à la découverte des différentes voies de formation en passant notamment une journée dans un lycée, un lycée professionnel ou un CFA. En 3 e , la nouvelle étape du parcours de découverte se confond avec la séquence d'observation en milieu professionnel obligatoire pour tous les élèves, telle qu'elle est décrite dans le décret n° 2005-1013 du 14 août 2005, mais elle peut aussi être articulée avec l'enseignement optionnel de découverte professionnelle.

L'objectif affiché par la circulaire est de faire passer à un élève, sur la totalité de sa scolarité en collège, au moins dix jours dans une entreprise ou en relation avec des acteurs du monde professionnel . Dans la mesure où la séquence d'observation en 3 e dure cinq jours, cela revient à lui faire passer cinq jours en entreprise ou en contact avec des professionnels sur les deux années de 5 e et de 4 e . Ces exigences manquent totalement d'ambition et peuvent être facilement remplies de façon purement formelle sans implication ni des élèves, ni des enseignants, ni des professionnels .

Après le collège, la démarche se poursuit en Première avec la journée passée en établissement d'enseignement supérieur pour se préparer à l'après-bac et en Terminale avec la mise en oeuvre du dispositif d'orientation active et le suivi des nouvelles procédures apportées par la généralisation du « dossier unique ».

De fait, rien n'est prévu pour garantir la cohérence des différentes séquences que l'élève traverse année après année. C'est pourquoi l'articulation affichée du parcours de découverte avec l'acquisition des compétences sociales et civiques d'une part, de capacités d'autonomie et de d'initiative d'autre part, dans le cadre du socle commun de connaissances et de compétences risque de se révéler très artificielle.

Le passeport orientation-formation que l'élève devra compléter au cours de sa scolarité en retraçant l'historique de ses activités, de ses expériences et des compétences acquises ne peut suffire, au-delà du simple aspect formel, à donner une cohérence et une continuité aux activités réalisées au cours du parcours . La mise en place de ce livret de suivi doit être faite avec prudence afin qu'il ne soit pas utilisé in fine pour orienter l'élève en fin de 3 e sans tenir compte de se voeux . Il ne pourra de toute façon être un document de travail utile afin d'organiser un retour de l'élève sur son expérience qu'à la condition que l'élève ne soit pas laissé à lui-même mais au contraire qu'il soit accompagné et conseillé par ses enseignants et la communauté éducative.

Votre rapporteure souhaite attirer l'attention sur quelques impératifs qui doivent encadrer la mise en oeuvre du parcours de découverte :

- garantir l'égalité entre tous les élèves à chaque étape du parcours ;

- éviter toute préorientation ;

- adapter les activités à la maturité psychologique des élèves ;

- assurer une formation adaptée des enseignants ;

- évaluer chaque séquence à intervalles réguliers et les adapter après concertation.

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