e) Créer les conditions d'une éducation à l'orientation pour tous

L'examen des différents dispositifs existants laisse à penser que les conditions d'une authentique découverte des métiers et des formations, sur laquelle s'appuierait une éducation à l'orientation, ne sont pas encore réunies.

L'idée d'un parcours progressif tout au long du collège et du lycée est sans doute la bonne voie à creuser. Néanmoins, il faut admettre qu'on se heurte rapidement à l'hétérogénéité et au faible impact des différentes séquences jalonnant le parcours.

Il est vrai aussi qu'il est très difficile d'imaginer un programme général s'imposant uniformément à des élèves de goûts et de maturité très différents, auxquels on demande de se projeter de cinq à dix ans dans l'avenir. L'Igen le formule nettement dans son rapport sur la DP3 : « La simple présentation des métiers et des voies de formation, aussi diversifiée soit-elle, ne suffit pas pour réussir le pari d'emmener les jeunes vers la construction de leur projet personnel. Pour le comprendre, il faut tenter de se mettre à la place de ces jeunes de collège, sans projet, sans idée déterminée quant à leur avenir. » 24 ( * )

Pour progresser dans le grand chantier de l'orientation au collège, qu'il est impératif de ne pas abandonner, votre rapporteure vous propose un principe, l'évaluation, et une méthode, l'accompagnement .

Tous les dispositifs doivent être soumis à une évaluation quantitative et qualitative fondée sur des indicateurs explicites . Le délégué interministériel à l'orientation pourrait assumer la confection et le contrôle de ces indicateurs. Les résultats de l'évaluation devraient être rendus publics chaque année. Après quelques exercices, une concertation entre tous les acteurs serait menée pour décider des inflexions à apporter aux dispositifs.

Ce principe d'évaluation est encore plus important dans le cas d'expérimentations tendant à être généralisées. Il est impératif, en effet, d'isoler rapidement les freins et les facteurs de réussite, en tenant compte des particularités locales qui peuvent être à l'origine du succès ou de l'échec. Toute généralisation doit être préparée sur le fondement des résultats de l'évaluation.

Pour accroître la cohérence du parcours de découverte et aider l'élève à réfléchir à son projet personnel, votre rapporteure reste convaincue qu'il est nécessaire de prévoir un accompagnement par un adulte référent dans la durée .

La multiplication des circulaires ne permettra d'appréhender dans toute sa fluidité et sa complexité l'éducation à l'orientation, qui est indissociable de l'effort de construction de soi de l'adolescent. En revanche, l'élève ne peut pas être laissé à lui-même. C'est pourquoi il doit pouvoir se tourner vers un adulte référent, spécialement formé pour cela, qui le suivra tout au long de ses années.

À l'issue de toutes les séquences de découverte des métiers, l'élève retrouvera l'adulte référent, fera le point avec lui sur son expérience et amorcera sa réflexion sur la prochaine étape. En dehors de ses rendez-vous réguliers, il jouera un rôle de conseil de permanent.

L'intérêt de l'adulte référent réside d'abord dans ce qu'il reste le même et constitue ainsi un pôle de stabilité pour un élève, d'une part, dans ce qu'il est extérieur au milieu familial et n'active donc pas les mécanismes de reproduction sociale.

* 24 Inspection générale de l'éducation nationale, Un enseignement optionnel des classes de troisième de collège : la découverte professionnelle 3 heures , rapport n° 2009-054, juin 2009, p. 18.

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