B. LA CONSOMMATION DE DROGUES ÉVOLUE AVEC SON PUBLIC

Avec 1,2 million d'usagers réguliers, dont 550 000 usagers quotidiens, le cannabis est la substance psychoactive illicite la plus consommée en France . Ce chiffre est bien inférieur à celui des consommateurs des produits licites que sont l'alcool et le tabac, qui sont respectivement 41,3 millions et 15,8 millions dans l'année, mais il reste trois fois supérieur aux 400 000 personnes qui consomment de la cocaïne dans une année.

On observe toutefois, depuis 2002, une inversion de tendance en matière de consommation de cannabis chez les jeunes. Celle-ci connait une légère baisse, après une croissance soutenue jusqu'alors. En 2010, parmi les adultes âgés de dix-huit à soixante-quatre ans, un tiers déclare en avoir déjà consommé au cours de sa vie.

La situation est plus inquiétante en ce qui concerne la cocaïne , second produit illicite le plus consommé en France. Si notre pays n'a pas à faire face à une consommation aussi répandue que chez certains de ses voisins, comme le Royaume-Uni, il est confronté à sa banalisation. Expérimentée par 3,8 % des dix-huit/soixante-quatre ans, contre seulement 1,2 % en 1992, la cocaïne s'est démocratisée. C'est ce que montrent les statistiques concernant l'usage dans l'année, passé en dix ans de 0,2 % à 0,9 % sur cette tranche d'âge. Ce sont les jeunes adultes de dix-huit à vingt-cinq ans qui y ont le plus recours : 2,5 % d'entre eux en ayant consommé au cours de l'année dernière. Au contraire, les générations plus âgées, une fois l'âge de trente-cinq ans passé, sont bien moins touchées : l'évolution des pratiques entre les générations est clairement marquée, en lien avec une plus grande disponibilité du produit.

Après une décrue à la fin des années 1990, la consommation d' héroïne redevient préoccupante. Malgré un nombre de consommateurs qui, en valeur absolue, peut apparaitre faible (500 000 expérimentateurs pour 0,2 % des dix-huit/soixante-quatre ans en ayant consommé dans l'année), certains publics fragiles y sont particulièrement exposés, comme les dix-huit/vingt-cinq ans dont 0,6 % d'entre eux en ont fait usage dans l'année écoulée. De nouveaux profils de consommateurs sont apparus, notamment les jeunes des quartiers défavorisés ou certains usagers issus du milieu festif. Les populations précaires, les jeunes en errance sont les plus vulnérables aux dangers sanitaires liés à la pratique des injections. La consommation comme la disponibilité de l'héroïne augmentent alors que les représentations négatives qui y étaient attachées (surdose, sida) s'estompent.

Les seuls véritables progrès constatés sont le recul de l'usage quotidien d'alcool et de l'expérimentation des drogues de synthèse comme l'ecstasy. Néanmoins, c'est aussi la traduction, au moins pour l'alcool, de l'apparition de nouveaux comportements à risques, comme l'alcoolisation massive dans les milieux étudiants ( « binge drinking » ).

L'usage problématique de drogues, défini sur le plan européen par l'office européen des drogues et des toxicomanies (OEDT) comme étant celui de drogues par voie intraveineuse ou d'opiacés, cocaïne ou amphétamines de manière régulière au cours de l'année passée, concerne 230 000 personnes, dont 74 000 usagers mensuels d'héroïne et 81 000 usagers mensuels par voie intraveineuse. Souvent associée à des phénomènes de polytoxicomanie et à des troubles psychiatriques, cette situation place dans une difficulté sociale accrue des populations jeunes déjà marginalisées. Ce n'est donc pas par la répression d'usagers en grande précarité que leur situation s'améliorera mais, au contraire, par des efforts supplémentaires en matière d'accueil, de suivi et de réduction des risques.

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