IV. AEROPORTS DE PARIS EST CONFRONTÉ À L'INTENSIFICATION DE LA CONCURRENCE ENTRE LES HUBS

A. UNE SITUATION ÉCONOMIQUE SOLIDE DANS UN ENVIRONNEMENT ÉCONOMIQUE DE PLUS EN PLUS INCERTAIN

1. Les résultats sont toujours en hausse

Aéroports de Paris (ADP) jouit d'une bonne santé financière . L'année 2013 a été marquée par l'amélioration de tous les fondamentaux du groupe. Le chiffre d'affaires (CA) continue d'augmenter de 4,3 % en 2013 (après une hausse de 5,4 % en 2012) pour atteindre 2,75 Mds€.

Cette hausse s'explique en premier lieu par le dynamisme des redevances aéroportuaires qui représentent 33 % du CA. Elles augmentent de 41 M€ pour atteindre 908 M€ (+4,8 % après +3,3 % en 2012), grâce à deux hausses successives des tarifs (+3,4 % en avril 2012 et +3 % en avril 2013), à la croissance du trafic passagers (+1,7 % pour s'élever à 90,3 millions de passagers en 2013) et à l'amélioration du « mix trafic » (hausse de la part du trafic international pour lequel les avions sont plus grands).

Les activités commerciales (boutiques, bars et restaurants, banques et change, location d'automobiles, hôtellerie, publicité...) constituent le deuxième plus grand contributeur à la hausse du CA avec une croissance de 31 M€ (+8,7 %) grâce au développement et à l'optimisation des surfaces commerciales. Elles pèsent pour 14 % du CA. Le troisième poste le plus actif est celui de l'assistance aéroportuaire (5 % du CA) qui croît de 20 M€ (+19,6 %).

Le plan d'économies a permis de maîtriser l'évolution des charges (+2,7 % contre 7,3 % l'an passé). ADP dégage ainsi un excédent brut d'exploitation (EBE) en hausse (+4,7 %) pour la onzième année consécutive : il s'élève à 1,075 Md€.

Les investissements ont été réduits de 94 M€ , grâce notamment au report de certains projets. La dette financière à moyen et long termes s'accroît de 5,7 % pour dépasser 3,5 Mds€, ce rythme étant relativement modéré par rapport aux années précédentes (+16 % en 2012 et +10,1 % en 2011). Le taux d'endettement reste cependant raisonnable (78 %) et ADP parvient à emprunter à des taux exceptionnellement favorables sur les marchés financiers.

Les tendances pour 2014 sont d'ores et déjà encourageantes . La croissance du trafic est attendue entre 2,7 % et 3,2 % (malgré la grève récente d'Air France qui a fait perdre un million de passagers), et l'EBE devrait dépasser 1,1 Md€. Durant le premier semestre, celui-ci atteint déjà une progression de 8,4 % pour atteindre 528 millions d'euros : il est soutenu par la baisse des charges courantes (-1,8 %) due à l'absence d'épisodes neigeux et la poursuite du plan d'efficacité et de modernisation, avec l'ouverture du plan de départs volontaires (370 postes théoriques et moins de 280 en pratique).

2. Le hub de paris perd cependant des parts de marché

Dans un marché de la correspondance en croissance , les plateformes parisiennes, sont dotées d'un potentiel de développement important (infrastructures non saturées, profondeur de l' hinterland économique et touristique). Elles perdent néanmoins régulièrement des parts de marché , non seulement au profit des nouveaux hubs internationaux - notamment ceux du Golfe et, dans un futur proche, la Turquie, qui bénéficient d'un positionnement géographique performant et proposent de bons rapports qualité/prix - mais également des hubs concurrents européens, en particulier Amsterdam.

Ainsi, la part de Roissy-Charles de Gaulle (CDG) sur le marché où Paris est un point de correspondance géographiquement pertinent est passée de 6,7 % en 2005 à 5,5 % en 2013 . Entre 2007 et 2013, l'aéroport a perdu environ 3 000 possibilités de correspondance pour un passager, en faveur d'Amsterdam-Schiphol. En effet, l'offre de correspondance a crû trois fois plus vite à Amsterdam qu'à Paris-Charles de Gaulle depuis 2004 et a rejoint le niveau de Paris en 2014. Cette évolution est tirée par la forte croissance du trafic en correspondance réalisé à Amsterdam ces dernières années (5 % en moyenne entre 2009 et 2013) alors qu'elle reste stable à CDG. En conséquence, le hub de Paris-Charles de Gaulle n'est plus que le 3 ème hub européen en volume de trafic de correspondance.

La tendance est similaire sur le marché du fret aérien , dont les deux aéroports parisiens concentrent 85 % du trafic en France en 2013. À lui seul, Paris-CDG traite 81 % du fret en 2013 , mais cette activité diminue régulièrement depuis 2010 : les grandes compagnies aériennes spécialisées dans le tout cargo ont des difficultés pour maintenir la rentabilité de cette activité, à l'exception notable des compagnies du Golfe (Emirates prend désormais en charge 13,5 % du trafic à Lyon et 50 % à Nice). En outre, les plateformes du Benelux mènent une politique volontariste pour attirer les flux extra-communautaires , au détriment de CDG.

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