II. RECRUTEMENT ET GARDE NATIONALE : LES DEUX ENJEUX DE 2017

A. RELEVER LE DÉFI DU RECRUTEMENT

A la suite des attentats ayant frappé la France en 2015, les forces armées ont été mobilisées afin de participer de manière accrue à la sécurité des Français sur le territoire national. Dans ce contexte, il a été décidé de réviser la trajectoire des effectifs initialement fixée par la loi de programmation militaire (LPM) 2014-2019. Cette décision se traduit par un augmentation des recrutements dans l'ensemble des armées et services.

Les trois armées ont ainsi recruté 26 325 militaires en 2015 , contre 20 746 en 2014, soit une augmentation de près de 50 %. Ce niveau de recrutement est comparable à celui de 2010, année à compter de laquelle il n'a fait que décroître.

Pour l'armée de terre , qui doit relever sa force opérationnelle terrestre de 66 000 à 77 000 hommes d'ici 2017, le recrutement représente un défi tout particulier . Il s'agit en effet de recruter 11 000 hommes supplémentaires, venant s'ajouter au flux habituel de recrutement, dans des délais très resserrés afin de répondre rapidement à la problématique de la suractivité et à ses conséquences (sous-entraînement, sur-absentéisme de la garnison..).

Evolution des recrutements dans l'armée de terre depuis 2014

Source : DRH-AT

Recrutement par catégories de personnel dans l'armée de terre

en 2015, 2016 et 2017

Catégories

2015

2016

2017

Officiers

432

451

475

Sous-officiers

1 003

1 175

1 619

Militaires du rang

11 301

14 865

12 300

Dont volontaires

850

710

1 000

TOTAL

12 735

16 491

14 394

Source : DRH-AT

L'année 2016 aura été cruciale, avec près de 17 000 militaires à recruter dans l'armée de terre , dont près de 15 000 militaires du rang (contre 7 000 en 2014). Pour l'heure, les objectifs sont tenus.

2017 sera une année plus difficile, même si le niveau de recrutement baisse légèrement, compte tenu du rétrécissement du vivier.

Pour relever ce défi, plusieurs leviers sont mobilisés. Vos rapporteurs ont pu mesurer cet enjeu à l'occasion d'un déplacement à Vincennes qui leur a permis de rencontrer des responsables des trois niveaux de la chaîne de recrutement de l'armée de terre .

Pilotée par la Sous-direction Recrutement (SDR) de la DRH-AT, implantée à Vincennes, celle-ci s'articule autour de cinq groupements de recrutement et de sélection (GRS) situés respectivement à Nancy, Rennes, Lyon, Bordeaux et Vincennes, et de 104 centres d'information et de recrutement des forces armées (CIRFA) , dont 42 sont interarmées. Cette chaîne mobilise environ 1 000 personnes environ, qui connaissent également la suractivité.

Source : DRH-AT

L'action de la chaîne de recrutement est appuyée par des c ampagnes de communication dans les médias .

Dans les unités, les chefs de corps (commandants de régiments) ont comme mission de dynamiser le recrutement local, concernant aussi bien les militaires du rang que les réservistes.

Il faut noter l'impact très net des attentats sur les recrutements . Le lendemain des attentats du 13 novembre a été enregistré le grand nombre de demandes d'informations jamais atteint en une seule journée. Cette tendance avait déjà été observée après les attentats du 8 janvier 2015. A chaque événement tragique, des pics d'appel sont constatés.

Les motivations exprimées par les candidats sont diverses : ouverture, accès à l'emploi, vocation, besoin de repères, volonté de dépassement personnel... La majorité (60% environ) viennent d'abord pour combattre, les autres (40%) étant motivés par la recherche d'un métier à dominante technique. Néanmoins, les candidats se présentant avec des compétences techniques rechignent fréquemment à les faire valoir dans la mesure où ils entrent dans l'armée « pour faire autre chose », notamment exercer le métier des armes. Le rôle du recruteur est de les convaincre que leurs compétences spécifiques peuvent être particulièrement utiles à l'armée. A l'inverse, ceux voulant avant tout « en découdre » suscitent plutôt de la méfiance.

La répartition géographique du recrutement sur le territoire national est assez équilibrée . Il faut noter le vivier que constituent les DOM-COM (8%). Le nord et l'est de la France, territoires qui accueillent davantage de régiments, présentent des taux de recrutement supérieurs à la façade océanique.

Source : DRH-AT

Le parcours du candidat

Une première phase d'entretiens et d'information avec un conseiller en recrutement au CIRFA permet de déterminer les motivations et les premiers souhaits du candidat.

Ce dernier se rend au groupement recrutement sélection (GRS) afin d'évaluer son aptitude à devenir soldat et son potentiel. Le « Département évaluation et information » du GRS réalise des tests (personnalité, cognitifs, stress...), fait passer des épreuves sportives, réalise une visite médicale d'aptitude et conduit des entretiens d'évaluation. Outre la vérification de l'aptitude à l'engagement, il s'agit d'établir une analyse prédictive de chaque candidat.

À l'issue, celui-ci est convoqué au CIRFA pour un ou plusieurs entretiens d'orientation avec son conseiller en recrutement afin de mettre en adéquation ses aspirations, ses capacités et les besoins de l'institution.

Enfin, le dossier est étudié comparativement - en commission nationale - et le candidat signe son contrat s'il est accepté.

Ce parcours bien structuré dure de quatre à six mois.

La sélectivité reste assurée. Elle l'est de manière particulièrement stricte pour les officiers et les sous-officiers.

La fidélisation est l'autre levier de cette manoeuvre des effectifs, en complément des recrutements directs. Il s'agit de garder les militaires plus longtemps, en incitant ceux qui arrivent au terme de leur contrat à le poursuivre et en évitant les résiliations de contrat, en particulier la dénonciation de contrat pendant les six mois qui constituent la période probatoire. Rappelons que 70 % des militaires et 100 % des militaires du rang sont des contractuels.

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