C. L'ANSSI : POURSUIVRE LA MONTÉE EN PUISSANCE EN CONSERVANT LE NIVEAU DE COMPÉTENCE ET D'EXPERTISE

L'effort en faveur de la croissance des effectifs de l'agence depuis sa création doit être poursuivi en 2017. En effet, l'agence doit non seulement assurer ses missions habituelles dont la charge est en croissance permanente, notamment en matière de traitement des attaques informatiques, mais elle doit également répondre à l'évolution de la menace, à la mise en oeuvre de la loi de programmation militaire (LPM) et de la directive européenne NIS sur la sécurité des réseaux des opérateurs essentiels. Elle doit également contribuer aux réponses à apporter aux besoins croissants de sécurisation des entreprises et des particuliers. Les éléments de cette réponse sont donc fonction de l'évolution de la charge de travail, des usages et de la menace tels qu'ils sont prévisibles.

La croissance des effectifs a d'ores et déjà permis à l'agence de passer de 122 ETP en 2009 à 460 ETP fin 2015. Les évolutions opérationnelles prévisibles à l'horizon de deux ans conduisent à autoriser le recrutement de 50 ETP sur le schéma d'emplois en 2017. A la fin de l'année prochaine, l'agence devrait ainsi compter à 547 ETP. L'ANSSI considère toutefois que son effectif devrait être d'une centaine d'agents supplémentaires pour être en mesure de réaliser l'ensemble de ses missions.

Sous-directions

Effectifs fin 2016

Effectifs fin 2017

Centre opérationnel de la SSI (COSSI)

168

185

Sous-direction expertise (SDE)

145

159

Systèmes d'information sécurisés (SIS)

87

97

Relations extérieures et coordination (RELEC)

61

68

Sous-direction affaires générales (SDAG)

18

20

Autres

18

18

Effectif total ANSSI

497

547

Source : SGDSN - réponse au questionnaire parlementaire

En 2015, 108 salariés ont rejoint l'ANSSI, dont 15 en fin d'études. Les deux tiers du personnel faisaient partie du Centre opérationnel de la sécurité des systèmes d'information (COSSI) et de la sous-direction Expertise (SDE). Du fait du domaine d'activité de l'agence, en constante évolution, 25 % des agents étaient âgés de moins de 30 ans, et 40 % avaient entre 30 et 40 ans. Enfin, trois quarts des agents étaient des contractuels, dont 73 % en CDD et 27 % en CDI. Le reste du personnel est composé de militaires (11 %) et de fonctionnaires (14 %). En effet, les profils recherchés par l'ANSSI sont rares dans la fonction publique.

Dans le cadre de sa stratégie à l'horizon 2020, l'ANSSI a souhaité améliorer son fonctionnement général en assurant notamment une meilleure gestion des fonctions relatives aux ressources humaines. Pour y parvenir, elle a adopté une politique de ressources humaines à la fin du premier semestre 2016. Celle-ci doit non seulement permettre à l'agence de réaliser ses recrutements, de répondre aux attentes de son personnel, mais aussi de donner des orientations précises sur les objectifs à atteindre aux agents chargés de cette gestion. Ces objectifs peuvent ainsi être synthétisés en trois volets complémentaires :

• une gestion renforcée des ressources humaines où chaque processus est révisé afin d'être optimisé ;

• une meilleure information et visibilité au bénéfice des agents : chacun d'entre eux doit être en mesure de connaître les conditions de son emploi et d'envisager un parcours professionnel cohérent ;

• une meilleure attractivité et fidélisation des agents : les actions à mener visent au recrutement d'agents dont les compétences et les qualités répondent aux besoins pour une durée suffisamment longue.

La montée en puissance reste un défi structurel de l'agence qui doit également pourvoir au turn over relativement important de ses agents dont nombre sont, compte tenu de leur spécialité, des contractuels. Elle doit à la fois recruter en nombre et maintenir la qualité de ce recrutement.

Si le recrutement à la sortie des grandes écoles et des universités demeure relativement aisé, malgré la faiblesse du vivier de formation, en raison de la bonne réputation de l'ANSSI dans le domaine de la cybersécurité. Le maintien de cadres et de techniciens expérimentés, pourvus d'une expérience incomparable est plus problématique compte tenu des rémunérations offertes par le secteur privé, malgré l'existence de procédure permettant la transformation des CDD en CDI et la souplesse dont elle bénéficie pour fixer le niveau de rémunération. Le départ d'agents de l'ANSSI permet également l'émergence d'un réseau lorsque les industriels qui embauchent ces personnels sont considérés comme de confiance. Ceci constitue un aspect positif pour la diffusion d'un « culture » de la cybersécurité.

Vos rapporteurs estiment que, face à ces difficultés spécifiques, l'ANSSI doit être soutenue, en pérennisant les emplois autorisés mais non pourvus lors de la fixation des plafonds d'emplois en loi de finances afin de lui permettre de lisser les recrutements et en maintenant une certaine souplesse au niveau des rémunérations susceptibles d'être servies pour des contrats à durée indéterminée lorsque la qualité du recrutement ou de la pérennisation dans l'emploi le justifie.

À plus long terme, une politique active de développement de filières de formation en écoles d'ingénieurs et en universités doit être conduite. La faiblesse du vivier demeure inquiétante d'autant que de nombreuses administrations de la défense, de l'intérieur, de l'économie et des finances, d'autres services du Premier ministre (comme le GIC) ou soutenus par lui comme la nouvelle CNCTR ou recherchent des profils analogues ou voisins, sans parler des entreprises du secteur privé et des administrations publiques, de plus en plus sensibilisées à la cybersécurité, et qui souhaitent renforcer leurs direction des systèmes d'information, ou enfin, d'entreprises de prestations de services spécialisées dans ce domaine. Vos rapporteurs approuvent l'engagement de l'ANSSI dans une politique de labellisation des formations universitaires, mais cet effort doit être conforté par une action plus intense du ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche pour orienter les universités et les grandes écoles à développer ces filières d'avenir. La formation est aussi un investissement d'avenir.

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