CHAPITRE IV - QUEL AVENIR POUR NOTRE ACTION AUDIOVISUELLE EXTÉRIEURE ?

Il apparaît parfois paradoxal qu'à l'heure où l'audiovisuel national s'est détaché des structures étatiques et où la pertinence d'une démarche audiovisuelle se mesure, outre à la richesse-même de ses programmes, également à la liberté qui la sépare du pouvoir politique, notre action audiovisuelle extérieure ne relève guère que de l'impulsion de quelques ministères, en priorité de celui des affaires étrangères.

A cela sans doute une bonne et une mauvaise raison :

- La « mauvaise » raison part d'un constat : les opérateurs audiovisuels français, publics ou privés, se sont longtemps désintéressés de l'audiovisuel extérieur. Leur stratégie de programme se fonde prioritairement sur la conquête d'une audience nationale, seule à même de générer à leurs yeux les ressources recherchées. Ce désintérêt perdure aujourd'hui, même si certains opérateurs commencent à percevoir l'intérêt d'une telle ouverture vers l'international (Canal Plus en particulier).

- La « bonne raison » c'est que depuis une dizaine d'années, les gouvernements successifs ont pris conscience de l'importance primordiale que représentait, pour notre action culturelle certes mais aussi pour notre influence dans le monde, la mise au point d'un réseau audiovisuel mettant à la disposition des téléspectateurs et auditeurs du monde entier, des images et des sons français, une lecture française des évolutions politique, économique et culturelle.

C'est dans ce contexte que sont nés ou que se sont développés les trois pôles de notre action audiovisuelle internationale, RFI la plus ancienne, puis TV5 et CFI, auxquels viennent désormais se greffer, le progrès technologique aidant, de nouveaux opérateurs.

A. L'ÉTAT DES LIEUX : L'ACTION TÉLÉVISUELLE EXTÉRIEURE

Sur le plan télévisuel, deux sociétés, TV 5 et Canal France international, constituent l'ossature de la démarche française.

1. La carte d'identité de TV 5 et de CFI

a) TV 5 Europe

TV 5 Europe a été créée en janvier 1984, pour regrouper 3 chaînes françaises (TF1, France 2 et France 3), la chaîne suisse SSR et la chaîne belge RTBF. En 1986, s'est adjoint TV 5 Québec Canada, diffusée depuis 1988 en Amérique du Nord. La société Satellimages qui est le support juridique de TV 5 est devenue Société anonyme en 1990. A cette occasion, aux premiers partenaires se sont ajoutés la Société financière de radiodiffusion (SOFIRAD) et l'Institut national de l'Audiovisuel (INA).

b) CFI

Celle-ci fut initialement conçue, en 1990, comme une banque de programmes audiovisuels afin de favoriser la distribution culturelle internationale par la diffusion de programmes par satellite en direction, dans un premier temps, des pays du champ.

Les programmes que CFI met à la disposition des télévisions étrangères sont libres de droits et peuvent être repris sur les réseaux nationaux. 60 % des programmes sont des reprises des chaînes françaises, le reste provenant des producteurs de cinéma et de télévision, voire des télévisions partenaires elles-mêmes.

45 télévisions étrangères ont, à ce jour, passé accord avec CFI, 25 en Afrique francophone, 9 en Europe centrale et orientale, 3 dans la péninsule indochinoise, 6 dans le pourtour méditerranéen.

En contrepartie de la mise à disposition de matériel de réception, d'enregistrement et, éventuellement de sous-titrage, ces télévisions se sont engagées à rechiffrer un certain quota d'émissions prélevées dans le catalogue de CFI.

2. Une couverture mondiale

a) TV 5

Quatre satellites permettent de diffuser TV 5 dans plus de 100 pays :

- Hot Bird 1 permet la diffusion en Europe et dans le bassin méditerranéen dans une zone recouvrant le nord du Maroc, la côte est de l'Irlande, l'Ukraine et une partie de la Turquie.

- Intelsat 702 diffuse sur l'ensemble de l'Afrique.

- Anik E 2 diffuse le signal TV 5 Québec-Canada sur l'Amérique du Nord.

- Panamsat porte le signal TV 5 Québec-Canada sur l'Amérique Latine et les Caraïbes.

b) CFI

Cinq satellites permettent à CFI de couvrir une large partie du monde (du Cap Vert aux Philippines).

- Intelsat VI sur l'Europe centrale et orientale et l'Afrique.

- Arabsat 1 C, satellite régional, sur le Proche et Moyen-Orient et les pays du Golfe.

- Intelsat VII sur l'Asie.

- Palapa B, satellite régional indonésien diffusant sur le Sud-Est asiatique et l'Australie.

- Intelsat VI permet une diffusion expérimentale en Amérique Latine.

3. Des programmes améliorés pour une audience mieux ciblée

a) TV 5

Depuis 1993, TV 5 diffuse 24 heures sur 24. La programmation initiale, essentiellement le résultat d'une juxtaposition parfois artificielle des programmes des différents partenaires, a été déjà améliorée. L'effort doit être poursuivi afin de fidéliser un public plus large.

Dans cette perspective, des accords ont été passés entre TV 5 et l'UGC d'une part et l'USPA d'autre part, afin d'augmenter la part de films ou d'émissions de fiction. TV 5 enfin s'implique directement pour produire 15 % du temps d'antenne dans le domaine de l'information et des magazines ce qui permettra de conforter, sinon de générer, une identité propre à la chaîne.

Enfin, la vocation de cette chaîne décrite comme celle de la langue française, justifie que la grille de programmes comporte plusieurs émissions liées à l'enseignement du français.

L'audience atteint un niveau respectable. En Europe, 32 millions de foyers câblés peuvent capter TV 5. Au Canada, l'opérateur TV 5 Québec-Canada a fait passer à 20 heures par jour la programmation pour une audience de 5,9 millions de foyers dont 1,8 au Québec, qui fait de TV 5 la première chaîne francophone sur tout le Canada.

Aux Etats-Unis, la diffusion quotidienne n'est que de 2 heures pour une audience évaluée à 4 millions de foyers. L'extension aux Etats-Unis est freinée par le coût très élevé des droits de diffusion. L'idée d'une chaîne payante est à l'étude, elle pourrait concerner quelque 2 millions de foyers francophones.

Si les ressources budgétaires étaient réunies, il serait possible de créer en 1996 une chaîne TV 5-USA, dont la programmation privilégierait le cinéma et le sport sous-titré en anglais.

En Amérique Latine, tous les pays peuvent recevoir TV 5, à l'exception du Mexique, pour des raisons techniques. 2,4 millions de foyers sont susceptibles de recevoir TV 5. Malheureusement, l'échec du lancement du satellite Panamsat 3 fin 1994 va retarder l'amélioration de la diffusion sur ce continent. L'aménagement de la programmation est cependant en cours : accroissement de la durée de diffusion, restructuration de la grille en fonction des fuseaux horaires et sous-titrage des films en espagnol.

En Afrique, où TV 5 a été officiellement lancée en 1992 à Dakar, TV 5 Europe, diffusé par Statsionar l'est désormais, depuis juin 1995, par Intelsat 702, plus performant. Au programme européen est insérée une programmation africaine de 2 heures hebdomadaires, grâce à l'aide de l'Agence de coopération culturelle et technique. Le développement en Afrique du système micro-ondes Microwave Multichannel Distribution Service (MMDS) qui permet une diffusion proche du câble (couverture locale, canaux nombreux, réception simple) laisse espérer une percée pour la chaîne hors des seules capitales.

En Asie, TV 5, grâce à Statsionar peut être repris, notamment au Cambodge. La montée prochaine de TV 5 sur Asiasat 2 devrait améliorer la couverture de cette zone par la mise en place d'un bouquet de chaînes attractif, aux côtés de la Deutsche Welle.

b) CFI

C'est en Afrique francophone que les émissions de CFI sont le plus utilisées (de 50 à 90 %), pour 1 200 heures environ de reprises mensuelles. Vient ensuite le Moyen-Orient avec 320 heures par mois, l'Europe de l'Est (200 heures) et l'Asie du Sud-Est (150 heures, en particulier au Vietnam et au Cambodge, avec dans ces deux pays une coopération complémentaire pour la création d'un journal télévisé quotidien).

4. Quelles perspectives pour 1996 et au-delà ?

Elles ont été tracées par le Conseil pour l'audiovisuel extérieur de la France (CAEF) du 22 avril 1994 qui avait affirmé le projet de plan d'action quinquennal d'action audiovisuelle proposée par le ministère des Affaires étrangères. L'une des orientations retenues tendait à clarifier les rôles respectifs de TV 5 et de CFI pour ensuite mieux les coordonner.

a) CFI : promouvoir l'image française

Tant dans sa fonction de banque d'images que dans le cadre de sa réception directe, CFI sera la chaîne de la promotion de l'image de la France, y compris auprès des non francophones. Ses capacités de diffusion, qui s'étoffent, seront un support privilégié à l'exportation de programmes français. Surtout, cette capacité même la conduit à développer une régionalisation de ses programmes. Après le lancement en 1945 d'un programme spécifique pour l'Europe centrale et orientale et pour l'Asie, la régionalisation concernera le Moyen-Orient et l'Amérique Latine. En 1996, la tendance sera accentuée pour que chaque zone reçoive un programme propre. Ce ciblage de l'audience, condition primordiale de son développement, CFI pourra encore ultérieurement l'affirmer en recourant au cryptage que permettent les nouvelles techniques de diffusion.

Enfin, CFI innovera par la création, dans le domaine de l'information, d'un « tout images » international en plusieurs langues sur l'ensemble du réseau. Par ailleurs, un journal international quotidien en français et anglais présentant le point de vue français sur l'actualité internationale pourrait être mis à l'antenne en 1996.

La possibilité pour CFI de créer des filiales pourrait valoriser son action. La diffusion d'une chaîne arabophone réciproquement à la diffusion de CFI dans les pays du Golfe, pourrait en être une première concrétisation.

b) TV 5

Le même Conseil pour l'audiovisuel extérieur de la France de 1994 a assigné à TV 5 les missions suivantes, confirmées et enrichies par le dernier CAEF du 23 novembre 1995 :

- valorisation de l'image de la France et défense de la langue française,

- meilleure adaptation de l'offre de programmes à la demande (plus de films et de fiction). En outre, la régionalisation de ses programmes est l'un des objectifs de TV 5 : 4 grilles seront clairement distinguées : l'une pour l'Europe, adaptée à la marge pour l'Afrique et l'Asie, une pour le Canada, une pour l'Amérique Latine, une pour les Etats-Unis,

- mise en place de bouquets de programmes thématiques (chaîne musicales, sportives et d'information).

c) Les synergies télévisuelles extérieures

La constitution de bouquets de programmes permettra leur multiplication thématique. Ainsi en Europe, MCM, Arte et Canal Horizon rejoindront sur les satellites Eutelsat 30° Est, TV 5 Euronews et Radio-France. Le canal d'Arte devrait être utilisé dans un an pour constituer un bouquet avec d'autres chaînes publiques.

En Afrique, MCM, Canal Horizon, TV 5, CFI et d'autres chaînes thématiques pourront préparer un bouquet numérique dont la diffusion s'appuiera sur le réseau MMDS micro-ondes.

Au-delà du travail de fond, c'est aussi au niveau des structures que la complémentarité se concrétise : CFI devrait entrer dans le capital de TV 5 à hauteur de 22 %, cédés par la Sofirad. Les deux opérateurs partageront désormais des locaux communs afin de dégager des économies d'échelle -accueil, standard, informatique, équipements communs-.

d) Le service public audiovisuel national à l'extérieur : France 2 et Arte

Nos sociétés nationales de télévision s'impliquent peu à peu dans le paysage télévisuel extérieur. Ainsi, depuis juin 1989, la diffusion de France 2 via le satellite Télécom 1 C puis Télécom 2 B lui permet de couvrir une vaste zone en Europe, y compris orientale, et en Afrique du Nord. En Tunisie, France 2 est diffusée depuis l'été 1985 sur le 2e réseau hertzien.

En outre, les débordements hertziens permettent la reprise intégrale des programmes de France 2 par les réseaux câblés de Belgique et de Suisse francophone ainsi que par certains réseaux de Hollande et de RFA. Présente enfin dans le bouquet de chaînes sur Télécom 2A, France Supervision (chaîne diffusée en 16/19e) émet 8 heures par jour depuis 1994 et diffuse des reprises d'émissions de France 2 et des programmes originaux -sports, spectacles, documentaires, etc ...-.

Aux Etats-Unis, la percée de France 2 a longtemps été limitée au journal de 20 heures diffusé en léger différé sur les réseaux câblés de New York, puis de Chicago. Grâce au satellite, le journal est désormais accessible sur le réseau câblé des principales métropoles nord-américaines.

Il convient enfin de signaler l'accord passé en 1993 entre France 2 et le département de l'information de l'OLP pour la mise en oeuvre d'une future télévision palestinienne.

Enfin, France 2, par l'intermédiaire de sa participation à TV 5 fournit 27 % des programmes de la chaîne francophone. France 2 est également la principale source de programmes CFI.

Par ailleurs, Arte, chaîne culturelle franco-allemande créée en 1991, a connu en 1995 quelques changements : l'extension de sa plage horaire (19 heures à 3 heures) ; le développement de sa couverture hertzienne conjointement à celle de la Cinquième qui accroît sa zone de diffusion de 20 %. Enfin, Arte est désormais installée sur Eutelsat d'où elle a vocation à former un bouquet de programmes francophones pour l'Europe et le Maghreb -autour de TV 5 avec MCM, Euronews et Canal Horizon-.

Enfin la Sept -partenaire français de Arte- fournit des programmes à CFI pour atteindre, par ce biais, l'Afrique, le Proche et le Moyen-Orient.

Le Conseil pour l'audiovisuel extérieur de la France a donc engagé une remise en ordre des nombreux opérateurs de l'audiovisuel extérieur qui développaient chacun, légitimement, des ambitions propres, qu'il s'agisse des types de programmes ou des zones géographiques couvertes. Il reste que ces structures audiovisuelles sont finalement modestes -si on les compare à leurs principaux concurrents britannique, américain ou allemand- en particulier sur le plan des budgets qui ne leur sont en rien comparables. La France consacre chaque année un peu plus d'un milliard de francs à l'audiovisuel extérieur, les budgets de nos concurrents atteignent le double.

Le plan audiovisuel extérieur, par bonheur relativement épargné, mais pour combien de temps, par les réductions budgétaires, est une composante primordiale de notre diplomatie culturelle, laquelle, aux yeux de votre rapporteur conditionne très largement la perception de notre pays à l'étranger. Ainsi, la reprise des essais nucléaires a pu, ici et là, ternir l'image de notre pays. Dans un tel contexte, il est clair que la présence, dans les pays les plus affectés par cette décision, de relais culturels actifs, disposant de moyens suffisants pour exercer une coopération attractive qui s'inscrit dans la durée, est absolument indispensable.

Un programme audiovisuel ambitieux s'impose dans lequel il était d'ailleurs regrettable que nos opérateurs nationaux ne s'investissent pas davantage .

B. L'ACTION RADIOPHONIQUE EXTÉRIEURE

Trois sociétés interviennent principalement dans le cadre de notre action radiophonique extérieure : RFI, la Sofirad et Radio France.

1. RFI

RFI reste le pilier de cette action extérieure ; placée au 3e rang des radiodiffuseurs internationaux, elle a diffusé en 1995 80 000 heures en langues étrangères (16 langues au total). Surtout elle conçoit et diffuse 24 h/24 le Service Mondial en français. Son taux d'écoute est estimé à 30 millions d'auditeurs, dont 65 % en Afrique et au Maghreb, le reste essentiellement en Europe de l'Est.

Son mode de diffusion privilégié demeure l'onde courte -au confort d'écoute encore aléatoire- ; toutefois les extensions récentes ont permis de développer des diffusions en FM, notamment en Afrique. La priorité était surtout de développer la diffusion FM en Amérique latine (Montevideo notamment) désormais possible grâce au satellite Panamsat. C'est en Asie-Océanie que la diffusion ondes courtes demeure le plus problématique, du fait de l'éloignement des émetteurs et d'une insuffisante couverture satellitaire. Malgré les nombreuses démarches effectuées auprès du gouvernement thaïlandais pour la construction d'un centre émetteur, celle-ci reste encore à l'état de projet. Il est à craindre qu'il soit finalement abandonné.

En fait, Phnom-Penh est la seule ville d'Asie à reprendre en FM 24 h/24, le service mondial en français.

C'est en Europe centrale et orientale que la diffusion satellitaire permet une déclinaison assez riche des modes de reprises de RFI. Ce peut être la radio bilingue (Bucarest avec Radio delta), les stations relais rediffusant de 20 à 24 h/24 le service mondial en français (Sofia, Prague et Vilnius, et récemment Sofia où sont diffusées des émissions en bulgare réalisées sur place et de l'information du service mondial en français). Enfin la diffusion prend aussi la forme de reprises ponctuelles de programmes en langues étrangères (Pologne, Roumanie et Ukraine).

2. La Sofirad

Trois sociétés filiales de la Sofirad concentrent leurs actions sur certaines zones géographiques : RMC-Moyen Orient (Somera), diffuse en ondes moyennes en français et en arabe. Avec 13 millions d'auditeurs par jour, elle vient en second rang derrière la BBC. La Somera a traversé une crise financière qui a nécessité au cours des derniers exercices le vote d'une subvention d'équilibre de 28 millions de francs de la part du ministère des Affaires étrangères.

En Europe centrale et orientale, la Sofirad intervient par sa filiale Eurinvest pour le développement de Radio Nostalgie (Russie, Moldavie, Hongrie, Roumanie).

La Sofirad intervient également aux Antilles-Caraïbes par Radio-Caraïbes international qui diffuse quotidiennement une émission, en créole et en anglais, le bulletin d'information de RFI. Par ailleurs, elle produit une émission de sensibilisation à la langue française.

3. Radio France

Celle-ci, a priori, n'a pas vocation à dépasser le cadre national mais elle est investie, de par son cahier des charges, d'une mission européenne. Elle intervient comme prestataire de programmes, notamment musicaux, à l'égard des radios de l'Est. Enfin, grâce au satellite, Radio France diffuse, sur l'Europe et le bassin méditerranéen, trois de ses programmes nationaux : France Info, France Inter et France Culture Europe.

4. Quelle politique radiophonique extérieure pour demain ?

Le dernier CAEF de novembre 1995 a décidé d'organiser, autour de RFI, le pôle radiophonique extérieur. Le nouveau plan de développement avait assigné dès 1994 à la station de nouveaux objectifs :

- régionaliser, pour l'adapter, le Service mondial en français,

- assurer une durée minimum aux différentes sections de langues étrangères pour permettre une meilleure efficacité,

- généraliser la présence de RFI sur satellites pour développer la FM dans les principales villes du monde,

- réduire les émetteurs ondes courtes (de 20 à 12) à Allouis-Issoudun ; abandonner le centre ondes courtes de Djibouti et poursuivre la négociation pour l'émetteur de Thaïlande,

- renforcer les synergies entre Radio France et RFI en matière de programmes.

C'est donc, et votre rapporteur s'en félicite, à un nouveau souffle que RFI peut prétendre. Il reposera sur une meilleure définition de l'onde courte -celle-ci, longtemps critiquée, souvent à juste titre pour l'inconfort d'écoute qu'elle génère, pourra bénéficier des nouvelles techniques numériques qui amélioreront significativement la qualité de diffusion-. Le maillage réalisé par RFI sur le monde par ce mode de diffusion n'est donc pas nécessairement voué à l'obsolescence.

RFI s'attachera à développer sa présence sur satellites au-delà des 7 qu'elle occupe actuellement.

La politique de partenariat avec des radios étrangères devra être poursuivie afin de conforter son rôle de radio de proximité, comme elle l'a déjà fait dans une vingtaine de villes africaines, une trentaine de villes européennes et une dizaine d'autres dans le reste du monde.

Enfin il faut se féliciter du rapprochement qui se dessine entre RFI et Radio France : il portera sur les programmes, les bouquets satellitaires, la formation, les correspondants communs, les locaux et les moyens techniques. RFI pourra ainsi faire une plus large place à la diffusion à l'antenne des programmes de Radio France. C'est cette direction que le dernier CAEF du 23 novembre dernier a confirmé, en faisant de RFI le pôle radiophonique extérieur, regroupant Radio-France et la SOMERA.

C. LE FINANCEMENT DE L'AUDIOVISUEL EXTÉRIEUR

En 1995, le projet de loi de finances initiales prévoyait 889,9 millions de francs pour les échanges et coopérations dans le domaine audiovisuel (42-10-30), le projet de loi de finances pour 1996 est en retrait puisqu'il prévoit un total de 874,3 millions de francs (en diminution de 15,6 millions de francs). Cette réduction affecte principalement la dotation de RFI .

Pour cette troisième année du plan audiovisuel à 5 ans qui prévoit, à terme, un "plus" budgétaire de 500 MF, les mesures nouvelles s'élèveront à 44,8 millions de francs pour l'action télévisuelle extérieure : 21,4 millions de francs, destinés notamment à la régionalisation des programmes, 15,4 millions de francs pour TV 5 pour améliorer la grille de la chaîne et 8 millions de francs pour le bouquet satellitaire asiatique.

Pour chacun des trois opérateurs audiovisuels, la dotation du ministère des Affaires étrangères et leur budget total s'établit comme suit :

RFI (en MF)

1994

1995

1996

Part MAE

465,1 3 ( * )

449,3

385,3

Budget total

608,1

654,1

735,3

CFI (en MF)

1994

1995

1996

Part MAE

86,2

111,3

132,7

Budget total

145

173,3

200,8

TV 5 (en MF)

1994

1995

1996

Part MAE

133

158,3

173,7

Budget total

223,2

259,7

284,2

D. DES CHOIX À VENIR

Le plan quinquennal pour l'audiovisuel extérieur a le mérite de proposer une remise en cohérence de nos nombreux opérateurs : à couverture géographique comparable et partagée, à chacun son niveau d'objectifs et sa dotation budgétaire en conséquence.

Mais, dans ce domaine où les initiatives auront finalement précédé le plan d'actions coordonnées, il faut également s'interroger sur les finalités, la politique et la méthode. Il faut ainsi faire le départ entre ce qui relève d'une part de notre mission de souveraineté -consistant, à l'exemple de RFI à émettre sur la plus vaste zone possible- et la logique commerciale qui privilégie par exemple tel ou tel mode de diffusion -réseau hertzien, cryptage satellite, FM/ondes courtes-...

Ce distinguo s'applique à la diffusion mais aussi à la programmation. Un certain type de programmation -film, fictions- coûteuse en droits requiert des moyens financiers importants. Mais par son attractivité accrue, elle permet de fidéliser un public et de faire pièce à la concurrence. Les décisions prises par certains professionnels pour développer la diffusion et la distribution d'oeuvres françaises à l'étranger, quitte à réduire dans un premier temps les droits auxquels ils peuvent prétendre, sont encourageantes.

A contrario, une programmation moins sophistiquée répond au besoin exprimé par certains pays ne disposant d'aucune industrie audiovisuelle et où la concurrence ne s'exerce pas encore.

Enfin, il nous faut adopter désormais une stratégie différenciée en fonction des pays visés et plus précisément de leur niveau de solvabilité. Dans les pays solvables, ou qui le sont potentiellement -Asie, Amérique latine, mais principalement Europe centrale et orientale- la mise à disposition gratuite de programmes, en permettant le développement à faible coût d'un système audiovisuel national, se retourne à terme contre nous. Nos partenaires n'hésitent plus à se retourner vers la concurrence en acquérant, au prix du marché des produits audiovisuels américains et britanniques.

Entre logique de présence et logique d'influence, logique d'assistance ou logique commerciale, logique de la langue ou logique du message, des choix restent à faire qui conditionnent pour demain la crédibilité du paysage audiovisuel extérieur français.

Le CAEF du 23 novembre dernier a consacré cette remise en cohérence de nos structures de l'audiovisuel extérieur : un pôle radio autour de RFI, un pôle télévisuel -Télévision France International-, regroupant CFI et TV 5 et accueillant dans son capital France Télévision, la Cinquième et la Sept-Arte. L'ensemble bénéficiera de 442 MF de ressources sur la période 1994-1998.

Ce plan a le mérite d'impliquer, dans notre ambition internationale extérieure, les opérateurs nationaux que sont Radio-France et France Télévision. Une inconnue demeure concernant notre stratégie satellitaire : sera-t-il possible de faire davantage bénéficier nos opérateurs audiovisuels extérieurs de satellites européens dont on connaît les performances, tels que Eutelsat et ASTRA ?

* 3 moins 15 millions de francs en régulation

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page