B. LE SOUTIEN AU THÉÂTRE PRIVÉ

Le secteur privé dramatique ou « théâtre privé » est composé d'une cinquantaine de théâtres parisiens.

Le soutien accordé par l'État à ces salles transite par le fonds de soutien pour le théâtre privé géré par les professionnels et alimenté par une taxe parafiscale prélevée sur les recettes d'exploitation des adhérents, par une cotisation volontaire des théâtres qui souhaitent bénéficier de l'aide à l'équipement, et par les subventions versées respectivement par l'État et la Ville de Paris.

En 1994, le budget de l'association pour le soutien au théâtre privé s'établissait à 77,4 millions de francs. Sur ce total, les deux subventions précitées atteignaient 38,3 millions de francs, soit 49,5% des recettes (dont 22,3 millions de francs et 28,8% pour 1' É tat ; 16 millions de francs et 20,7% pour la Ville de Paris). On observera que la parité avec l'État à laquelle s'était engagée la municipalité n'est toujours pas respectée.

En 1995, la subvention de l'État a été portée à 23 3 millions de francs et la direction du théâtre et des spectacles envisage pour 1996 de lui affecter un million de francs supplémentaire.

L'aide de l'État dans ce domaine est justifiée par 1a part essentielle prise par le théâtre privé dans le domaine de la création dramatique et la découverte de nouveaux talents Or, les théâtres privés subissent actuellement les effets d'une forte régression de leur fréquentation : ils ont perdu 27 % de spectateurs depuis 1990.

Cette évolution défavorable, conjuguée à l'inflation des budgets de production condamne désormais un théâtre privé sur deux à renoncer à une politique de création, et à se contenter d'une fonction d'accueil.

C. L'AIDE AUX AUTEURS DRAMATIQUES

L'État intervient également pour favoriser un renouvellement des auteurs dramatiques.

L'aide à la création dramatique a été réformée par l'arrêté du 2 janvier 1995. La réforme opérée tend d'une part à recentrer l'aide à la création sur l'auteur, afin que celui-ci recouvre la maîtrise de son oeuvre, et d'autre part à accroître la mission de la commission compétente en matière de repérage de nouveaux auteurs et de découverte de textes.

Les critères de recevabilité des dossiers ont été assouplis : désormais tous les auteurs pourront présenter une demande sans que les conditions qui assortissaient ce dépôt -avoir été précédemment publié autrement qu'à compte d'auteur ou avoir été auparavant joué par une troupe professionnelle- soient encore exigées.

Les modes d'intervention de la commission ont par ailleurs été modifiés afin de mieux prendre en considération la diversité des dossiers présentés tout en évitant le saupoudrage des crédits. L'on distingue désormais deux types d'aide :

- l'aide au montage, réservée aux textes recueillant l'unanimité des lecteurs, et dont le montant est fixé en fonction de l'importance du projet. Sur ce total, l'auteur perçoit 10 %. Il dispose d'un délai accru (3 ans au lieu de 2 précédemment) pour trouver un metteur en scène qui s'engage à monter la pièce, et auquel est versé le solde. Il est à noter que cette aide pourra désormais également bénéficier aux théâtres nationaux et aux centres dramatiques nationaux qui accepteraient de produire la pièce, alors qu'elle était jusqu'à présent réservée aux compagnies indépendantes ou aux théâtres privés ;

- l'aide d'encouragement à l'auteur, comprise entre 30.000 et40.000 francs, destinée aux jeunes auteurs dont la commission a jugé le talent prometteur. Cette aide pourra être indifféremment utilisée par l'auteur pour ses travaux d'écriture ou comme apport dans la production de sa pièce.

Parallèlement, ont été maintenues les aides à la « recherche théâtrale », destinées à soutenir les projets faisant appel à des expressions multiples (théâtre, musique, danse, mime, audiovisuel, arts plastiques, ...) ainsi que les aides « à la première reprise », dont la vocation est d'encourager la première reprise de textes qui ont bénéficié de l'aide à la création dramatique lors de leur montage.

En 1995, la commission a attribué une aide à 64 projets, sélectionnés parmi les 498 dossiers qui lui étaient soumis, pour un montant total de 4,65 millions de francs ; sur ce total, 38 aides ont été affectées au montage d'une pièce, 20 subventions ont été accordées à un auteur, 4 aides étaient destinées à soutenir des projets de recherche théâtrale et 2 subventions devaient favoriser la première reprise d'une pièce.

Par ailleurs, le nouveau contrat type de décentralisation dramatique arrêté en février dernier accroît la place réservée aux auteurs dans la politique théâtrale, en leur offrant la possibilité d'accéder au poste de directeur d'un centre dramatique national, en renforçant les exigences imposées en matière de création dramatique contemporaine et en rendant obligatoire la présence d'un lecteur auprès de chaque institution.

Enfin, 33 auteurs ont bénéficié en 1995 d'une commande des pouvoirs publics, pour un montant total de 1,26 million de francs, correspondant à l'attribution de 40.000 francs par commande de texte original et de 20.000 francs pour les adaptations.

Il faut encore mentionner l'activité du Centre national des écritures du spectacle, installé dans la Chartreuse de Villeneuve-Lès-Avignon, qui propose, depuis 1990, des résidences aux auteurs bénéficiant d'une commande de la direction du théâtre et des spectacles, d'une bourse du Centre national des lettres ou de la fondation Beaumarchais. Elle a accueilli une centaine d'auteurs ces dernières années. La Chartreuse, qui a bénéficié d'une subvention de 6,1 millions de francs en 1995, contribue également au rapprochement des auteurs, des acteurs, des metteurs en scène et des producteurs.

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