II. LA CROISSANCE DU COMMERCE MONDIAL


• Dans ce contexte international favorable, le commerce mondial a été très dynamique en 1994.

Le commerce mondial des marchandises a, en effet, progressé de + 9 % en volume, contre + 4 % en 1993, ce qui représente la plus forte progression annuelle depuis 1976.

En valeur, les exportations mondiales de marchandises, en hausse de + 12 %, ont dépassé pour la première fois la barre des 4.000 milliards de dollars.

On notera, en revanche, une évolution inhabituelle, tenant à une croissance des échanges de services moitié moindre de celle des marchandises.

Hors commerce intra-communautaire, l'Union européenne demeure le premier exportateur mondial en 1994, avec 19,2 % du marché mondial (devant les États-Unis, avec 15,4 %) En revanche, compte tenu du différentiel de conjoncture, elle se situe encore derrière les États-Unis pour les importations (respectivement 19 % et 20 %).

La France conserve son rang de 4ème exportateur mondial, avec une part de marché mondial en valeur stabilisée à 5,7 %.

Par rapport à la valeur des échanges il y a dix ans, il faut noter le dynamisme des pays asiatiques qui se retrouvent nombreux parmi les 25 premiers pays commerçants, avec en particulier :

- à l'exportation, la Chine (qui est passée du vingtième au onzième rang sur dix ans) et la Malaisie (du vingt-huitième au dix-neuvième rang) ;

- à l'importation, la Thaïlande (du trente-huitième au vingtième rang) et la Malaisie (du trentième au dix-huitième rang).


Pour 1995, l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) prévoit la poursuite d'une forte expansion en volume, à un rythme à peine moins soutenu qu'en 1994, de l'ordre de + 8 % . Cette prévision repose à la fois sur un renforcement de la reprise économique en Europe occidentale, la persistance d'une croissance économique rapide dans les pays en développement considérés dans leur ensemble et un ralentissement de la demande d'importations aux États-Unis et au Japon.

Malgré un ralentissement de l'activité dans les pays anglo-saxons, les plus avancés dans le cycle, la demande mondiale de produits manufacturés adressée à la France pourrait progresser en 1996 à un rythme de l'ordre de + 8 %, proche de celui enregistré en 1995.

III. LE PROBLÈME DES FLUCTUATIONS MONÉTAIRES


• Les fluctuations monétaires, observées depuis l'été 1992, et qui ont entraîné une dépréciation des monnaies les plus faibles de l'Union européenne de 20 % ou plus par rapport au mark, sont souvent dénoncées par les exportateurs.

Au total, de juillet 1993 à avril 1995, cinq monnaies européennes se sont nettement dépréciées, à la fois contre le franc et l'Ecu : il s'agit de la lire (- 23 % par rapport au franc et - 21 % par rapport à l'Ecu), de la drachme (- 14 et - 12 %), de la livre (- 12 et - 9,5 %), de la couronne suédoise (- 7,8 et - 5 %) et de la peseta (- 5 % et - 2,3 %).

Qualifiées de dépréciations compétitives, ces fluctuations ont entraîné des pertes de marché importantes pour certains secteurs, tels que l'automobile, le textile, la chaussure ou le jouet.

Ne peut-on ainsi considérer que la dévaluation de la lire a probablement contribué à la progression de + 4,3 % des ventes de FIAT, sur un marché européen qui progresse d'à peine + 0,9 %.

En outre, s'agissant des secteurs du textile ou de la chaussure, la concurrence des pays dont la monnaie se déprécie est très forte et les parts de marché de la France chutent en Italie (de 14,2 % à 10,8 % en deux ans pour le textile et de 6,8 % à 5 % pour la chaussure) et au Royaume-Uni (respectivement de 4,1 à 3 % et de 3,9 % à 3,5 %), alors que les importations s'accroissent.


• Cependant, la Commission européenne vient d'adopter, le 31 octobre dernier, un rapport sur l'impact des fluctuations monétaires sur le marché intérieur.

Il résulte de cette étude que les conséquences des désordres monétaires sur le commerce des Quinze s'avèrent difficiles à appréhender et « souvent contradictoires ».

Elle confirme toutefois qu'ils ont provoqué, en 1995, un ralentissement de la croissance de l'ordre de 0,25 à 0,5 point et ont freiné les investissements dans les pays où la monnaie s'est dépréciée.

Mais, les effets sur l'évolution de la compétitivité/coût des États membres sur la période 1992-1995 apparaissent variables :

- dans les pays à monnaie faible : l'Italie et la Suède ont enregistré des gains importants, alors que l'Espagne a connu une baisse de sa compétitivité/coût et le Royaume Uni, une grande stabilité ;

- dans les pays où la monnaie s'est appréciée : des baisses de compétitivité/coût seraient apparues en Allemagne, mais pas en France.

La Commission estime que certains secteurs ont cependant été touchés. Mais elle refuse d'envisager le rétablissement d'obstacles ou de barrières aux échanges ou d'autoriser des aides compensatoires généralisées, comme le souhaitent certains industriels.

On ne peut, en effet, souhaiter la mise en place d'un tel système ou une remise en cause du grand marché.

En outre, la Commission européenne estime que ces problèmes de fluctuations monétaires imposent un renforcement de la convergence des économies pour réduire les déficits, ainsi qu'un passage à la monnaie unique.

Il s'agit, en effet, de la seule réponse adéquate. D'ici là, votre commission souhaite cependant que soient étudiées des mesures ponctuelles en faveur des secteurs les plus touchés. Celles-ci s'avèrent d'autant plus nécessaires que les efforts considérables réalisés par les entreprises pour réduire leur marge et tenter de maintenir ainsi leur compétitivité trouvent leur limite et risque de les pénaliser en terme de profitabilité et donc d'investissement.

Enfin, on peut s'inquiéter de la façon dont seront appréhendées les relations entre les pays qui adhéreront les premiers au système de la monnaie unique et ceux dont la situation économique retarderaient leur entrée dans ce système. La dépréciation des monnaies des pays du second groupe ne risque-t-elle pas d'avoir des effets dévastateurs sur l'économie des autres pays ?

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