2. Les gendarmes auxiliaires : un avenir encore incertain

Aujourd'hui au nombre de 12.017, les effectifs des militaires du contingent devraient passer à 16.232 au terme de la durée de la loi de programmation. Mais dans le même temps où leur rôle est appelé à se développer, les conditions de leur recrutement, avec la suppression de l'obligation du service national, se présentent sous des auspices incertaines.

a) Une ressource désormais indispensable

La pertinence de l'orientation fixée par la loi de programmation ne saurait faire de doute à la lumière de l'expérience présente. En effet, les gendarmes auxiliaires constituent bien davantage qu'un appoint utile pour l'armée, ils en sont désormais une composante essentielle : 90 % d'entre eux servent dans la gendarmerie départementale et 72 % sont affectés à des unités opérationnelles. S'ils ne peuvent exercer de responsabilités en matière de police judiciaire ou de police administrative et n'accomplissent pas de missions de maintien de l'ordre, ils participent pleinement aux tâches liées à la police de la circulation, aux opérations de sécurité publique, de surveillance générale, d'assistance et de secours. Du reste, ils portent en service leur arme de dotation, ils logent sur les lieux d'emploi et sont tenus aux mêmes astreintes de disponibilité. Dans l'exercice de leur mission, ils sont comme les militaires d'active exposés aux mêmes risques. Ainsi, depuis leur création en 1971, les gendarmes auxiliaires déplorent dans leurs rangs 22 décès et 1500 blessés en service.

L'excellente intégration des gendarmes auxiliaires apparaît le fruit d'un recrutement sélectif, d'une part, et d'une formation de qualité, d'autre part.

En 1995, 11.714 candidatures de gendarmes auxiliaires ont été agréées parmi les 22.658 dossiers proposés. Bien que le nombre de candidatures ait légèrement diminué par rapport à l'année passée (- 17 %), le niveau général des recrues n'en a pas été affecté : 95,7 % des gendarmes auxiliaires ont le niveau du baccalauréat (contre 94,5 % en 1995).

Après leur recrutement, les appelés suivent une formation dans les centres d'instruction de gendarmes auxiliaires (CIGA) d'Auxerre, de Saint-Astier/Bergerac, de Tulle et Montargis. Par la suite, ils participent aux séances d'instruction collective mensuelles organisées à l'échelon de la compagnie. Enfin, ils reçoivent un complément spécifique de formation de 12 jours dont 9 sont consacrés à la formation professionnelle et 3 à la formation militaire.

Les officiers de réserve suivent quant à eux une formation de quatre mois au sein de l'école des officiers de la gendarmerie nationale de Melun.

Outre le rôle très utile joué pendant la durée de leur service par les appelés, ces derniers constituent un gisement privilégié pour le recrutement des gendarmes d'active. Près de la moitié des gendarmes auxiliaires en service en 1995 ont déposé une candidature à un emploi de sous-officier de la gendarmerie. Un tiers d'entre eux a été agréé. Au total près de 17 % des gendarmes auxiliaires ont ainsi pu poursuivre leur carrière dans la gendarmerie qui recrute de la sorte 2 019 de ses sous-officiers.

Telles sont les données de la situation présente sur lesquelles la mise en oeuvre du volontariat dans le cadre de la professionnalisation des armées fait peser de lourdes inconnues. Comment assurer les besoins de l'arme en gendarmes auxiliaires dans un contexte où l'obligation aura disparu mais aussi où les chances de poursuivre une carrière dans la gendarmerie - motivation importante pour des volontaires - se seront raréfiées (du fait de la diminution des effectifs des militaires d'active) ? En supposant que les flux attendus se confirment, les qualifications des personnels recrutés répondront-elles aux critères requis par l'arme ? La question paraît d'autant plus préoccupante que les gendarmes auxiliaires seront appelés à jouer un rôle croissant aux côtés des militaires d'active.

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