EXAMEN EN COMMISSION

Réunie le mercredi 28 octobre 1998, sous la présidence de M. Jean François-Poncet, président, la commission a tout d'abord procédé à l'examen du rapport pour avis de Mme Janine Bardou sur les crédits du plan pour 1999 inscrits au budget des services du Premier ministre.

Après avoir rendu hommage au travail accompli par M. Jean Boyer, son prédécesseur, Mme Janine Bardou, rapporteur pour avis, a indiqué que les crédits du plan s'élevaient, en 1999, à 153 millions de francs, en hausse de 0,13 % par rapport à 1998. Ces crédits, a-t-elle précisé, permettent le fonctionnement du Commissariat général du plan (CGP), des organismes qui lui sont rattachés : centre d'études prospectives et d'informations internationales (CEPII) ; conseil supérieur des revenus, de l'emploi et des coûts (CSERC)  et de ceux qu'il subventionne : centre d'études prospectives et d'observation des conditions de vie (CREDOC) ; centre d'études prospectives et mathématiques appliquées à la planification (CEPREMAP) ; institut de recherche économique et sociale (IRES) ; observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

Elle a ensuite évoqué les principaux travaux réalisés par le CGP en 1998, et elle a précisé que dans une lettre de mission adressée à M. Charpin, le nouveau Commissaire au plan, le Premier ministre avait souhaité que la mondialisation, l'intégration européenne et les grandes tendances de la technologie, la démographie, la protection sociale et les problèmes environnementaux figurent au programme de travail du commissariat général.

Elle a ajouté que ce programme s'articulait autour de trois grands axes : le développement de l'économie française dans le cadre de la mondialisation et de l'intégration européenne, le renforcement de la cohésion sociale et la modernisation de l'action publique. Tout en se félicitant de la clarification des missions du CGP, Mme Janine Bardou, rapporteur pour avis, a cependant regretté que l'aménagement du territoire ne figure pas explicitement parmi les thèmes de travail précités.

Après avoir rappelé que le mandat des membres du CSERC était expiré et que le Conseil Constitutionnel avait, pour un motif de pure forme, déclaré non conforme à la Constitution une disposition législative tendant à créer un conseil de l'emploi, des revenus et de la cohésion sociale qui aurait remplacé le CSERC, le rapporteur pour avis a souhaité que des mesures soient prises afin que ce conseil poursuive ses activités.

Estimant souhaitable de recentrer la fonction d'évaluation des politiques publiques sur le CGP, Mme Janine Bardou, rapporteur pour avis, a approuvé le principe d'une réforme du décret du 22 janvier 1990 relatif à l'évaluation interministérielle, tout en désirant obtenir des précisions sur ses modalités pratiques, et souhaité que les régions puissent, au terme des contrats de plan, recourir à l'expertise du Commissariat général pour évaluer les politiques mises en oeuvre.

Après cet exposé, MM. Charles Revet et Hilaire Flandre sont revenus sur ce dernier point pour déplorer l'inconsistance des orientations et le manque de crédits qui caractérisent la politique actuelle d'aménagement du territoire, M. Henri Revol faisant valoir que les priorités affichées par les pouvoirs publics en matière de protection de l'environnement étaient parfois critiquables.

Evoquant, à son tour, les moyens financiers consacrés à la politique de l'aménagement du territoire, M. Jean-Marc Pastor a souligné la nécessité de prendre en compte l'ensemble des sources de financement (régions, Etat, Union européenne), dont la diversité rendait difficile une appréciation globale.

Mme Janine Bardou, rapporteur pour avis, MM. Jean-Marc Pastor, Henri Revol, François Gerbaud et M. Jean François-Poncet, président, ont estimé que même si les vérifications réalisées par les chambres régionales des comptes (CRC) étaient indispensables, elles dépassaient parfois le strict contrôle juridictionnel pour se transformer en une appréciation de l'opportunité de certaines politiques, ce qu'ils ont regretté.

Après avoir souligné les difficultés rencontrées lors de la négociation des nouveaux contrats de plan, M. Jean François-Poncet, président, a jugé très regrettable que l'aménagement du territoire ne figure pas explicitement au programme de travail du CGP. Rappelant que le rapport du Sénat intitulé " Refaire la France " préconisait la création d'un observatoire de l'aménagement du territoire et que la " loi Pasqua " prévoyait la constitution d'un groupement d'intérêt public, doté de compétences analogues, qui n'avait finalement pas vu le jour, il a jugé indispensable la création d'un organisme indépendant qui serait le " baromètre " de l'aménagement du territoire.

M. Jean-Marc Pastor a également appelé de ses voeux la constitution d'une instance d'observation et d'évaluation de la politique de développement local.

Evoquant les compétences dévolues à un tel observatoire, M. Patrick Lassourd a estimé souhaitable que des critères d'appréciation stricts soient définis pour évaluer l'efficacité relative des crédits nationaux et communautaires, tandis que M. Bernard Murat considérait qu'il était nécessaire, en outre, que les relations entre les collectivités locales et l'Etat soient clarifiées tandis que M. Hilaire Flandre affirmait que cette entité ne devrait pas s'ériger en " censeur " des collectivités locales.

Après s'être étonné de l'intérêt récemment manifesté pour la planification par les élus d'orientation libérale, M. Michel Teston a déclaré que l'aménagement du territoire était indissociable d'une forme d'interventionnisme incompatible avec les théories qui tendaient à réduire le niveau des crédits publics de façon quasi systématique, alors même que ceux-ci étaient indispensables pour favoriser l'aménagement du territoire en général et pour maintenir les services publics en milieu rural, en particulier.

En réponse, M. Jean François-Poncet, président, a rappelé, d'une part, que le CGP avait été créé par le Général de Gaulle et Jean Monnet et, d'autre part, que tous les défenseurs de l'aménagement du territoire, quelles que soient leurs convictions politiques, étaient convaincus de la nécessité d'une action volontariste en cette matière, avant de mentionner que plusieurs dispositions de la " loi Pasqua " avaient été adoptées à l'unanimité par le Sénat.

A l'issue de ce débat, suivant l'avis de son rapporteur, la commission a décidé de s'en remettre à la sagesse du Sénat sur l'adoption des crédits du plan dans le projet de loi de finances pour 1999.

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