EXAMEN EN COMMISSION

Mercredi 28 avril 1999

Réunie sous la présidence de M . Alain Lambert , président, la commission a procédé à l'examen du rapport pour avis de M. Yann Gaillard sur le projet de loi n° 555 (1997-1998) portant réglementation des ventes volontaires de meubles aux enchères publiques (articles 35 à 43).

Le rapporteur pour avis a tout d'abord procédé à un bref historique de la réforme des ventes publiques, en indiquant qu'elle trouvait son origine dans une mise en demeure de la Commission de Bruxelles de 1995 où celle-ci critiquait, notamment du point de vue de la libre prestation de service, l'exigence d'un diplôme de commissaire-priseur, la nécessité d'actes authentiques, alors que les ventes de gré à gré des mêmes biens ne sont soumises à aucune formalité particulière, l'obligation de participation à une compagnie et à un système de garantie collective, exigences disproportionnées par rapport aux enjeux en matière de protection des consommateurs, ainsi que, enfin, l'interdiction d'exercice dans le cadre de sociétés commerciales, qui ne lui semblait en aucune façon justifiée.

Puis, M. Yann Gaillard, rapporteur pour avis , a signalé que le présent projet de loi faisait suite à celui déposé en avril 1997, devenu caduc par suite de la dissolution de l'Assemblée nationale, et s'en distinguait essentiellement au niveau de l'indemnisation, désormais réduite de 2,3 milliards de francs à 450 millions de francs par suite de la substitution au " produit demi-net " d'une valeur calculée à partir d'agrégats comptables et de l'application d'une réfaction de 50 %.

Puis le rapporteur pour avis a présenté les grandes lignes des projets d'amendements élaborés en liaison étroite avec les rapporteurs de la commission des lois saisie au fond et de la commission des affaires culturelles saisie pour avis.

En ce qui concerne l'indemnisation, M. Yann Gaillard, rapporteur pour avis , a proposé :

- de modifier l'article définissant l'objet de l'indemnisation pour bien insister sur le fait qu'il s'agit de compenser, non la dépréciation d'un droit maintenu dans son principe -le droit de présentation du successeur est maintenu pour le secteur des ventes judiciaires-, mais la perte d'un droit qui s'analyse comme une expropriation partielle et relève, à ce titre, de la juste et préalable indemnité, prévue à l'article 17 de la Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen ;

- de mettre en place un système d'indemnisation, plus souple et plus juste, laissant le choix au commissaire-priseur entre une indemnisation " au forfait ", égale à 50 % de la valeur de l'office de nature à être payée plus rapidement, et une indemnisation " au réel ", établie par la commission d'indemnisation, en tenant compte des éléments d'actifs restant la propriété du titulaire de l'office, comme le nom ou la clientèle, et susceptibles d'être cédés par lui.

Le rapporteur pour avis a également exposé le contenu du volet fiscal de ses propositions, qui comporte à la fois des mesures destinées à accompagner les restructurations imposées par la loi, en assurant la neutralité fiscale des changements de statut, et une clarification de régime d'imposition des indemnités, avec toujours le même souci de favoriser les commissaires-priseurs qui ont investi récemment ou qui vont réinvestir leurs indemnités dans les nouvelles sociétés de ventes volontaires de meubles aux enchères.

A l'issue de cette présentation et après l'intervention de Mme Marie-Claude Beaudeau sur la situation des employés des commissaires-priseurs, la commission a procédé à l'examen des articles.

A l' article 35 , la commission a adopté un amendement du rapporteur pour avis précisant que l'objet de l'indemnité est de compenser la perte d'un droit et relève de l'expropriation.

A l' article 37 , la commission a adopté un amendement du rapporteur pour avis mettant en place un régime indemnisant les commissaires-priseurs de leur préjudice réel, compte tenu des éléments d'actifs incorporels restant leur propriété, sauf, pour les intéressés, à demander le bénéfice d'une indemnité forfaitaire, égale à 50 % de la valeur de l'office telle que calculée à l'article 36.

Ces deux articles ont donné lieu à une série d'interventions. M. Alain Lambert , président, est intervenu pour souligner que le droit de présentation existait, que certaines personnes s'étaient endettées, parfois lourdement, pour l'acquérir et qu'il fallait donc ménager leur indemnisation conformément aux principes constitutionnels. M. Philippe Marini, rapporteur général , a attiré l'attention sur la situation des jeunes commissaires-priseurs exerçant leur activité en province, tandis que Mme Marie-Claude Beaudeau est intervenue pour affirmer que l'indemnisation prévue lui paraissait suffisante et M. François Trucy pour signaler que le monopole des commissaires-priseurs était parfois battu en brèche.

A l'article 40, la commission a, sur proposition du rapporteur pour avis, après un débat où sont notamment intervenus MM. François Trucy et Philippe Marini , rapporteur général, adopté un amendement supprimant la taxe sur les ventes, qui est apparue comme alourdissant les charges pesant sur le marché de l'art, tout en étant d'un faible rendement au regard de son coût de perception.

A l'article 43, la commission a adopté, après les interventions de M. Alain Lambert, président , et de M. Philippe Marini, rapporteur général , un amendement du rapporteur pour avis faisant entrer des professionnels dans la composition de la commission d'indemnisation et la faisant présider par un magistrat de l'ordre judiciaire.

Puis M. Yann Gaillard , a soumis à la commission une série d'amendements destinés à constituer, après l'article 43, un chapitre additionnel sur les dispositions fiscales :

- un premier article additionnel prévoit des mesures d'accompagnement des restructurations et notamment de report des plus-values en cas de scission et d'apport par les commissaires-priseurs de leurs actifs aux sociétés de ventes aux enchères ;

- un second article additionnel propose des mesures de neutralisation fiscale pour l'Hôtel Drouot : il s'agit de permettre aux commissaires-priseurs parisiens d'apporter aux nouvelles structures les actifs qu'ils détiennent dans le cadre de Drouot SA sans devoir payer des impôts prohibitifs ;

- un troisième article additionnel tend à clarifier et à aménager le régime fiscal de l'indemnité versée aux commissaires-priseurs : il s'agit de confirmer que l'indemnité est soumise au taux des plus-values à long terme, soit 16 %, et de prévoir un report d'imposition en cas de réinvestissement dans des sociétés de ventes aux enchères et une exonération lorsque l'indemnité est affectée au remboursement de la dette contractée pour l'achat de l'office, ce qui aidera les jeunes commissaires-priseurs.

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