II. POLITIQUE DE L'ÉNERGIE ET PROTECTION DE L'ENVIRONNEMENT

Il existe désormais un consensus dans notre pays sur la nécessité de concilier la politique de l'énergie et la protection de l'environnement. C'est pourquoi la France doit poursuivre son action en faveur de la préservation de l'équilibre écologique de la planète dans les négociations internationales, et favoriser tant la maîtrise de la consommation d'énergie que le développement des énergies renouvelables.

A. POURSUIVRE LES NÉGOCIATIONS INTERNATIONALES

Aux termes du protocole additionnel à la convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques, signé à Kyoto en décembre 1997, les pays industrialisés ont accepté de réduire de 5,2 % leurs émissions de gaz à effet de serre entre 1990 et la période 2008-2012. L'Union européenne s'est, pour sa part, engagée à réduire l'ensemble de ses émissions de 8 %. Ces objectifs sont ambitieux et nécessitent, pour être atteints, d'inverser la tendance à l'accroissement des émissions que constatent les experts.

Selon l'Agence internationale de l'énergie, les émissions de dioxyde de carbone dans l'OCDE ont, par exemple, augmenté de 7 % entre 1990 et 1996. Si elles croissent au même rythme, ces émissions devraient atteindre vers 2010 environ 30 % de plus qu'en 1990. Ces prévisions montrent donc l'ampleur du chemin qui reste à parcourir et expliquent les difficultés rencontrées pour tirer les conséquences concrètes des engagements pris à Kyoto. Trois " points durs " subsistent sur lesquels les négociations n'ont, pour l'instant, pas abouti. Ils concernent :

- la mise en oeuvre des mécanismes de flexibilité (achats de droits d'émission, possibilité de se prévaloir d'investissements permettant une diminution des émissions) ;

- l'association des pays en voie de développement (PVD) à la lutte contre l'effet de serre ;

- la ratification de la convention par les PVD, à laquelle les Etats-Unis conditionnent leur propre adhésion au traité.

Au cours de la 4 e convention des Etats parties au traité, tenue à Buenos Aires en 1998, un plan d'action a été défini qui prévoit de parvenir à un accord avant la 6 e convention susceptible de se tenir fin 2000 ou début 2001. Ce plan d'action porte sur :

- la mise en oeuvre d'une assistance supplémentaire aux PVD grâce des aides financières et au développement des transferts de technologie ;

- la poursuite des travaux sur les questions encore en suspens, en particulier sur les mécanismes de flexibilité et le système de contrôle des résultats.

Position de l'Union européenne

Le conseil des ministres de l'environnement des 16 et 17 juin 1998 a fixé la répartition des efforts pour chacun des Etats de l'Union. Alors que la Grèce et le Portugal auront la faculté d'accroître leurs émissions respectives de 25 et 27 %, l'Allemagne et le Danemark devront réduire les leurs de 21 %. Quant à la France, elle devra maintenir ses émissions à leur niveau actuel.

Conséquences pour la France

En apparence, la position française est plus favorable que celle des autres grands pays industriels de l'Union européenne. En réalité, il est vraisemblable que la stabilisation des émissions sera difficile à atteindre pour notre pays où elles sont d'ores et déjà particulièrement faibles : la France rejette 1,7 tonne de carbone par an et par habitant, alors que l'Allemagne en émet 2,9 et les Etats-Unis 5,4. Or, les émissions de CO 2 d'origine énergétique ont augmenté de 3,8 % entre 1990 et 1998 en France, traduisant une tendance à la hausse à moyen terme.

C'est pourquoi le Gouvernement a décidé de mettre en oeuvre un programme de lutte contre l'effet de serre et d'envisager la taxation des consommations intermédiaires d'énergie.

Lancé en 1993, le programme de lutte contre l'effet de serre a été précisé en 1998.

Au premier semestre 1999, divers groupes de travail sectoriels ont été chargés par la Mission interministérielle de l'effet de serre d'élaborer des propositions de mesures de réduction des émissions dans les secteurs de l'industrie, du bâtiment, du transport, de la production d'énergie et de l'électricité. La mission interministérielle a élaboré, sur cette base, un synthèse soumise au Gouvernement.

Votre Commission des Affaires économiques souhaite que celui-ci mette rapidement en oeuvre les mesures relatives à la lutte contre l'effet de serre.

Le principe d'une extension de la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP) aux consommations intermédiaires d'énergie a, quant à lui, été retenu par le Gouvernement en mai 1999. Un livre blanc a été diffusé en juillet dernier afin de faire le point sur :

- le mode de taxation ;

- les mécanismes de nature à atténuer les effets de la taxe sur les entreprises ayant une forte consommation d'énergie.

L'extension de la TGAP n'entrerait en vigueur qu'à compter du 1 er janvier 2001. Les ressources qu'elle permettrait de collecter seraient intégralement consacrées à l'abaissement des cotisations sociales payées par les employeurs.

A titre personnel, votre rapporteur approuve ces réformes, qui permettent de mettre en oeuvre la théorie du " double dividende " tendant à instituer une fiscalité environnementale qui intègre les effets externes environnementaux et à alléger le coût du travail grâce aux recettes des écotaxes, afin de promouvoir une croissance plus riche en emplois.

Quant à votre Commission des Affaires économiques, elle réprouve l'accroissement de la fiscalité de l'énergie, qui diminuera la compétitivité de l'industrie française. Elle estime, en outre, que l'affectation d'une partie du produit de la TGAP était un gage de pérennité des moyens consacrés à la protection de l'environnement.

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