B. LES AUTRES DISPOSITIFS INCITATIFS

1. Les dispositifs de formation par la recherche en entreprise : pour une meilleure insertion des jeunes étudiants-chercheurs

L'Etat consacre chaque année des crédits budgétaires à l'incitation à la recherche en entreprise, au moyen de procédures d'insertion de jeunes cadres techniques ou scientifiques dans les entreprises.

Ces procédures, gérées par divers organismes (ANVAR ; délégués régionaux à la recherche et à la technologie (DRRT) ; Association nationale pour la recherche technique...) permettent l'embauche d'un jeune par l'entreprise pour traiter d'un projet de recherche ou d'innovation, avec l'appui d'un centre de compétence et l'attribution d'une aide financière par l'Etat.

Différents niveaux d'enseignement sont concernés, du technicien supérieur au docteur. Certaines de ces procédures accompagnent une formation diplômante.

Les crédits de l'Etat consacrés à ces procédures sont rassemblés au sein du chapitre budgétaire 43-80 et se répartissent comme suit (pour l'année 1998) :

DOTATIONS BUDGÉTAIRES DE L'ETAT POUR LA FORMATION A
ET PAR LA RECHERCHE

 

CRÉDITS EN MILLIONS DE FRANCS

CORTECHS

45

STAGES DE LONGUE DUREE

11

DRT

15

CIFRE

200

POST DOC

50

NB : les sigles sont explicités dans les développements ci-dessous

Source : MENRT

Les conventions de recherche pour les techniciens supérieurs (CORTECHS) concernent des jeunes techniciens de niveau Bac+2 ou Bac+3. Elles constituent des aides au financement de séjours de longue durée au sein des PME d'étudiants titulaires de DUT ou de BTS, afin de mettre en oeuvre un projet innovant.

Depuis juillet 1997, c'est l'ANVAR qui gère les CORTECHS, la décision d'attribution de l'aide étant prise par le délégué général à la recherche et à la technologie (DRRT). Il est à noter qu'avec l'implication croissante des régions dans le domaine de la recherche, les conseils régionaux ont contribué au développement de cette procédure, en abondant les financement de l'Etat.

Depuis leur création en 1989, 2.610 CORTECHS ont été financés, un flux de 450 à 500 bénéficiaires étant attendu pour 2000 (329 en 1998 ; 201 en 1997 ; 344 en 1996).

Votre rapporteur pour avis tient à souligner que 85 % des entreprises bénéficiaires d'un CORTECHS ont moins de 50 salariés et que 90 % des techniciens concernés sont embauchés définitivement dans l'entreprise.

Ces chiffres méritent, en effet, d'être relevés. La procédure CORTECHS semble bien adaptée aux besoins des PME. La cible privilégiée, d'après une récente étude réalisée pour le compte du ministère, est une entreprise de petite dimension, de faible niveau technologique , pour laquelle les conventions CORTECHS sont souvent la première aide publique et un premier moyen d'accès au développement technologique.

Les diplômes de recherche technologique (DRT)

Le DRT est un nouveau diplôme national de troisième cycle (Bac+6) qui permet aux élèves des écoles d'ingénieur en dernière année et aux ingénieurs-maîtres des IUP 14( * ) de mener une activité de recherche appliquée au sein d'une entreprise ou d'un laboratoire, sur des sujets proposés par les entreprises.

En 1997, 50 DRT ont été financés, et 65 en 1998, les difficultés de mise en oeuvre de la procédure ne permettant pas d'atteindre le nombre initialement envisagé. L'objectif est désormais d'atteindre le niveau de 120 DRT annuels.

Les stages de longue durée en PME

L'Etat finance, depuis 1996, dans la limite de 30.000 francs, des stages de 4 à 6 mois destinés à favoriser l'accès des étudiants (écoles d'ingénieur ou de commerce) vers les PME/PMI, autour d'un projet innovant défini avec l'entreprise.

La sélection des dossiers est effectuée en région (par les DRRT).

Une enveloppe de 11 millions de francs a été consacrée par l'Etat à cette procédure en 1999.

Les conventions industrielles de formation par la recherche (CIFRE)

Ce dispositif, instauré en 1981, se matérialise par le cofinancement, par l'Etat, de l'accueil en entreprise d'un étudiant en doctorat, sur un projet de recherche, le jeune thésard étant embauché dès son inscription en thèse.

Depuis 1981, l'Etat a financé 7.819 CIFRE, la montée en charge du dispositif se faisant progressivement : de 50 conventions initialement, le flux annuel est passé à 600 en 1994 puis à 700 en 1996 et à 800 en 1998 15( * ) . Un flux de 800 nouveaux bénéficiaires est attendu en 2000. Cette augmentation n'est pas sans rapport avec la dégradation corrélative des conditions d'emploi des jeunes docteurs .

Les études menées sur ce sujet confirment la relativement bonne insertion en entreprise des thésards ayant bénéficié d'une convention CIFRE, dont le taux de chômage après 3 ans de vie active est inférieur à 4 %, dans un contexte de difficulté dans l'accès à l'emploi pour les jeunes docteurs depuis les années 1992-1993.

L'accueil des post-doctorants

Des initiatives récentes ont été mises en place pour favoriser l'accueil des post-doctorants : l'Etat verse depuis 1998 une aide (sous forme de subvention) permettant leur embauche dans les EPIC ou dans les PME de moins de 2.000 salariés. Son montant unitaire est de 150.000 francs par an.

Le nombre de personnes concernées est relativement faible en 1998 : sur 140 accueils programmés en EPIC et 110 recrutements en PME, respectivement 97 et 24 accueils ont été réellement effectués.

Le nombre de subventions budgétées en 2000 s'élève à 125 pour les EPIC et 125 pour les PME.

2. Le FRT : un instrument de partenariat entre recherche publique et recherche privée

a) Une vocation de transfert technologique des organismes de recherche publique vers le monde économique

Le Fonds de la recherche technologique (FRT), dont les moyens sont, comme on l'a déjà signalé, en réelle augmentation, est un bras armé important du ministère de la recherche, en matière de développement de la recherche industrielle. Il apporte en effet un soutien ciblé aux programmes de recherche des entreprises, souvent longs et coûteux.

Pour être éligible à une aide du FRT, un projet doit relever de la recherche amont et être innovant. Le FRT finance en effet des aides pour les projets de recherche fondamentale ou de recherche industrielle de base . Les projets soutenus doivent en outre s'inscrire dans une certaine thématique scientifique (définie par des appels à propositions du ministère et organisée suivant une mise en réseau des actions d'une même thématique). La plupart des projets prévoient des collaborations entre les structures de recherche publique et les entreprises.

Les entreprises, PME, PMI, petites entreprises innovantes -" start up "-, groupes industriels et leurs filiales peuvent être éligibles au FRT comme " pilote industriel " ou simples co-contractants d'un programme de recherche. Les organismes publics (EPIC, EPST ou Universités) sont le plus souvent co-contractants ou prestataires d'un " pilote industriel ".

Les actions financées en 1999 par le FRT, à hauteur de 670 millions de francs (en AP) se répartissent entre les 7 thèmes suivants :

Source : MENRT

Les actions régionales

Ces crédits regroupent les engagements de l'Etat dans le cadre de la génération actuelle des contrats de plan Etat-Région , qui s'élèvent à 500 millions de francs pour le FRT, répartis sur six ans. Le montant des autorisations de programme déléguées en régions en 1999 pour l'exécution des contrats de plan est de 50 millions de francs.

Un crédit de 10 millions de francs est affecté au soutien de l'action des centres de ressources technologiques (CRT). A partir des organismes de recherche, des établissements d'enseignement supérieur, des IUT et des lycées d'enseignement technique, les CRT contribuent à la constitution d'un réseau de soutien technologique de proximité au service des PME.

Les réseaux de recherche et d'innovation technologique

Pour développer une recherche technologique de pointe orientée principalement vers la création et le développement d'entreprises innovantes, les laboratoires publics et privés sont encouragés à travailler en " réseaux thématiques de recherche et d'innovation technologique ".


Sur un domaine technologique bien défini, chaque réseau doit, dans une logique de réponse à la demande socio-économique, identifier les problèmes technologiques, faire émerger des projets de recherche appropriés, qui peuvent conduire aussi à de nouveaux produits et services et participer ainsi à la création et à la croissance d'entreprises innovantes.

Les réseaux visent à mutualiser les moyens des équipes de recherche publiques et privées qui y participent. Les projets qu'ils suscitent peuvent bénéficier en outre de financements incitatifs de différents ministères et agences, principalement du FRT en ce qui concerne le ministre chargé de la recherche, mais éventuellement aussi du Fonds national pour la science (FNS).

Plusieurs réseaux existent déjà :

- le PREDIT (programme de recherche dans le domaine des transports terrestres), qui associe quatre ministères et deux agences (ANVAR et ADEME), concerne de nombreuses entreprises, dont des PME. Il prévoit une participation du ministère sur le FRT en 1999 de 65 millions de francs. Plusieurs appels à propositions ont été lancés cette année, notamment sur les thèmes " Conception-Production ", " Sécurité-Ergonomie-Confort ", " Cycle carburant moteur-dépollution ", " Innovation pour le stockage d'énergie embarquée ",

- le RNRT (réseau national de la recherche en télécommunications), grand programme fédérateur sur la recherche dans les télécommunications, comporte des montants incitatifs de 750 millions de francs mis en place par le ministère chargé de la recherche. Pour l'année 1999, la dotation du FRT s'élève à 80 millions de francs.

D'autres ont été constitués en 1999 : le réseau micro et nanotechnologies (RMNT) doté de 55 millions de francs ; le réseau génoplante (ingénierie de l'alimentation végétale) doté de 60 millions de francs ; le réseau génie civil et urbain doté de 10 millions de francs ; le réseau piles à combustible doté de 20 millions de francs.

Plusieurs réseaux de recherche sont en cours de construction sur les thèmes suivants : technologies pour la santé, eau et environnement, matériaux et procédés d'utilisation, technologies de l'information, observation de la terre et applications.

Appels à propositions et actions incitatives

Dans le domaine des biotechnologies du médicament et de l'agro-alimentaire, deux appels à propositions sur les thèmes " AQS " (Alimentation Qualité Sécurité) et " post-génome " ont été lancés en février 1999.

La procédure EUREKA

Outre le financement des réseaux de recherche technologique, le FRT permet de soutenir des projets de recherche s'inscrivant dans la procédure EUREKA.

Initiative franco-allemande, lancée en 1985, EUREKA s'adresse à l'origine essentiellement à la grande industrie mais elle a su s'ouvrir aux PME. A présent, la moitié des projets labellisés concerne cette catégorie d'entreprises. L'initiative EUREKA, dont s'inspire le fonctionnement des réseaux, est originale dans le dispositif administratif classique qui procède majoritairement par appels d'offres, par son caractère de procédure ouverte, d'initiative industrielle et par son exigence de coopération entre entreprises européennes. En 2000, le ministre chargé de la recherche maintiendra son effort pour soutenir la relance d'EUREKA.

Le concours national de création d'entreprises technologiques innovantes

Comme nous le signalions en 1999, le Ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie a décidé de mener une action en faveur de la création d'entreprises innovantes par le biais d'un concours national, disposant de moyens incitatifs nouveaux.

Le concours était ouvert à toute personne physique résidant en France, quels qu'aient été sa nationalité, son statut ou sa situation professionnelle, et dont le projet prévoyait la création d'une entreprise indépendante, installée sur le territoire national dont le capital devait être détenu majoritairement par des personnes physiques, dont 20 % par le candidat lui-même. Pouvaient également participer au concours les Français résidant à l'étranger et les ressortissants de l'Union européenne dont le projet répondait aux mêmes conditions.

Deux types de projets pouvaient être présentés : les projets " en émergence " au stade de l'idée ou de la préfiguration nécessitant d'être approfondis aux plans technologique, organisationnel, industriel, commercial, juridique ou financier et les projets " création-développement " déjà élaborés sur le fond, se situant juste en amont de la création d'entreprise.

A partir de propositions élaborées par les jurys régionaux dans le cadre d'une gestion déconcentrée s'appuyant sur l'ANVAR et les DRRT, le jury national s'est réuni le 21 juin afin d'arrêter la liste des lauréats : soit 79 " en création-développement " et 165 " en émergence ", qui se partagent les 100 millions de prix prévus par le ministère. Au total, 1.913 dossiers ont été reçus.

Les lauréats au titre des projets " en émergence " recevront un soutien financier pour la maturation de leur projet d'un montant maximum de 300.000 F TTC. Les entreprises créées au titre des projets " création-développement " recevront une subvention d'un montant maximum de 3 millions de francs TTC destinée à financer jusqu'à 35 % de leur coût de développement.

b) Une action réorientée vers les PME

Votre commission pour avis a toujours été particulièrement attentive à la prise en compte des petites entreprises, qui créent de l'emploi et irriguent le territoire, dans la politique de la recherche.

Aussi, c'est avec satisfaction que votre rapporteur note une amélioration de la part des PME dans les bénéficiaires des crédits du FRT, comme le montre le tableau suivant :

Catégories de

1996

1997

1998

bénéficiaires

MF

%

MF

%

MF

%

Recherche industrielle

 
 
 
 
 
 

Grands groupes industriels

220,28

51,86

153,01

36,01

93,11

22,56

PME et entreprises assimilées

33,05

7,78

80,99

19,06

119,69

29,00

Centres techniques et assimilés

2,56

0,60

9,94

2,34

3,37

0,82

Associations (1)

-

-

1,91

0,45

1,62

0,39

Action régionale (2)

108,76

25,61

85,53

20,13

80,50

19,50

Sous-Total

364,65

85,85

331,38

77,99

298,29

72,26

Organismes de recherche

 
 
 
 
 
 

EPSCP

2,50

0,59

18,96

4,46

32,68

7,92

Ecoles d'ingénieurs

1,77

0,42

13,95

3,28

7,44

1,80

Associations

33,89

7,98

7,56

1,78

5,43

1,32

Sous-total

60,10

14,15

93,53

22,01

114,50

27,74

TOTAL

424,75

100

424,91

100

412,79

100

(1) La catégorie des associations fait l'objet d'une mention au titre de la recherche industrielle lorsque la nature des opérations le justifie.

(2) Crédits délégués au titre des Contrats de Plan Etat-Régions et actions incitatives des DRRT.

Source : MENRT

Les PME sont désormais les principales bénéficiaires du FRT.

C'est plus particulièrement dans les secteurs les plus innovants et les plus créateurs d'entreprises nouvelles qu'est marquée cette prédominance : ainsi, les aides du FRT vont à 57 % aux PME dans le secteur des biotechnologies, par exemple.

Votre commission pour avis se félicite de cette évolution.

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