CONCLUSION

Notre commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées avait l'an passé donné un avis favorable aux crédits de l'Armée de l'air. Ceux-ci ne correspondaient certes pas aux prévisions de la loi de programmation initiale mais, après l'exercice de la revue des programmes, une forme de contrat avait été passée : l'actualisation des besoins en équipement conduite alors avait eu pour contrepartie la garantie de maintenir à niveau les dotations nécessaires à l'équipement des armées.

Le projet de budget 2000 pour la Défense, et pour l'Armée de l'air en particulier, ne traduit pas, au contraire, l'engagement pris l'année dernière. La non-consommation des crédits de paiement par les armées, avancée pour justifier la réduction qui les affecte, devait davantage trouver sa solution dans un aménagement des procédures financières que dans la diminution des ressources.

Au surplus, la diminution des autorisations de programmes, outre qu'elle constitue un signal politique décalé par rapport à nos ambitions européennes, prépare pour demain des échéances difficiles. La logique du prélèvement systématique opéré depuis trois années sur les ressources d'équipement des armées sera-t-elle inversée l'année prochaine ? Votre rapporteur, instruit par l'expérience, en doute.

EXAMEN EN COMMISSION

La commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées a examiné le présent avis lors de sa séance du 17 novembre 1999.

Un débat s'est ensuite instauré au sein de la commission.

M. Jean-Claude Gaudin, rapporteur pour avis, a précisé à M. Philippe de Gaulle que le " prêt " de deux milliards de francs consenti à la marine par l'Armée de l'air s'analysait comme un redéploiement provisoire de ressources destinées au financement du programme de frégate " Horizon ", et que l'Armée de l'air devrait impérativement retrouver cette dotation l'an prochain.

A l'attention de M. Xavier de Villepin, président, M. Jean-Claude Gaudin, rapporteur pour avis, a précisé que la dotation en carburant opérationnel avait été calculée sur la base d'un baril à 14,6 dollars et d'un dollar à 6 francs, ce qui ne correspondait pas aux tarifs actuels. Cependant, a précisé le rapporteur pour avis, l'Armée de l'air avait toujours obtenu, dans de telles hypothèses, les dotations complémentaires indispensables au bon déroulement de son activité aérienne.

Enfin, M. Jean-Claude Gaudin, rapporteur pour avis, est convenu avec M. Xavier de Villepin, président, de l'importance, tant politique que stratégique, de la décision concernant l'ATF, qui devrait intervenir dans les prochains mois, et approuvé sa suggestion d'entendre le ministre de la défense sur cette question.

*

La commission a ensuite examiné l'ensemble des crédits du ministère de la Défense au cours de sa réunion du mercredi 24 novembre 1999.

M. Guy Penne, a d'abord remarqué qu'avec un effort de défense représentant environ 2,5 % du produit intérieur brut (PIB), comparable à celui du Royaume-Uni, la France se situait à mi-chemin entre les Etats-Unis, qui consacrent 3,5 % de leur PIB à la défense, et les autres pays européens, qui y consacrent en moyenne 1,5 % de leur PIB. Il a donc estimé que, malgré une diminution du même ordre de grandeur que celle enregistrée dans les autres pays occidentaux depuis la chute du mur de Berlin, le budget français d'équipement militaire, qui était le deuxième en Europe, demeurait très significatif. Il a ensuite évoqué les difficultés du ministère de la défense à consommer la totalité des crédits d'équipement dont il dispose et relevé que la rationalisation des achats d'équipement permettait des économies sans réduire le pouvoir d'achat des armées. Il a estimé que la professionnalisation des armées présentait un coût plus élevé qu'on ne l'avait envisagé lors du lancement de la réforme. Enfin, il a souligné que le conflit du Kosovo avait mis en évidence l'amélioration des capacités militaires françaises par rapport à la guerre du Golfe, même si des insuffisances perdurent en matière spatiale et de renseignement.

M. Serge Vinçon, a rappelé qu'après s'être engagé, à l'issue de la revue de programmes qu'il avait conduite, à stabiliser les crédits d'équipement des armées durant quatre ans, le Gouvernement rompait, dès la deuxième année, cet engagement. Il a émis la crainte que la France ne prenne un dangereux retard par rapport aux Etats-Unis, qui, après avoir réorganisé leur défense et leur industrie d'armement, relancent désormais leur effort financier en matière de défense, particulièrement en matière de recherche et de développement. Évoquant l'annulation supplémentaire de 5,3 milliards de francs de crédits d'équipement annoncée sur le budget de la défense, il a déploré que des commandes supplémentaires ne soient pas passées aux industriels alors que ceux-ci auraient la capacité de produire davantage de matériels.

M. Paul Masson, approuvé par M. Xavier de Villepin, président, a mis en doute, après les auditions des chefs d'état-major par la commission, l'idée selon laquelle les armées seraient limitées dans leurs capacités de consommation de crédits.

M. Xavier de Villepin, président, a alors rappelé que les crédits des titres V et VI étaient appelés à diminuer de 3,2 milliards de francs par rapport aux conclusions de la " revue de programmes " qui marquaient elles-mêmes une économie de 5 milliards de francs par an par rapport aux prévisions initiales de la loi de programmation. Il a estimé que la situation économique et financière actuelle aurait permis de préserver les crédits militaires. Il a par ailleurs déploré que le projet de budget ne tienne pas compte des leçons militaires du conflit du Kosovo et observé la contradiction entre les discours sur la défense européenne et la réalité des programmes conduits en coopération, qui connaissent, pour beaucoup d'entre eux, d'importantes difficultés. Il a alors appelé la commission à suivre l'avis défavorable proposé par les rapporteurs pour avis.

M. Michel Caldaguès a indiqué qu'il se rangeait à cet avis défavorable.

M. Claude Estier a en revanche précisé que le groupe socialiste voterait le budget de la défense pour 2000.

La commission a alors émis un avis défavorable sur l'ensemble des crédits du ministère de la défense inscrits dans le projet de loi de finances pour 2000.

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