D. LE DÉVELOPPEMENT DE L'ASSISTANCE AUX MAGISTRATS

1. Le bilan très positif du recours aux assistants de justice

A l'initiative de la commission des Lois du Sénat, l'article 20 de la loi du 8 février 1995 relative à l'organisation des juridictions a prévu la possibilité de recruter des assistants auprès des magistrats des tribunaux d'instance, des tribunaux de grande instance et des cours d'appel.

Ces assistants de justice sont recrutés pour une durée de deux ans renouvelable une fois parmi les personnes titulaires d'un diplôme sanctionnant quatre années d'études supérieures en matière juridique. Indemnisés par l'allocation de vacations horaires, ils travaillent le plus souvent à mi-temps. Ils sont notamment chargés d'effectuer des recherches documentaires ou des analyses juridiques et de rédiger des notes de jurisprudence ou de synthèse des dossiers ainsi que des projets de décisions suivant les indications des magistrats.

On dénombre actuellement 950 assistants de justice, 400 autorisations de recrutements supplémentaires, ouvertes en loi de finances pour 1999, s'étant ajoutées à celles déjà accordées en lois de finances depuis 1995. La mesure nouvelle de 4 millions de francs prévue au projet de loi de finances pour 2000 pour le recrutement de 100 assistants supplémentaires permettra de porter leur nombre à 1.050 , soit un doublement en deux ans .

Un premier bilan réalisé pour l'année 1998 traduit une totale satisfaction des magistrats qui sont secondés par ces assistants de justice. Ainsi, grâce au concours des assistants, certains magistrats ont pu obtenir une progression substantielle du nombre des affaires traitées.

Au cours de son audition par votre rapporteur pour vais, M. Dominique Matagrin, président de l'APM, a pour sa part jugé cette formule intéressante mais insuffisante, souhaitant la création d'un corps d'assistants-rédacteurs permanents qui seraient chargés d'apporter aux magistrats une aide à la décision, plutôt qu'un accroissement continuel du nombre des magistrats.

2. La mise en place du recrutement d'assistants spécialisés au sein des nouveaux pôles financiers

Afin d'améliorer les conditions de lutte contre la délinquance économique et financière, Mme Elisabeth Guigou, garde des Sceaux, a décidé la création de pôles économiques et financiers permettant de renforcer les moyens de certaines juridictions qui sont spécialisées en matière de traitement des infractions économiques et financières en application des articles 704 et 705 du code de procédure pénale.

Les moyens matériels des pôles financiers sont renforcés par des opérations immobilières permettant, comme par exemple à Paris, l'installation des services du parquet et de l'instruction dans de nouveaux locaux plus vastes et plus adaptés, ou encore par le perfectionnement des outils informatiques, notamment grâce à la diffusion du logiciel d'instruction assistée par ordinateur (IAO).

En ce qui concerne le renforcement des moyens humains, il est réalisé par l'affectation au sein des pôles financiers d'assistants de justice (25 en 1998 et 35 supplémentaires en 1999) et surtout d'assistants spécialisés .

La possibilité de recruter ces assistants spécialisés a été instituée par l'article 91 de la loi n° 98-546 du 2 juillet 1998 portant diverses dispositions d'ordre économique et financier qui permet de mettre à la disposition des juridictions spécialisées en matière économique et financière soit des fonctionnaires de catégorie A ou B, soit des personnes titulaires d'un diplôme sanctionnant une formation économique, financière, juridique ou sociale d'une durée au moins égale à quatre années d'études supérieures et justifiant d'une expérience professionnelle minimale de quatre années.

Les assistants spécialisés sont chargés d'apporter une assistance technique aux magistrats dans des matières complexes, mais ne peuvent accomplir par eux-mêmes aucun acte de procédure. Les modalités de leur recrutement et de l'exercice de leurs fonctions ont été précisées par le décret n° 99-95 du 5 février 1999.

19 assistants spécialisés ont déjà été recrutés en application de ces dispositions et ont pris leurs fonctions en juin 1999. Il s'agit pour le moment de fonctionnaires du ministère des finances (inspecteurs des impôts, des douanes et des droits indirects, de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) ainsi que d'agents de la Banque de France. 9 ont été affectés à Paris, 2 à Marseille, 3 à Bastia, 2 à Lyon, 1 à Bordeaux, 1 à Fort-de-France et 1 à Nanterre.

Ainsi qu'elle l'a précisé au cours de son audition devant votre commission des Lois, Mme Elisabeth Guigou, garde des Sceaux, envisage de compléter la mise en place déjà réalisée des pôles financiers de Paris, Bastia, Lyon et Marseille en constituant au total 10 à 12 pôles financiers sur l'ensemble du pays, 45 agents du ministère des finances devant à terme être mis à la disposition de ces pôles. Le projet de loi de finances pour 2000 prévoit une mesure nouvelle de 5 millions de francs pour la création de nouveaux pôles financiers.

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