2. " Choc pétrolier " ou " contre-choc pétrolier " ?

L'évolution du prix du pétrole au cours de l'année 2000 n'avait pas été anticipée par les économistes. Les prévisions qu'il est possible de formuler en la matière sont à l'évidence délicates.

Le gouvernement retient l'hypothèse conventionnelle d'un prix du baril de brut de 25,8 dollars en l'an 2001, ce qui correspond à la moyenne des prévisions des instituts indépendants. Cette prévision est, naturellement, incertaine. Relevons qu'elle implique une atténuation des tensions résultant de l'évolution du prix du pétrole au cours de la présente année. Relevons aussi qu'une variation importante de la valeur réelle du prix du baril en plus ou en moins par rapport à cette prévision provoquerait un " choc pétrolier " ou un " contre-choc pétrolier ".

L'ampleur de l'aléa n'est pas négligeable comme en témoigne le tableau ci-après résumant les simulations effectuées par le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale et l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE).

Impact, en l'an 2001, d'une augmentation du prix moyen du baril cette même année

Organisation

Hypothèse d'augmenta-tion du prix moyen du baril en l'an 2001 par rapport à un scénario de référence ( prix moyen du baril en résultant en l'an 2001) (en dollars)

Impact sur la croissance des pays développés (en points)

Impact sur la croissance des pays en voie de développement (en points)

Impact sur la croissance mondiale (en points)

Croissance prévue pour l'année 2001, en prenant en compte l'augmentation du prix du pétrole (en % du PIB)

FMI

+ 5

(28)

- 0,2

Asie : - 0,4

Autres régions : impact global faible (présence de pays producteurs et importateurs)

-

-

Banque Mondiale

+ 10

-

- 0,75

- 0,5

-

OCDE

+ 10

(33)

OCDE : - 0,4

Etats-Unis : - 0,3

UE - 0,5

Japon : - 0,6

-

-

OCDE : + 2,7

Etats-Unis : + 2,7

UE : + 2,6

Japon : + 1,6

On peut craindre en particulier qu'une augmentation durable du prix du pétrole entraîne le déclenchement d'une spirale prix-salaires (c'est-à-dire une augmentation auto-entretenue des prix et des salaires), qui pourrait susciter une augmentation par la BCE de ses taux d'intérêt, freinant la croissance.

Ainsi, selon l'OCDE, si le prix moyen du baril de pétrole en 2001 était de 33 dollars au lieu des 23 dollars retenus comme hypothèse dans ses prévisions de juin 2000, à politique monétaire inchangée, l'inflation serait accrue de + 0,5 point aux Etats-Unis, + 0,6 point au Japon et + 0,8 point dans la zone euro s'il enclenche une spirale prix-salaires (c'est-à-dire une augmentation auto-entretenue des prix des salaires), et de + 0,3 à + 0,5 point si ce n'est pas le cas.

La croissance dans l'Union européenne serait diminuée à 0,5 point du PIB. Il va de soi qu'une variation inverse provoquerait un " contre-choc pétrolier " avec des évolutions allant dans l'autre sens.

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