C. L'EFFICACITÉ DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR

1. Le parcours des étudiants

Parmi les critères permettant de définir et d'apprécier l'efficacité de l'enseignement supérieur peuvent tout d'abord être retenus les éléments suivants :

- le nombre de sortants de l'enseignement supérieur avec diplôme ;

- la proportion de sortants de l'enseignement supérieur avec diplôme ;

a) Le devenir, un an après, des entrants en premier cycle universitaire

L'échec à l'université concerne essentiellement le premier cycle universitaire, et en son sein, principalement la première année. Pour une large part, ces échecs sont la conséquence d'une mauvaise orientation . Ces échecs concernent en premier lieu les bacheliers professionnels, mal préparés par leurs études antérieures à suivre un cursus de type Diplôme d'Etudes Universitaires Générales (DEUG), et, dans une plus faible mesure, les bacheliers technologiques , notamment lorsqu'ils sont issus des séries tertiaires.

En 1999-2000, 46,6% des étudiants entrés en 1998-1999 en première année de premier cycle universitaire (Instituts Universitaires de Technologie -IUT- et formations universitaires d'ingénieurs inclus) sont passés en deuxième année, 29 % ont redoublé leur première année et 25 % sont sortis du système universitaire : sortie définitive, temporaire (service militaire ou choix personnel) ou orientation vers des filières non universitaires de l'enseignement supérieur (Sections de Techniciens Supérieurs, formations paramédicales et sociales, etc.).

Le taux de passage en 1er cycle universitaire (hors filières ingénieurs) le plus élevé se situe en IUT (72,1 %) et le taux le plus faible en médecine et en pharmacie en raison du numerus-clausus qui réglemente le passage en deuxième année. Dans les filières dites générales, le taux de passage varie aussi fortement : il est très élevé en lettres, sciences du langage et arts (52 %) et faible en Administration Economique et Sociale (AES - 34 %). Ces écarts entre les filières s'expliquent, en partie, par l'origine scolaire des entrants : 77 % des entrants en lettres, sciences du langage et arts sont titulaires d'un baccalauréat général contre 52 % en AES. De plus, en AES, filière économique, seulement 45 % des entrants proviennent d'un baccalauréat économique alors que 32 % sont issus de la série Sciences et Technologies Tertiaires et 9 % d'un baccalauréat professionnel.

Un entrant en première année sur dix se réoriente en cours ou en fin de première année. Quatre fois sur cinq, ce changement de filière s'est accompagné d'un redoublement . Ainsi, le choix de la filière, à l'intérieur de l'université ou non, demeure, un an après, une question pour plus d'un tiers des entrants.

Quitter l'université après un an est le fait, en moyenne, d'un entrant sur quatre . Les taux de sortie les plus élevés, compris entre 30 % et 38 %, pour les filières AES, langues, sciences humaines et sociales et sciences pour l'ingénieur, n'indiquent toutefois pas toujours un échec ; dans ces filières, les étudiants ont souvent préféré poursuivre leurs études en dehors de l'université en s'inscrivant dans des STS, des écoles d'ingénieurs privées ou des formations paramédicales et sociales.

Devenir, un an après, des bacheliers (généraux, technologiques ou professionnels) entrés en première année de premier cycle en 1998-99

Taux de passage

Taux de redoublement

Taux de sortie

Nouveaux inscrits

Même filière

Autre filière

Sous-total

Même filière

Autre filière

Sous-total

Ensemble

en 1998-1999

Droit - Sciences politiques

39,7

3,0

42,7

27,7

7,6

35,3

22,0

100,0

35 151

Sciences Économiques - Gestion

43,5

2,4

45,9

17,8

9,4

27,2

26,9

100,0

14 777

AES

31,7

2,3

34,0

18,7

10,0

28,7

37,3

100,0

15 240

Lettres - Sc. du langage - Arts

48,5

3,5

52,0

13,6

5,9

19,5

28,5

100,0

24 189

Langues

40,8

2,5

43,3

18,2

6,7

24,9

31,8

100,0

34 058

Sciences humaines et sociales

42,9

1,6

44,5

18,4

6,6

25,0

30,5

100,0

43 523

Sciences et structure de la matière

42,9

3,5

46,4

20,4

11,3

31,7

21,9

100,0

29 729

Sciences & technologie/Sciences l'ingénieur

39,0

6,2

35,2

9,9

11,9

21,8

33,0

100,0

2 993

Sciences de la nature et de la vie

37,0

4,0

41,0

21,4

10,8

32,2

26,8

100,0

17 766

STAPS

52,3

0,7

53,0

27,8

4,2

32,0

15,0

100,0

11 434

Médecine

8,8

1,5

10,3

60,3

13,0

73,3

16,4

100,0

17 167

Pharmacie

12,0

0,8

12,8

61,3

10,0

71,3

15,9

100,0

4 739

IUT

71,6

0,5

72,1

8,7

4,1

12,8

15,1

100,0

47 896

Ingénieur

68,2

5,3

73,5

3,6

17,8

21,4

5,1

100,0

943

Toutes filières

44,4

2,2

46,6

21,2

7,7

28,9

24,5

100,0

299 605

Source : ministère de l'Education nationale

b) L'accès en deuxième cycle universitaire

En 1999-2000, plus de 59 % des bacheliers entrés à l'université (hors IUT et santé) deux à cinq ans auparavant ont accédé en deuxième cycle . Les autres poursuivent leurs études hors de la sphère universitaire ou arrêtent leurs études. L'absence ou non de redoublement dans le cursus secondaire conditionne également les chances d'accéder au deuxième cycle pour toutes les catégories de bacheliers. Ainsi, 75 % des bacheliers à l'heure ou en avance accèdent au deuxième cycle contre 51 % des bacheliers avec un an de retard et 29 % des bacheliers avec plus d'un an de retard.

Taux d'accès en second cycle universitaire de 1989 à 1999, par série de baccalauréat
(France entière)

Rentrée universitaire

Baccalauréat

1989

1990

1991

1992

1993

1994

1995*

1996*

1997*

1998*

1999

Général

63,2

64,9

65,0

65,8

65,4

65,6

66,3

66,3

64,3

66,5

68,1

Technologique

25,0

24,8

25,8

26,3

27,2

26,7

25,4

24,4

21,0

21,2

22,5

Professionnel

0,0

0,0

0,0

4,8

11,5

13,7

12,4

12,3

9,5

9,1

8,5

Ensemble en %

56,0

57,5

58,1

59,3

59,6

59,7

59,7

59,0

56,6

58,2

59,2

* Des changements dans les modalités d'identification et du suivi des étudiants induisent, pour les années 1995-96, 1996-97, 1997-98 et 1998-99 des marges d'incertitude plus importantes que pour les autres années.

La réussite à l'issue d'un premier cycle universitaire varie sensiblement selon la série de baccalauréat : si plus des deux tiers des bacheliers généraux accèdent en deuxième cycle, 2 à 5 ans après avoir pris leur première inscription en première année de premier cycle, seuls 22,5 % des bacheliers technologiques et 8,5 % des bacheliers professionnels sont dans ce cas.

En outre, le taux d'accès en second cycle des bacheliers professionnels se réduit continûment depuis cinq ans : entre 1994 et 1999, ce taux est ainsi passé de 13,7% à 8,5%.

Fort heureusement, les étudiants qui n'accèdent pas en deuxième cycle universitaire ne peuvent pas tous être considérés comme ayant échoué en premier cycle. En effet, certaines inscriptions en DEUG ne sont que des inscriptions de précaution par rapport à une inscription principale prise dans un autre cursus (cas fréquent des étudiants en classes préparatoires). De même, certains étudiants ayant réussi en DEUG continuent leurs études universitaires en dehors de l'université, et ne sont donc pas comptabilisés comme accédant en deuxième cycle.

Taux d'accès en deuxième cycle par filière, série de baccalauréat et âge au baccalauréat (en %) Année universitaire 1999-2000 (France entière)

Série de Baccalauréat

Age d'obtention du baccalauréat

Droit

Sciences Eco, AES

Lettres, Sc. Humaines

Sciences, MASS

Toutes filières

%

en 2 ans

%

En 2 ans

%

en 2 ans

%

en 2 ans

%

En 2 ans

A l'heure ou en avance

80,6

40,8

100,0

54,3

75,2

51,8

61,1

Ns

76,6

49,9

L

En retard d'un an

46,2

16,2

69,1

Ns

53,2

30,6

Ns

Ns

52,6

28,4

En retard de plus d'un an

30,0

8,6

47,3

Ns

39,4

21,4

Ns

Ns

38,8

19,7

Ensemble

66,0

31,1

87,1

38,8

64,8

42,4

58,9

Ns

65,4

40,5

A l'heure ou en avance

82,2

44,6

75,8

44,2

74,6

49,0

59,3

27,4

77,3

46,3

ES

En retard d'un an

53,5

22,2

61,4

29,6

58,4

33,5

40,4

10,8

58,8

29,9

En retard de plus d'un an

34,9

12,3

41,9

19,5

45,6

24,4

32,6

10,7

43,1

21,0

Ensemble

69,7

35,5

66,7

36,4

65,3

40,7

48,2

18,8

67,1

38,0

A l'heure ou en avance

100,0

66,6

97,6

55,7

86,5

54,0

67,6

33,9

76,6

41,9

S

En retard d'un an

79,0

33,7

97,3

46,0

73,0

38,9

53,6

19,9

64,3

28,7

En retard de plus d'un an

46,5

Ns

64,3

25,3

51,2

27,4

31,4

9,4

43,5

18,3

Ensemble

100,0

56,1

93,7

50,0

78,8

47,3

61,7

29,0

70,7

36,8

A l'heure ou en avance

26,7

8,6

33,1

11,9

28,9

11,4

Ns

Ns

31,1

11,6

STT

En retard d'un an

14,8

4,1

26,6

8,8

22,1

9,2

Ns

Ns

22,4

8,2

En retard de plus d'un an

7,8

2,0

15,3

5,1

17,1

6,9

Ns

Ns

14,9

5,4

Ensemble

13,5

4,0

22,1

7,6

20,6

8,5

23,5

Ns

20,1

7,5

A l'heure ou en avance

33,4

Ns

40,9

Ns

33,7

17,1

49,6

17,2

41,2

17,2

Autres techno

En retard d'un an

12,5

Ns

32,4

Ns

26,0

13,0

30,2

8,8

28,7

11,6

En retard de plus d'un an

9,3

Ns

20,0

Ns

18,2

8,5

18,0

4,8

19,2

7,6

Ensemble

15,2

5,3

28,3

10,1

24,7

12,4

30,5

9,4

27,7

11,4

A l'heure ou en avance

Ns

Ns

Ns

Ns

Ns

Ns

Ns

Ns

Ns

Ns

Professionnel

En retard d'un an

6,9

Ns

8,6

Ns

13,8

Ns

Ns

Ns

11,4

3,3

En retard de plus d'un an

3,8

1,4

6,0

2,1

10,3

4,1

7,7

Ns

7,8

3,0

Ensemble

4,5

1,8

6,4

2,5

11,0

4,2

9,5

Ns

8,5

3,2

A l'heure ou en avance

83,4

43,8

79,2

44,2

73,8

49,0

67,0

33,38

74,6

43,8

Tous bacs

En retard d'un an

43,1

24,2

55,3

24,5

48,9

26,9

50,5

18,4

50,7

24,2

En retard de plus d'un an

19,0

12,7

26,1

10,3

30,4

15,4

27,6

8,1

28,8

12,7

Ensemble

59,6

32,6

58,2

29,6

57,7

35,9

58,9

27,3

59,2

32,6

Seuls les taux d'accès correspondant à des populations d'entrants d'au moins 400 étudiants sont publiés, les autres étant non significatifs (ns).

c) La politique de lutte contre l'échec en premier cycle

En France, tout bachelier a droit à l'enseignement supérieur. Cette réalité, qui fait l'objet d'un consensus social particulièrement fort, devrait conduire à assigner un rôle fondamental à la qualité de l'orientation des bacheliers face à la diversité des formations supérieures.

Votre rapporteur déplore donc que les politiques d'éducation à l'orientation au lycée ne semblent plus une priorité.

Quoi qu'il en soit, il est clair que l'accueil à l'université de vagues massives d'étudiants très divers ne pouvait, sans transformation profonde de l'enseignement, qu'entraîner un accroissement corrélatif des échecs.

C'est dans cette perspective que les premiers cycles universitaires ont fait l'objet d'une attention particulière depuis quinze ans : rénovation en 1984, réforme en 1992-1993, complétée en 1997.

Ces actions ont poursuivi des objectifs communs : apporter des réponses pédagogiques nouvelles à l'accroissement des effectifs, faire jouer au DEUG un vrai rôle d'orientation et développer une pédagogie de la réussite.

En particulier, la rénovation des DEUG définie par l'arrêté du 9 avril 1997 devait conduire à :

- l'organisation des études en semestres comportant 3 ou 4 unités d'enseignement et la conception de cursus fondés sur de larges secteurs disciplinaires, afin de favoriser la pluridisciplinarité et une orientation progressive ;

- l'organisation des enseignements en semestres et en modules/unités d'enseignement, comportant notamment une " unité de découverte " offrant à l'étudiant une ouverture sur d'autres disciplines, pour permettre des réorientations et pour accroître la flexibilité des parcours ;

- un renforcement de l'encadrement des étudiants par une politique d'attribution des moyens favorables aux premiers cycles, par un développement du tutorat (assuré par des étudiants de deuxième et troisième cycles sous les responsabilité pédagogique des enseignants-chercheurs), par la généralisation des dispositifs d'évaluation des enseignements associant enseignants et étudiants, et par la création d'une " unité de méthodologie du travail universitaire ", consacrée à l'apprentissage des méthodes.

Par ailleurs, la réforme de 1997 impose aux universités de mettre en place pour les nouveaux étudiants une période d'accueil et d'information qui porte sur l'organisation des études, la vie universitaire et les débouchés des formations offertes.

Enfin, l'arrêté du 9 avril 1997 fixe un certain nombre de principes relatifs à l'évaluation des étudiants : compensation, capitalisation, absence de note éliminatoire, anonymat des copies, passage de plein droit en deuxième année des étudiants ayant validé 70% de la première année, organisation de deux sessions, etc.

La mise en oeuvre de cette réforme est toutefois lente et incomplète .

Par exemple, les universités ne maîtrisent toujours pas leur dispositif de tutorat , alors même que cette pratique constitue, là où elle est mise en oeuvre de manière satisfaisante, un puissant facteur d'intégration qui n'est pas sans influence sur la réussite des étudiants de premier cycle.

En particulier, la coordination entre les équipes pédagogiques et les tuteurs est souvent trop limitée, et le tutorat ne profite pas suffisamment aux étudiants qui sont le plus en situation d'échec.

De même, les dispositions de l'arrêté du 9 avril 1997 relatives à l'évaluation ne souvent pas mises en oeuvre, tant en ce qui concerne l'évaluation des étudiants, qu'en ce qui concerne l'évaluation des cursus par les étudiants.

Enfin, le dispositif de réorientation à la fin du premier semestre est très lourd, de sorte que la proportion de réorientation est inférieur à 2 %.

Le ministère a donc engagé de nouvelles actions pour réduire le taux d'échec en premier cycle.

En premier lieu, la politique des schémas post-baccalauréat a été relancée avec les recteurs d'académie pour améliorer la distribution des flux de bacheliers. Cette politique a notamment pour objectif de mieux accueillir dans les formations courtes professionnalisées (STS et IUT) les bacheliers technologiques et professionnels et à réduire le choix universitaire " par défaut " qui renforce l'hétérogénéité des publics accueillis dans les filières universitaires.

Concrètement, cette politique devrait se traduire par une information renforcée des élèves et des familles, ainsi que par une gestion commune des affectations en STS, IUT, DEUG et Classes préparatoires aux grandes écoles.

Par ailleurs, sont annoncées la création d'une fonction de directeur des études de première année, l'extension à toutes les filières des enseignements bidisciplinaires ou pluridisciplinaires tels qu'ils existent en sciences, et la redynamisation de la politique d'accueil des établissements.

En outre, la possibilité de retarder leurs choix d'orientation jusqu'à la fin de la première année pourrait être donnée aux étudiants qui le souhaitent.

Votre rapporteur regrette toutefois qu'il ne soit pas donné un véritable second souffle ni à l'approfondissement de la mise en oeuvre de la réforme du DEUG engagée en 1997, ni à l'éducation à l'orientation en lycée.

Votre rapporteur s'interroge également sur les conséquences de la création de la licence professionnelle pour la lisibilité de notre système d'enseignement supérieur.

Votre rapporteur regrette que les modalités d'accueil des bacheliers technologiques en premier cycle universitaire ne fassent pas l'objet d'une réflexion spécifique, alors même que leurs chances de réussite de ces derniers sont minimes. On peut ainsi rappeler que l'OCDE avait notamment suggéré, dans son " Etude sur la France " de février 1997, de prévoir une année de transition pour les bacheliers professionnels entrant à l'université.

Enfin, votre rapporteur regrette que les écarts de taux d'échec en premier cycle entre les différentes filières et les différentes universités ne fassent pas l'objet d'évaluations plus détaillées.

2. L'insertion professionnelle des étudiants

Parmi les critères permettant de définir et d'apprécier l'efficacité de l'enseignement supérieur peuvent également être retenus les éléments suivants :

- le niveau de formation des sortants de l'enseignement supérieur ;

- le taux de chômage des jeunes diplômés de l'enseignement supérieur en comparaison avec les taux de chômage des jeunes de niveau de formation scolaire ;

- la qualité de l'adéquation du niveau et de la nature de la formation avec l'emploi occupé.

a) Le niveau de formation des sortants de l'enseignement supérieur

Répartition des sortants de l'enseignement supérieur par niveaux de formation

en milliers

1990

1994

1995

1996

1997

1998

Non diplômés du supérieur( IV supérieur)

73

90

94

104

97

91

Diplômés "bac + 2" (III)

97

114

135

127

128

138

Diplômés de l'ens. supérieur long (I-II)

87

128

138

160

158

148

Total sortants

257

332

367

391

383

377

Proportion de sortants du système d'enseignement supérieur avec diplôme

72%

73%

74%

73%

75%

76%

Les estimations des nombre de sortants sont effectuées à partir des résultats de l'enquête emploi menée chaque année par l'Insee.

b) La situation professionnelle des sortants de l'enseignement supérieur

A la fin des années quatre-vingt, l'insertion professionnelle des diplômés de l'enseignement supérieur s'effectuait dans des conditions favorables.

A partir de 1991, la forte hausse des sorties de l'enseignement supérieur et le ralentissement de la croissance ont affecté le marché des emplois qualifiés. L'insertion des diplômés a été différée et la qualification des emplois a diminué à l'issue de certaines filières, même si, individuellement, les études supérieures constituaient encore une bonne protection contre le chômage. Les titulaires d'un Diplôme universitaire de technologie (DUT) ou d'un Brevet de technicien supérieur (BTS) tertiaire ont été particulièrement affectés par la dégradation du statut des emplois.

La situation s'est améliorée après 1995, malgré l'augmentation sensible du nombre de sortants de l'enseignement supérieur et plus particulièrement des universités. Cependant, toutes les formations supérieures n'ont pas profité de l'embellie. Les écarts entre les différentes filières se sont accrus.

La situation est la plus favorable pour les sortants des Grandes écoles et des troisième cycles scientifiques qui ont bénéficié de l'essor de nouveaux débouchés. En revanche, les littéraires voient leur situation se détériorer suite à une diminution des recrutements d'enseignants et à la croissance du nombre d'étudiants. Les formations en chimie et biologie manquent de débouchés et l'insertion des sortants se caractérise par des taux de chômage et une précarité des emplois élevés par rapport aux autres filières scientifiques. Les sortants de formations en droit et sciences économiques connaissent également des difficultés d'insertion caractérisées par une déqualification importante et des rémunérations souvent inférieures aux sortants d'autres filières. Par contre, les sortants de formations scientifiques connaissent dans l'ensemble des conditions d'entrée dans la vie active très favorables associées à des rémunérations élevées, notamment dans l'informatique.

Situation professionnelle en janvier 1999 des étudiants sortis de formation initiale depuis environ cinq ans

Professions supérieures et chefs d'entreprise

Professions intermédiaires, artisans, commerçants, agriculteurs

Employés, Ouvriers

Au chômage

Contingent sans activité d'ordre professionnelle


Ensemble

Taux de chômage

Grande école

74

15

5

2

4

100

2

Doctorats, DEA, DESS

64

19

6

6

5

100

6

Licence, maîtrise

28

40

17

7

8

100

7

DUT, BTS

6

41

39

9

5

100

9

Paramédical et social

3

87

5

2

3

100

2

DEUG

8

46

26

13

7

100

15

Diplômés de l'enseignement supérieur

28

38

22

7

5

100

7

France métropolitaine, en pourcentage. Source : exploitation DPD de l'enquête emploi 1999 de l'INSEE.

Evolution du taux de chômage des actifs de moins de 25 ans selon leur niveau de diplôme

c) L'adéquation des emplois et du niveau de formation trois ans après la sortie du système éducatif

De manière générale, la concurrence entre les diplômés pour accéder à certaines catégories d'emploi s'est accentuée.

Trois ans après leur sortie sur le marché du travail, seulement 55 % des titulaires de BTS et 65% des titulaires de DUT arrivent à un poste de cadre ou de profession intermédiaire. Les taux de déqualification sont particulièrement élevés dans certaines spécialités tertiaires comme le secrétariat ou la gestion.

La situation des sortants de second cycle universitaire est légèrement plus favorable : 75 % des sortants de licences et 79% des sortants de maîtrise parviennent trois ans après leur sortie à un emploi de cadre ou de profession intermédiaire. Néanmoins, seulement 35% des sortants de licences et 45 % des sortants de maîtrise arrivent au statut de cadre, contre 93 % des sortants de doctorats, 70 % des sortants de Diplôme d'Etudes Approfondies (DEA) et 68 % des sortants de Diplôme d'Etudes Supérieures Spécialisées (DESS).

En deuxième et troisième cycles, de nombreuses différences existent entre les spécialités, même si les spécialités industrielles tirent le plus souvent leur épingle du jeu. En mathématique, physique, électronique et informatiques, plus de trois sortants sur quatre obtiennent trois ans après leur sortie un poste de cadre, alors que les sortants de formations de lettres, langues, histoire et géographie, droit et sciences économiques obtiennent moins d'une fois sur deux un poste de cadre (cf. tableaux ci-après).

Ces derniers résultats ainsi que les tableaux qui suivent sont issus d'une enq uête réalisée par le Centre d'études et de recherche sur l'emploi et les qualifications (CEREQ) en 1999 auprès des sortants de l'enseignement supérieur en 1996. Il s'agit d'une enquête rétrospective permettant de reconstituer les trois premières années de vie active des jeunes diplômés de nationalité française, âgés de moins de 35 ans et ayant quitté le système éducatif la même année. Le champ de l'enquête couvre l'ensemble des sortants des deuxième et troisième cycles, ainsi que les diplômés des STS, des IUT, des écoles d'ingénieurs et de commerce. Au total, 10.544 personnes ont été interrogées d'avril à septembre 1999. Cette enquête est la cinquième d'une série sur les sortants de l'enseignement supérieur, commencée en 1987.

Insertion en 1999 des diplômés de l'enseignement supérieur selon le diplôme détaillé

Formation / Diplôme

Indicateur

Taux de chômage mars 1999


Cadres en 1999

Cadres et professions intermédiaires en 1999

Salaire médian en 1999

Nombre de sortants estimé

Ecole d'ingénieurs

Total

2%

93%

99%

12500

17795

Ecole de commerce

Diplôme visé par l'Etat

3%

72%

94%

12800

6506

Diplôme non visé

6%

36%

83%

10000

4471

Total

4%

58%

90%

11500

10977

Ecole + Université

Total

4%

71%

97%

13000

4963

Doctorat

Sciences exactes et nat.

7%

94%

99%

12000

5262

Sciences humaines et soc.

6%

90%

98%

12500

2807

Total

7%

93%

99%

12300

8069

DEA

Sciences exactes et nat.

6%

73%

95%

10500

5657

Sciences humaines et soc.

8%

68%

92%

11000

7691

Total

8%

70%

93%

11000

13348

DESS

Sciences exactes et nat.

7%

81%

97%

12000

7116

Sciences humaines et soc.

8%

63%

92%

10000

18961

Total

8%

68%

93%

10500

26077

IUP

Sciences exactes et nat.

5%

61%

96%

10000

2731

Sciences humaines et soc.

4%

37%

85%

9500

5725

Total

4%

45%

89%

9500

8456

Maîtrise

Sciences exactes et nat.

11%

56%

89%

9000

7557

Sciences humaines et soc.

11%

42%

76%

8800

25139

Total

11%

45%

79%

9000

32696

Licence

Sciences exactes et nat.

12%

48%

86%

9000

5956

Sciences humaines et soc.

12%

33%

73%

8000

26319

Total

12%

35%

75%

8200

32275

2° cycle sans diplôme

Total

10%

16%

65%

8000

10869

DUT

Industrie

11%

7%

74%

7500

7544

Tertiaire

10%

9%

58%

7000

10140

Total

10%

9%

65%

7200

17684

BTS

Industrie

7%

4%

73%

7500

16110

Tertiaire

13%

8%

47%

7000

36881

Total

11%

7%

55%

7000

52991

Autre formation

Total

3%

28%

70%

10000

1432

Total ens. supérieur

Total

9%

42%

77%

9000

237632

Source : CEREQ

Insertion en 1999 des diplômés de l'enseignement supérieur long selon la spécialité détaillée

Formation / Diplôme

Indicateur

Taux de chômage mars 1999

Cadres en 1999

Cadres et professions intermédiaires en 1999

Salaire médian en 1999

Nombre de sortants estimé

Ecole d'ingénieurs

Total

2%

93%

99%

12500

17795

Ecole de commerce

Diplôme visé par l'Etat

3%

72%

94%

12800

6506

Diplôme non visé

6%

36%

83%

10000

4471

Total

4%

58%

90%

11500

10977

Ecole + université

Total

4%

71%

97%

13000

4963

Doctorat

1 Maths, physique

6%

95%

98%

12300

1131

2 Mécanique

3%

96%

100%

12500

1273

3 Chimie

14%

92%

99%

12000

840

4 Sc. vie et terre

8%

93%

99%

12000

2018

5 Droit, sc. économiques

5%

97%

99%

13600

1000

6 Lettres & sc. humaines

6%

86%

97%

12000

1807

Total

7%

93%

99%

12300

8069

Licence, maîtrise, DEA DESS

0 Maths, physique

10%

75%

95%

10000

6836

1 Mécanique

6%

55%

98%

10000

4800

2 Informatique, électronique

2%

77%

95%

11500

7040

3 Chimie, sc. nat.

15%

52%

86%

9000

10341

4 STAPS

4%

58%

92%

9300

1624

5 Droit

12%

42%

76%

8800

13648

6 Sc. économiques, AES

8%

44%

81%

9200

18129

7 Sc. de gestion

7%

49%

88%

10000

12559

8 Lettres, langues, hist/géo.

9%

44%

75%

8700

21937

9 Psychologie, socio. arts com.

15%

50%

86%

9000

15938

Total

10%

51%

84%

9400

112852

Source : CEREQ

Insertion en 1999 des diplômés de l'enseignement supérieur court selon la spécialité détaillée


Formation / Diplôme

Indicateur

Taux de chômage mars 1999


Cadres en 1999

Cadres et professions intermédiaires en 1999

Salaire médian en 1999

Nombre de sortants estimé

DUT-BTS

1 Informatique, électronique

6%

7%

77%

7500

9838

2 Mécanique

9%

3%

71%

7500

6552

3 Autre industriel

10%

6%

70%

7500

7583

4 Gestion

11%

2%

39%

6700

15990

5 Commerce, vente

11%

14%

64%

7500

14307

6 Carrières sociales

10%

9%

68%

6500

732

7 Autre tertiaire

15%

9%

44%

7000

15673

Total

11%

7%

57%

7000

70675

Autre formation

Total

3%

28%

70%

10000

1432

Total ens. supérieur

Total

9%

42%

77%

9000

237632

Source : CEREQ

d) L'insertion professionnelle des jeunes docteurs

Après avoir augmenté fortement au cours de la première moitié de la décennie écoulée, pour culminer à 11 000 en 1997, le nombre annuel de thèses soutenues en France amorce une légère décrue.

Le devenir des jeunes docteurs fait l'objet d'un rapport annuel, consultable sur Internet : http://www.education.gouv.fr/recherche/formation/red/.

Ce rapport souligne que le nombre de docteurs diplômés en 1997 et n'ayant pas trouvé d'emploi diminue considérablement selon que l'observation est faite 6 mois après la soutenance de la thèse ou 18 mois après. Si le pourcentage de docteurs encore à la recherche d'un emploi est de 12,3% six mois après la soutenance, il tombe à 5,1% dix huit mois après, toutes disciplines confondues.

En tout état de cause, l'insertion des diplômés de 1997, dernière année d'observation, est meilleure que celle des diplômés de 1996, en raison du redressement de la conjoncture économique. En particulier, la reprise de la croissance permet de constater une amélioration du taux d'insertion des docteurs dans les entreprises. Ces dernières ont ainsi recruté 25% des docteurs de 1997. Au total, le nombre de jeunes docteurs recrutés par les entreprises aurait doublé au cours des années 1990.

Cette progression peut être pour partie imputée aux actions de sensibilisation mises en oeuvre.

En effet, depuis 1997, 77 séminaires destinés aux étudiants en cours de thèse se sont déroulés au sein des écoles doctorales dans le but de les sensibiliser au monde de l'entreprise. Ces séminaires ont réuni 5.500 étudiants : 30 % en sciences de la vie, 50 % en sciences dites " dures ", 20 % en sciences humaines et sociales.

Cependant, les possibilités de recrutement dans les organismes de recherche et les établissements d'enseignement supérieur constituent toujours le premier débouché pour les jeunes docteurs.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page