D. LE COÛT DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR

1. Les dépenses en faveur de l'enseignement supérieur

a) La dépense moyenne par étudiant

En 1999, la dépense totale de la collectivité nationale en faveur de l'enseignement supérieur s'est élevée à 108,1 milliards de Francs . Cette donnée, rapportée aux effectifs d'étudiants, permet d'évaluer le coût moyen d'un étudiant en 1999 (soit 52 400 francs).

Le coût d'un étudiant dépend toutefois des formations suivies :

- 41 200 francs en moyenne par étudiant des universités (hors ingénieurs) ;

- 55 900 francs en moyenne par étudiant des IUT ;

- 65 600 francs en moyenne par élève de Section de technicien supérieur ;

- 77 800 francs en moyenne par élève des écoles d'ingénieurs universitaires ;

- 78 300 francs en moyenne par élève de classe préparatoire aux grandes écoles.

Ces chiffres peuvent être rapprochés de la dépense moyenne par élève de l'enseignement scolaire :

- 25 500 francs à l'école maternelle ;

- 26 200 francs à l'école primaire ;

- 43 000 francs au collège :

- 50 700 francs en lycée général ;

- 56 400 francs en lycée professionnel ;

- 62 700 francs en lycée technologique.

Ainsi, la France dépense proportionnellement plus pour les lycéens que pour les étudiants.

Par ailleurs, votre rapporteur regrette que les autres ministères ne publient pas ce type de données pour leurs établissements d'enseignement supérieur. Il semblerait par exemple que le coût de formation d'un ingénieur varie dans des proportions importantes en fonction du ministère de tutelle des écoles concernées.

b) La répartition du financement de l'enseignement supérieur

La répartition de la dépense totale, par types d'activité et par financeurs n'est pas encore disponible à ce jour pour l'année 1999.

En revanche, cette répartition est disponible pour les dépenses de l'année 1998 (soit 104,9 milliards de francs en métropole).

Par grand domaine, cet effort se décompose de la façon suivante :

- 88,5 milliards de francs (soit 84 % de la dépense) ont été consacrés aux activités de formation proprement dites (formation initiale mais également autres activités de formation) ;

- les 16 % restants sont utilisés à hauteur de 8,2 milliards pour les activités annexes (administration générale, orientation, restauration et hébergement scolaires et universitaires, médecine scolaire et universitaire) et de 8,2 milliards de francs pour l'achat de livres ou matériels nécessités par la fréquentation des établissements d'enseignement ainsi qu'à la rémunération des personnels en formation.

Le tableau ci-après présente par ailleurs la décomposition de la dépense totale, par financeur et par activités.

2. Le budget coordonné de l'enseignement supérieur

Les données précédentes, qui sont issues de la comptabilité nationale et précisent les dépenses engagées par les financeurs finaux, ne recoupent pas les données présentées dans le cadre du budget coordonnée de l'enseignement supérieur (BCES), qui présente les dépenses de l'Etat en faveur de l'enseignement supérieur selon une nomenclature budgétaire.

a) Une innovation de la loi de finances initiale pour 1998

Rappelons que c'est en 1997 que le Premier ministre a demandé au ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de la Technologie d'assurer au sein du gouvernement une coordination budgétaire des formations d'enseignement supérieur.

L'article 113 de la loi de finances pour 1998 a donné à cette coordination budgétaire une base légale en disposant que "les ressources et les moyens alloués par l'Etat aux formations supérieures sont retracés dans un état récapitulatif annexé au projet de loi de finances, dénommé budget coordonné de l'enseignement supérieur".

C'est sur ce fondement que le ministère de l'Enseignement supérieur a demandé aux autres ministères concernés par les formations d'enseignement supérieur de recenser les moyens physiques (emplois) et financiers (crédits) afférents à ces formations en vue de la constitution d'un "jaune" budgétaire annexé au projets de loi de finances depuis le projet de loi de finances pour 1999.

b) Un exercice difficile

Par définition, le champ du BCES est celui de l'ensemble des formations post-baccalauréat, publiques ou privées (si elles bénéficient de fonds de l'Etat), qu'il s'agisse de formation initiale, de formation professionnelle continue (diplomante et de longue durée) ou de formation spécialisée ou d'application, y compris les écoles de formation des agents de l'Etat. Il a été décidé en outre d'inclure dans le BCES les sections de techniciens supérieurs et les classes préparatoires aux grandes écoles.

Cette définition soulève toutefois des difficultés .

En effet, certains secteurs de formation ne remplissent pas tous les critères d'introduction au BCES, sans qu'il faille pour autant les exclure d'emblée. Il s'agit de formations pour lesquelles le baccalauréat n'est pas un pré-requis (comédiens ou danseurs au ministère chargé de la culture, sportifs au ministère de la jeunesse et des sports) mais qui délivrent, à la sortie, des diplômes homologués à des niveaux post-baccalauréat.

Par ailleurs, certains ministères ayant sous leur tutelle des écoles de formation de fonctionnaires (école nationale d'administration, instituts régionaux d'administration, écoles des impôts, des douanes, du cadastre et du trésor, etc.) ont exprimé le souhait de ne pas intégrer ce type d'établissements dans le BCES, en considérant que ces écoles accueillaient des élèves déjà diplômés de l'enseignement supérieur

Les discussions méthodologiques se poursuivant, le périmètre du BCES est appelé à évoluer. Par exemple, à l'occasion du projet de loi de finances pour 2000, le BCES a intégré une partie des crédits du ministère des affaires étrangères correspondant à la rémunération des personnels chargés de la gestion des crédits relatifs à l'enseignement supérieur, notamment les bourses versées aux étudiants étrangers en France et aux étudiants français à l'étranger, et d'autre part, le montant des bourses versées.

De ce fait, les comparaisons d'une année à l'autre sont difficiles .

Par ailleurs, pour un certain nombre d'établissements, seules certaines formations dispensées relèvent de l'enseignement supérieur. C'est le cas notamment des structures du ministère de la jeunesse et des sports qui délivrent à la fois des diplômes de niveau IV et d'autres de niveau III. Par ailleurs, les formations aux professions sociales et de santé sont souvent préparées dans des établissements publics dont l'activité principale n'est pas liée à l'enseignement supérieur (centres hospitaliers par exemple).

Or il est évidemment difficile d'isoler précisément les crédits destinés à l'enseignement supérieur, à l'intérieur de dotations globales allouées à des établissements ou des formations dont le rapport avec celui-ci n'est pas exclusif.

De même, l'évaluation des moyens consacrés aux sections de techniciens supérieurs (STS) et aux classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE), qui sont intégrés dans les dotations globales pour les lycées, s'avère délicate.

c) Des résultats intéressants

Sous ces réserves, le budget coordonné de l'enseignement supérieur pour 2001 s'établit comme suit :

Moyens BCES en 2000 et prévus en 2001

Ministères

LFI 2000 (en MF)

PLF 2001

Emplois

en millions de francs

en millions d'euros

AP

CP

AP

CP

AP

CP

2000

2001

Affaires étrangères

196,50

980,73

56

991,66

8,54

151,18

724

724

Agriculture et pêche

61

1.981,85

69

2.208,60

10,52

336,70

5.853

5.988

dont section " scolaire "

0

1.149,08

0

1.178,03

0

179,59

4.087

4.184

dont section " supérieur "

61

832,77

69

1.030,57

10,52

157,11

1.766

1.804

Aménagement/environnement

2

3

2

4

0,30

0,61

0

0

Culture et communication

186,74

1.399,68

187,04

1.423,50

28,51

217,01

3.103

3.132

Défense

139,66

1.038,60

178,91

1.072,78

27,27

163,54

4.064

4.296

dont section " scolaire "

2,92

132,10

2,67

125,67

0,41

19,16

-

-

dont section " supérieur "

136,74

906,50

176,24

947,11

26,87

144,39

-

-

Economie, finances et industrie

38

895,40

37

940,77

5,64

143,42

1.198

1.244

Emploi et solidarité

20

1.525,20

12

1.622,09

1,83

247,29

262

262

Equipement, transports, logement

32,50

619,97

29,80

624,12

4,54

95,15

1.723

1.723

Intérieur

0

130,93

0

131,58

0

20,06

345

345

Jeunesse et sports

6,40

102,20

5

106,61

0,76

16,25

514

521

Justice

0

361,79

0

383,59

0

58,48

544

569

Education nationale (MEN)

3.964,10

60.613,29

4.329,50

64.611,21

660,03

9.849,92

170.509

171.815

dont section " scolaire "

65

10.648,28

50

11.220,29

7,62

1.710,52

39.655

39.655

dont section " supérieur "

Total hors MENR

682,80

9.039,35

576,75

9.509,30

87,92

1.449,68

18.330

18.804

Total hors section " supérieur " du MEN

747,80

19.687,63

626,75

20.729,59

95,55

3.160,21

57.985

58.459

Total général

4.646,90

69.652,64

4.906,25

74.120,51

747,95

11.299,60

188.839

190.619

Au total, les crédits recensés en faveur de l'enseignement supérieur s'élèvent en 2001 à près de 74,1 milliards de francs , contre 69,7 milliards de francs en l'an 2000.

Cette progression s'explique toutefois pour une très large part par l'extension du périmètre des établissements et des dépenses pris en compte.

Ces montants constituent d'ailleurs un socle minimum , étant donné les difficultés évoquées ci-dessus pour déterminer avec précision le niveau réel des moyens affectés.

La réalisation de ce budget coordonné présente toutefois l'intérêt de mettre en exergue le rôle des ministères autres que celui de l'enseignement supérieur, non seulement en matières de dépenses, mais aussi en matière d'emplois et d'effectifs étudiants, comme le montrent les tableaux ci-après.

Emplois recensés en faveur de l'enseignement supérieur en 2000


Emplois budgétaires 2000


Emplois sur crédits 2000

Total emplois 2000

Part des emplois sur crédits sur total emplois

Affaires étrangères

37

0,02 %

687

4,80 %

724

0,4 %

95 %

Agriculture et pêche

5.853

3,35 %

0

0 %

5.853

3,1 %

0 %

Section " scolaire "

4.087

0

4.087

Section " supérieur "

1.766

0

1.766

Aménagement/environnement

0

0 %

0

0 %

0

0 %

Culture et communication

2.530

1,45 %

573

4 %

3.103

1,6 %

18 %

Défense (y compris CPGE)

2.876

1,65 %

1.188

8,30 %

4.064

2,2 %

29 %

Economie, finances et industrie

3

0 %

1.195

8,35 %

1.198

0,6 %

100 %

Emploi et solidarité

0

0 %

262

1,83 %

262

0,1 %

100 %

Equipement, transports, logement

1.491

0,85 %

232

1,62 %

1.723

0,9 %

13 %

Intérieur

345

0,23 %

120

0,84 %

514

0,3 %

23 %

Jeunesse et sports

394

0,23 %

120

0,84 %

514

0,3 %

23 %

Justice

541

0,31 %

3

0,02 %

544

0,3 %

1 %

MEN

160.460

91,94 %

10.049

70,23 %

170.509

90,3 %

6 %

Section " scolaire "

34.491

19,76 %

5.164

36,09 %

39.655

21 %

13 %

Section " supérieur "

125.969

72,18 %

4.885

34,14 %

130.854

69,3 %

4 %

Total hors MEN

14.070

8,06 %

4.260

29,77 %

18.330

9,7 %

23 %

Total hors section " supérieur " du MEN

48.561

27,82 %

9.424

65,86 %

57.985

30,7 %

16 %

Total général

174.530

100 %

14.309

100 %

188.839

100 %

8 %

Source : BCES

Récapitulatif par ministère des effectifs d'élèves et d'étudiants 1999/2000

Ministères

Secteur public

1999-2000 Secteur privé

Total

Affaires étrangèrs

0

0

Agriculture et pêche (y compris STS et CPGE)

23.386

10.954

34.340

Culture et communciation

23.776

23.776

Défense

6.531

0

6.534

Economie, finances et industrie

6.035

1.055

7.090

Emploi et soldiarité

53.463

33.109

86.572

Equipement, transports et logement

4.399

4.399

Intérieur

1.335

1.335

Jeunesse et sports

1.850

1.850

Justice

2.338

2.338

MEN (sans TOM)

1.741.709

140.953

1.882.662

Section " scolaire "

215.922

87.452

303.374

Section " supérieur "

1.525.787

45.118

165.231

Total hors section " supérieur " du MEN

339.822

186.071

471.605

Total général

1.846.822

186.071

2.050.893

Source : BCES

3. Les subventions à l'enseignement supérieur privé

Le soutien financier de l'Etat en faveur des établissements privés d'enseignement supérieur se traduit par l'apport de subventions de fonctionnement . Cette intervention financière de l'Etat est actuellement régie par la circulaire 1B n° 142 du 1er février 1998, édictée par le ministère du budget, relative aux associations bénéficiaires de financements publics. Cette aide, imputée sur le chapitre 43-11 art.10 du budget du ministère chargé de l'enseignement supérieur, ne peut permettre la participation de l'Etat aux opérations d'investissement des établissements.

Les aides sont accordées aux établissements en raison de la qualité et de l'intérêt de la formation dispensée. Dans ce cadre, le soutien financier du ministère bénéficie aussi bien aux établissements d'enseignement libre qu'aux établissements d'enseignement supérieur technique.

Dans le cadre de la loi de finances pour 2001, il est prévu que le montant des crédits de fonctionnement aux établissements d'enseignement privé s'élève à 202 millions de francs , contre 197 millions de francs en l'an 2000.

Ces subventions sont, dans l'ensemble, relativement faibles . Par exemple, les subventions aux 25 écoles de commerce et d'ingénieurs regroupées au sein de la Fédération des écoles d'ingénieurs et de cadres (FESIC), comme l'EDHEC de Lille, l'ESSCA d'Angers, l'ESSEC à Cergy-Pontoise, les Instituts catholiques d'arts et métiers (ICAM) d'Angers, Lille et Toulouse, représente environ 6.400 francs par an par étudiant en formation initiale. En outre, ces subventions sont souvent notifiées tardivement dans l'année budgétaire.

Pour l'an 2000, ces subventions se répartissent comme suit :

Subventions à l'enseignement supérieur privé en l'an 2000

(chapitre 43-11 art.10)

Etablissements

Dotations 2000

UDESCA

109 149 886 F

APPESL

1 000 000 F

dont :

- Faculté libre d'économie et de droit, d'économie et de gestion - Paris (FACO)

467 389 F

- Faculté libre de philosophie comparée - Paris

358 104 F

- Université libre des sciences de l'homme - Paris (ULSH)

174 507 F

Autres établissements

FESIC

64 696 714 F

UGEI

12 520 802 F

Autres écoles d'ingénieurs

ESIGELEC Rouen (école supérieure d'ingénieurs en génie électrique)

1 000 000 F

EISTI Cergy (Ecole internationale des sciences du traitement de l'information)

1 231 686 F

GEFIRN (Grandes écoles fédérées de la région Nord)

171 800 F

ESB Nantes (Ecole supérieure du bois)

200 000 F

Autres écoles de gestion

ESC Lille (Ecole supérieure de commerce de Lille)

1 700 000 F

Autres établissements privés

ESJ Lille (Ecole supérieure de journalisme - Lille)

600 000 F

ESA Paris (Ecole spéciale d'architecture)

300 000 F

ISTOM Cergy (Institut supérieur technique d'Outre-Mer)

270 000 F

Sciences Com'Nantes

300 000 F

CFJ Paris (Centre de formation des journalistes - Paris)

500 000 F

Institut supérieur de plasturgie d'Alençon (ISPA)

1 000 000 F

Institut de théologie orthodoxe - Paris

260 000 F

Institut protestant de théologie -Paris

1 500 000 F

Autres (dont parlement européen des étudiants)

912 747 F

TOTAL

197 313 635 F

Source : ministère de l'Education nationale

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