C. L'AVENIR PROMETTEUR DES RELATIONS FRANCO-JORDANIENNES

Bien que la Jordanie soit, de par son histoire, marquée par le mandat britannique, tournée vers l'influence anglo-saxonne, ce pays accorde une importance croissante à ses relations avec la France.

La visite d'Etat du roi Abdallah en France, du 15 au 18 novembre 1999, a conféré une forte dimension politique aux relations bilatérales dont le dynamisme se manifeste tant dans le domaine économique qu'en matière de coopération culturelle et technique.

Notre pays est aujourd'hui le premier investisseur étranger en Jordanie . Depuis 1999, les investissements français ont porté sur un montant de quelque 700 millions de dollars. Nos entreprises ont remporté en particulier, quatre des cinq opérations de privatisation ou de gestion déléguée réalisées à ce jour :

- acquisition par France Telecom de 36 % du capital de Jordan Telecommunications -soit 450 millions de dollars- (dans le cadre de ce qui restera sans doute la plus importante opération de privatisation de Jordanie) ;

- achat par Lafarge de 30 % de Jordan Cement (opération complétée depuis lors par une acquisition complémentaire de 11 % du capital de cette société) ;

- obtention par Suez-Lyonnaise du contrat de gestion déléguée des eaux du grand Amman ;

- gestion par ACCOR du complexe hôtelier gouvernemental de Spa Main.

Parmi les autres opérations significatives réalisées en Jordanie, il convient également de mentionner l'achat par Perrier-Vittel de 75 % du capital du premier producteur jordanien d'eau minérale, ainsi que la prise de participation par la Société Générale de la moitié du capital de la Banque jordanienne, Middle East Investment Bank. Aujourd'hui, 37 implantations françaises, dont 10 filiales, sont recensées en Jordanie. Nos entreprises apprécient la stabilité de ce pays et les efforts entrepris par les autorités pour susciter un environnement économique favorable. Le royaume hachémite apparaît ainsi comme une tête de pont privilégiée pour accéder aux marchés du Proche-Orient .

L'importance des flux d'investissements devrait sans doute se traduire, à terme, par une augmentation des échanges commerciaux, aujourd'hui assez modestes. Avec près de 4 % des parts du marché jordanien, la France se range au 9 e rang des fournisseurs de ce pays (près de la moitié de nos exportations concernent les biens de consommation et les produits agroalimentaires). Les exportations jordaniennes vers la France n'ont pas dépassé 53 millions de francs (146 e rang). Nos échanges se soldent donc par un important excédent (860 millions de francs en 1999) au bénéfice de la France.

Par ailleurs, la France est le deuxième créancier bilatéral de la Jordanie après le Japon (623 millions de dollars au début de l'année 2000 : 18 % provenant des protocoles financiers, 83 % de crédits privés garantis datant, pour l'essentiel, du début des années 80). La France a consenti un effort particulier en faveur de l'allégement de la dette jordanienne : rééchelonnement de 230 millions de dollars de créances lors du Club de Paris du 20 mai 1999 et signature, lors de la visite d'Etat du roi à Paris, le 16 novembre 1999, de deux accords :

- un accord de conversion de dettes pour investissements , d'un montant de 400 millions de francs (dont 325 millions de francs utilisés par France Telecom dans le cadre de la privatisation de Jordan Telecom) ;

- un accord de conversion-annulation de dettes pour un montant de 100 millions de francs ;

Parallèlement au renforcement de la présence économique française, le rôle joué par notre coopération culturelle, scientifique et technique , contribue à donner à la France une image très positive. Notre politique en la matière peut s'appuyer sur un dispositif très complet (centre culturel et de coopération linguistique, lecteurs dans les deux grandes universités du pays, école française, implantations de l'Institut français d'archéologie du Proche-Orient et du Centre d'études et de recherches sur le Moyen-Orient contemporain, missions régionales eau et agriculture).

La coopération -dotée en 2000 d'un budget de 8,3 millions de francs- porte plus particulièrement sur quatre domaines :

- la promotion de la langue française , dont l'enseignement a connu un essor indéniable au cours des dernières années ; ainsi 25 000 élèves apprennent le français dans le cadre des établissements primaires et secondaires (la Jordanie compterait aujourd'hui quelque 40 000 francophones sur une population de 4,5 millions d'habitants) ;

- la gestion de l'eau agricole dans le cadre d'un projet expérimental conduit dans la Vallée du Jourdain et destiné à économiser les ressources en eau sur le plan agricole par l'amélioration des techniques d'irrigation et le développement des cultures hors sol ;

- le tourisme et l'archéologie ;

- la coopération audiovisuelle (fourniture par CFI à la télévision jordanienne de trois heures quotidiennes de programmation à titre gratuit).

Développement des investissements français, vitalité de la coopération culturelle et technique : autant de facteurs appelés à resserrer les liens bilatéraux. Le rapprochement doit encore être favorisé par la proximité des positions exprimées par nos deux pays sur le processus de paix.

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