Annexe 4 - L'ANALYSE DES PLUIES EN FRANCE

Source : Audition de M. Patrice Codeville, enseignant-chercheur à l'école des Mines de Douai - 20 février 2002

§ Le dispositif

L'analyse des caractéristiques des pluies a longtemps été anecdotique et très « parisienne » Les premières mesures remontent à 1850. Selon les mesures de l'époque, la pluie de Paris était très chargée d'arsenic (issu de la combustion du charbon de bois), et surtout d'ammoniaque, dégagé par l'urine des habitants (avant l'installation du « tout à l'égout ») et des chevaux. Le dépôt d'ammoniaque était alors évalué à 16 kilos par hectare et par an. D'autres mesures avant la seconde guerre mondiale montrent des dépôts de soufre équivalant à 96 kilos par hectare et par an.

C'est à partir des années quatre-vingt que le réseau d'analyse s'est structuré. L'émergence d'un droit international de l'environnement imposant des mesures (Convention de Genève de 1979 sur la pollution atmosphérique) et la médiatisation des « pluies acides » -voir annexe- symbole de la crise environnementale annoncée, ont entraîné la mise en place d'un réseau d'observation et d'analyse.

Ce réseau est articulé autour de trois institutions : le réseau national de suivi de long terme (30 ans) des forêts, RENECOFOR, mis en place par l'Office national des forêts en 1982, Météo France, ainsi qu'une structure dite MERA, résultat d'un partenariat entre le ministère de l'environnement, l'ADEME et l'Ecole des mines de Douai.

Le réseau compte 200 sites de collecte, répartis sur cinq régions (Nord Pas-de-Calais, Midi-Pyrénées, Lorraine, Basse-Normandie, Champagne -Ardenne). Les paramètres mesurés sont : le pH, les nitrates, les sulfates, les chlorures, l'ammonium, le calcium, le magnésium, le sodium, le potassium. Les métaux lourds et les pesticides sont mesurés depuis 2002.

Le suivi des pluies et de la pollution atmosphérique est souvent commun puisque les premières traduisent l'évolution de la seconde. Les « dépôts secs » sont mesurés sur une plaquette enduite d'un corps gras qui récupère les poussières. Les « dépôts humides » sont mesurés par un collecteur avec étranglement, pour éviter l'évaporation, et muni d'un couvercle mobile qui s'ouvre automatiquement quand il pleut.

§ Résultats
(
Source : Ecole des Mines de Douai - Audition Sénat - 20 janvier 2002)

Caractéristiques de l'eau de pluie en France
(en moyennes annuelles)


Paramètres

Concentration moyenne par litre
(mg/l) sauf pH

Limites de qualité d'eau potable( mg/l)

Valeur mini-maxi
(mg/m2/an)
sauf pH

Valeur mini-maxi
(kg/ha/an)

Acidité (pH)

5

6,5 - 8,5

4,8 - 5,6

H+

1 - 30

0,01 - 0,3

Soufre/Sulfates (SO 4)

0,5

150-250

100 - 1.000

1 - 10

Nitrates (NO 3)

0,3

25-50

10 - 400

0,1 - 4

Ammonium (NH 4)

0,3 - 0,6

0,1

100 - 1.400

1 - 14

Potassium (K)

0,05 - 0,25

Non listé

30 - 250

0,3 - 2,5

Calcium (Ca))

0,2 - 0,8

Non listé

100 - 800

1 - 8

Magnésium (Mg)

0,05 - 0,9

Non listé

30 - 700

0,3 - 7

Chlorure (Cl)

0,2 - 10

250

200 - 10.000

2 - 100

Sodium (Na)

0,2 - 6

200

100 - 6.000

1 - 60


Variations interrégionales des caractéristiques de l'eau de pluie
(en moyenne annuelle -sauf pH- et en mg/m2/an

mini

maxi

pH (moy. annuelle)

4,7

Bas-Rhin (1991)

5,5

Alpes-Maritimes (1993)

pH (moy. mensuelle)

3,8

Ardèche (1996)

7,8

Alpes-Maritimes (2000)

Sulfate

70

Haute-Vienne (1991)

1050

Pyrénées-Atlantiques (1993)

Nitrates

33

Haute-Vienne (1991)

640

Bas-Rhin (1995)

Ammonium

94

Haute-Vienne (1991)

1362

Nièvre (1994)

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