B. DES ACTIONS DE COOPÉRATION INITIÉES DEPUIS UNE QUINZAINE D'ANNÉES

La coopération bilatérale franco-colombienne a vu le jour en 1988, à la suite de la visite en Colombie du président Mitterrand, avec l'affectation de deux officiers de liaison de l'Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (OCRTIS), suivie, en 1990 de l'implantation d'une délégation du Service de coopération technique internationale de police (SCTIP).

Cette coopération est en cohérence avec les orientations définies par l'Union européenne qui, dans le cadre de son aide au renforcement de l'état de droit, préconise des actions portant sur la modernisation des moyens d'action et d'investigation des services de police et des coopérations opérationnelles contre toutes les formes de criminalité. L'action européenne dans ce domaine n'est donc en rien comparable à celle des Etats-Unis, que ce soit en raison de son niveau plus modeste ou de sa nature même, puisqu'elle procède d'une approche différente de la lutte contre les stupéfiants, reposant sur l'aide au développement alternatif, le renforcement des capacités opérationnelles et la réduction de la demande. Les autorités colombiennes ont signé des accords de coopération dans le domaine de la sécurité intérieure avec d'autres pays européens, ainsi qu'avec Europol où sont actuellement détachés 2 officiers de liaison colombiens.

S'appuyant sur nos attachés de police et officiers de liaison, la coopération policière française intègre une dimension régionale , puisqu'elle s'effectue en étroite concertation avec nos implantations dans les pays voisins (notamment Vénézuela et Surinam) et l'ensemble de la zone caraïbe 3 ( * ) mais également une dimension européenne , dans la mesure où des contacts réguliers sont établis avec les dispositifs de coopération de nos partenaires, en particulier l'Espagne et le Royaume-Uni. Cette synergie avec nos partenaires permet en partie de compenser la modestie des moyens alloués à notre coopération.

En Colombie comme dans les autres pays où elle s'exerce, notre coopération policière comporte deux aspects : un volet technique et un volet opérationnel.

La coopération technique passe par des actions de formation de personnels et de conseil auprès des services de police. Les thèmes retenus sont ceux qui ont trait à la lutte contre le trafic de drogue et le blanchiment, la traite des êtres humains et l'immigration illégale, la falsification de la monnaie européenne et des documents de voyage, la criminalité internationale, la police technique et scientifique, ainsi que la police de proximité. Ils donnent lieu à des formations théoriques et pratiques. La coopération technique englobe également une activité d'information et de conseil en matière législative et réglementaire ainsi que de restructuration des institutions. L'une des priorités actuelles est l' aide au développement d'une police rurale , sur un modèle proche de notre gendarmerie, destinée à se substituer aux unités actuellement déployées dans les zones reconquises sur les groupes armés et à y assurer la sécurité des personnes et des biens.

La coopération opérationnelle conduite par les officiers de liaison vise à combattre, en relation avec les autre pays occidentaux lorsque cela s'avère nécessaire, la criminalité transnationale organisée à destination de notre pays, au premier rang de laquelle, le trafic de drogues et le blanchiment, la falsification de l'euro et des visas Schengen, ainsi que l'immigration irrégulière et le trafic de personnes. Les officiers de liaison servent d'interface entre les services de police français et colombiens pour la préparation et l'exécution des pièces de justice ainsi que l'échange de renseignements et d'informations à caractère opérationnel. Ils participent également à la recherche et l'exploitation du renseignement concernant les différents trafics à destination de la France et de l'Union Européenne.

Au plan financier, les moyens alloués à notre coopération en matière de sécurité intérieure avec la Colombie demeurent modestes (85 000 euros en 2004). Ils sont constitués des crédits d'intervention du ministère des affaires étrangères et de crédits de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie.

* 3 L'antenne de l'Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (OCRTIS) récemment créée en Martinique, sur la base d'une plate-forme interministérielle, est considérée comme un outil de premier plan dans le renforcement de la capacité opérationnelle anti-drogue de la France dans la zone caraïbe.

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