II. LA COMMUNAUTÉ ANDINE

Fondée en 1997, la communauté andine est héritière du Pacte andin, fondé en 1969 à Carthagène par la Bolivie, la Colombie, l'Equateur et le Pérou. L'acte fondateur du pacte andin prévoyait la création d'une union douanière en l'espace de dix ans.

La zone géographique de la Communauté andine regroupe 97 millions d'habitants, sur un territoire de 3,7 millions de km 2 , pour un PIB agrégé de 170 milliards d'euros.

Elle est le second bloc économique du continent après le Mercosur mais peine à traduire concrètement ses ambitions.

A. UN SYSTÈME INSTITUTIONNEL ÉLABORÉ ET DES OBJECTIFS AMBITIEUX

La communauté andine comprend plusieurs organes supra-nationaux dont les décisions s'appliquent directement dans les Etats membres. Ces institutions sont le Conseil présidentiel andin, le Parlement andin, élu au suffrage universel, le secrétariat général et la Cour de justice.

Elle est dotée de la personnalité juridique et, à ce titre, est la première organisation régionale à avoir signé, en tant que telle, un accord de coopération avec l'Union européenne.

Elle s'est fixé des objectifs politiques ambitieux : mise en place d'une politique extérieure commune, renforcement des principes démocratiques, coopération policière et judiciaire, alors que la seule création d'un marché intérieur andin reste un enjeu majeur. Les Etats membres doivent encore adopter un tarif extérieur commun, mettre en place une politique agricole commune et harmoniser leurs législations.

B. DES OBSTACLES NOMBREUX À L'INTÉGRATION RÉGIONALE

L'intégration économique andine rencontre des difficultés liées à la géographie, aux inégalités de développement, à la faible intégration des échanges, davantage orientés vers les E tats-Unis ou le Mercosur. Enfin, et peut-être surtout, elle est handicapée par la montée des clivages politiques entre les Etats membres.

Les obstacles à l'intégration sont tout d'abord géographiques. Les connexions routières entre les pays andins restent peu nombreuses. Il n'existe qu'un seul point de passage entre chacun des pays.

Ils tiennent également à la présence, sur le continent d'autres pôles d'attraction comme les Etats unis avec qui le Pérou et la Colombie ont signé un accord de libre commerce ou le Mercosur que le Venezuela et la Bolivie ont annoncé leur intention de rejoindre.

De plus en plus, les options politiques et économiques de pays comme la Colombie du président Alvaro Uribe ou le Pérou, où l'ancien président social-démocrate Alan Garcia a été élu en juin 2006, apparaissent difficiles à concilier avec les choix de la Bolivie du président Evo Morales élu en décembre 2005 ou de l'Equateur dont le président, Rafael Correa, investi il y a quelques jours, le 15 janvier 2007, est également plus proche du président vénézuélien Hugo Chavez.

C'est ainsi que le Venezuela, membre de l'organisation depuis 1973, a annoncé son retrait le 22 avril 2006 après la signature par la Colombie, le 27 février, puis par le Pérou le 12 avril, de traités de libre-échange avec les Etats-Unis. En vertu des traités, le Venezuela, poids lourd économique de la zone, doit cependant maintenir ses obligations de libre-échange pendant cinq ans. Le 29 avril 2006, le Venezuela a signé avec la Bolivie et Cuba un « Traité commercial des peuples » dans le cadre de l'ALBA (« l'alternative bolivarienne pour les Amériques »), alternative à la proposition des Etats-Unis d'une ZLEA (Zone de libre-échange des Amériques).

La Bolivie, qui a pris la présidence de la Communauté andine après le départ du Venezuela, a toutefois réaffirmé l'objectif de l'établissement d'une zone de libre échange avec l'Union européenne.

Il reste que l'Union européenne doit répondre à la diversité des choix de ses partenaires, ce qui la conduit à envisager un champ très large de coopérations, sans dégager de réelles lignes de force.

Une autre difficulté dans les négociations réside dans la faiblesse institutionnelle de la Communauté andine dont le secrétariat général est peu étoffé et dont les moyens financiers ont souffert du départ du Venezuela. La France, pour sa part, a signé un protocole de coopération avec la communauté andine en 1999. Pour 2006, la coopération française s'élève à 500.000 euros et porte sur le renforcement de l'Etat de droit, l'appui aux politiques andines d'intégration régionale et au système andin de recherche et développement.

L'intégration de la communauté andine reste limitée. La zone de libre échange au sein de la Communauté andine est effective depuis 1993 entre la Colombie, le Venezuela, l'Equateur et la Bolivie et s'est étendue au Pérou le 1 er janvier 2006. La part du commerce intra-zone n'a pas progressé depuis dix ans et stagne à environ 10 % du total des échanges. Les procédures douanières restent à harmoniser et le tarif extérieur commun nécessaire à la mise en place de l'union douanière n'est pas entré en vigueur et n'harmonise qu'une proportion limitée des lignes tarifaires.

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