B. LA SITUATION ÉCONOMIQUE : DES INDICATEURS FAVORABLES

Le Japon connaît un rythme de croissance annuelle supérieur à 2 % ( 2,8 % en 2005 et 2,2 % en 2006) grâce à une série de réformes économiques que M. Shinzo Abe, Premier ministre depuis septembre 2006 2 ( * ) , s'est engagé à poursuivre.

Son PIB s'élève à 4.324 milliards de dollars et le place au second rang mondial. Son PIB par habitant est de 34.010 dollars.

Le maintien de cette croissance est attribué à la bonne tenue de la demande interne, tant au niveau de la consommation des ménages que de l'investissement, au dynamisme des exportations, grâce à la vigueur de la demande chinoise et à la faiblesse du yen, et à l'assainissement des entreprises japonaises, qui ont réduit leur dette et réalisé des gains de productivité.

Le taux de chômage est aujourd'hui en repli à 4 %. Des réformes en profondeur ont eu lieu : une plus grande flexibilité de l'emploi et le développement du travail temporaire se sont imposés.

L'assainissement de la dette publique a entraîné une diminution de cette dernière à 148 % du PIB fin 2006, contre 175 % en 2005, grâce à la diminution des dépenses budgétaires (- 3 % en 2006) et à l'augmentation des recettes. Le déficit budgétaire pourrait être réduit à 4,8 % du PIB fin 2007 . Au total, les autorités espèrent réduire les dépenses de 11 à 14 trillions de yens (82 à 150 milliards d'euros) sur la période 2006-2011.

Une hausse de la fiscalité reste cependant nécessaire pour réduire substantiellement la dette publique.

Par ailleurs, un rapport d'information de votre commission des finances s'était intéressé à la place du Japon et de la Corée dans l'économie mondiale 3 ( * ) .

C. LES RELATIONS FRANCO-JAPONAISES

1. Un dialogue politique renforcé

La perspective de la commémoration du 150 ème anniversaire des relations diplomatiques franco-japonaises, le 9 octobre 2008, ouvre la voie à un renforcement des relations politiques bilatérales : manifestations commémoratives, projet de visite du Président de la République au Japon et sommet du G8 de 2008 sous présidence japonaise.

La « Déclaration pour un nouveau partenariat franco-japonais » , adoptée lors de la visite du Président Jacques Chirac à Tokyo, en mars 2005, a permis la tenue, l'année suivante, de la première session du « dialogue stratégique de haut niveau », au cours de laquelle ont été évoqués le dossier iranien, l'avenir des pourparlers sur la Corée du Nord, et l'émergence politico-militaire de la Chine.

La visite en France du Premier ministre M. Shinzo Abe, en janvier 2007, a permis de souligner l'importance du partenariat stratégique bilatéral et d'une étroite concertation sur les dossiers de non-prolifération (soutien de la France au Japon suite à l'essai nucléaire nord-coréen et appel au retour de l'Iran à la table de négociation). La France a, en outre, réaffirmé son soutien à la candidature japonaise à un siège permanent au Conseil de sécurité de l'ONU.

2. Les relations commerciales bilatérales

Le Japon a représenté, en 2006, 1,98 % du commerce extérieur de la France, soit un volume de marché d'exportation comparable à la Pologne ou à la Turquie. Du côté des importations, la France achète autant au Japon qu'à la Russie ou à la Suisse.

En 2006, la part du marché japonais détenue par la France atteint 1,6 % et la part du marché français détenue par le Japon de 2,4 % (le Japon demeure son 9 ème fournisseur). La France a reculé du 16 ème au 17 ème rang des principaux clients du Japon, et du 15 ème au 16 ème rang de ses fournisseurs.

Les échanges en 2006 ont été marqués par une progression de 5,2 % des exportations françaises vers le Japon, (contre une progression de seulement 1,2 % en 2005). Le Japon a ainsi reculé de la 4 ème à la 6 ème place de nos principaux déficits bilatéraux (après la Chine, l'Allemagne, la Belgique, la Norvège et la Russie). En raison de la concurrence de la Chine, le Japon n'est plus que le deuxième partenaire commercial de la France en Asie.

La structure des exportations françaises vers le Japon fait apparaître une prédominance des biens de consommation (34 %). Les biens intermédiaires comptent pour 21 % du total, les biens d'équipement pour 18 % et les produits agroalimentaires, pour 17 %.

Mais la bonne performance des exportations françaises est principalement due à la livraison à une compagnie aérienne basée au Japon de deux Airbus . Ces performances devraient se renouveler en 2007 puisque la livraison de 7 Airbus A320 est programmée.

Les importations françaises en provenance du Japon, en revanche, ont diminué (- 1,5 %), surtout dans les biens intermédiaires et les équipements mécaniques et en dépit de la bonne tenue des achats d'automobiles (+ 5,2 %). La structure des importations françaises présente une nette supériorité des biens d'équipement (42 %).

Ces évolutions reflètent un affaiblissement de la relation bilatérale franco-japonaise : la faiblesse des ventes japonaises en France contraste, en effet, avec le dynamisme des exportations totales du Japon (+ 15 %). Ce recul des importations en provenance du Japon doit toutefois être relativisé : il reflète pour partie une substitution au profit de produits fabriqués en Chine, pays dont la majorité des exportations est réalisée par des sociétés étrangères, notamment japonaises.

3. Investissements directs étrangers et présence française

La présence économique française au Japon date de la fin du 19 ème siècle. Elle demeure globalement stable depuis 2002, avec 420 implantations identifiées 4 ( * ) en 2005, concentrée à 76 % à Tokyo.

Selon les données publiées en juillet 2006 par la Banque du Japon, les investissements français au Japon représentaient, en 2005, 11 % du stock total d'investissements directs étrangers (IDE), pour un total de 9 milliards d'euros, en baisse de 3 % par rapport à 2004. La France maintient néanmoins sa 3 ème place derrière les Etats-Unis (43 %) et les Pays-Bas (11,5 %). Néanmoins, en pratique, la France reste probablement le second investisseur au Japon, de nombreux investissements européens transitant par les Pays-Bas uniquement pour des raisons fiscales.

Le gouvernement japonais poursuit les mesures d'incitation à l'investissement, avec l'objectif de doubler le stock d'IDE en cinq ans.

Selon la Banque de France, les investissements français au Japon se répartissent en quatre secteurs : l'industrie manufacturière (principalement industrie chimique et mécanique, agroalimentaire et automobile) 5 ( * ) , l'intermédiation financière, le secteur de l'immobilier et des services aux entreprises, et enfin le secteur du commerce (pour l'essentiel des marques de luxe et de cosmétiques).

Le Japon représente 1 % du stock total français d'IDE et le stock d'IDE japonais en France se porte à 8,8 milliards d'euros, au 10 ème rang des investisseurs étrangers.

4. La communauté française au Japon

La communauté française au Japon comptait 6.045 individus en 2006, dont le quart est constitué de binationaux.

Plus de 90 % de la communauté résident dans la région du Kanto (métropole de Tokyo et préfectures limitrophes).

La communauté française est la seconde des communautés européennes représentées au Japon, après la communauté britannique.

* 2 M. Shinzo Abe a démissionné de ses fonctions le 12 septembre 2007.

* 3 « Le Japon et la Corée face à la mondialisation», rapport d'information (2006-2007) n° 17 de MM. Jean Arthuis, Philippe Marini, Denis Badré, Aymeri de Montesquiou, Yann Gaillard, Philippe Adnot, Michel Moreigne et François Marc, fait au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation.

* 4 Sont recensées comme implantations françaises les entités suivantes : filiales de sociétés françaises détenues à hauteur d'au moins 10 %, succursales et bureaux de représentation.

* 5 Parmi les entreprises industrielles, peuvent être citées Saint Gobain, Total, Renault, Veolia Water, Sanofi-Aventis ou Schneider Electric.

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