b) L'impossibilité pratique de concevoir un plan de relance à la fois coordonné, massif et efficient

En pratique, un tel « scénario idéal » semble difficile, voire impossible à mettre en oeuvre.

(1) La tentation du « cavalier seul »

Tout d'abord, faute à ce stade de gouvernement économique européen, la coordination des Etats membres de l'Union européenne est, par nature, difficile à mettre en oeuvre.

En effet, si l'on considère que le multiplicateur keynésien est deux fois plus faible au niveau des grands Etats membres qu'au niveau de l'ensemble de l'Union européenne, et encore plus faible dans celui des petits Etats membres, on conçoit qu'il existe une tentation permanente d'adopter un comportement de « passager clandestin ».

(2) L'impossibilité pratique de prévoir un ensemble de mesures à la fois massives et au multiplicateur keynésien élevé

Ensuite, on voit mal en quoi pourrait consister un ensemble de mesures à la fois massif (au moins 1 point de PIB) et au multiplicateur keynésien élevé (proche de l'unité).

Comme on l'a indiqué ci-avant, selon les estimations usuelles, seules les dépenses publiques ont un multiplicateur keynésien élevé. Dans leur rapport précité, MM. Olivier Blanchard et Jean-Paul Fitoussi reconnaissent, d'ailleurs, que leur estimation du multiplicateur keynésien d'une baisse des cotisations sociales salariés est probablement optimiste 12 ( * ) .

En fait, pour concevoir un plan de relance, la méthodologie paraît devoir être la suivante :

- tout d'abord, il faut « faire le plein » de mesures pouvant être rapidement mises en oeuvre, et présentant un multiplicateur keynésien élevé. Ces mesures sont d'un montant global forcément limité : des investissements publics importants ne peuvent être lancés de manière improvisée, et même si l'on considère que les prestations en faveur des personnes à faibles revenus ont un effet multiplicateur élevé, on voit mal comment il serait possible concrètement de leur accorder des aides supplémentaires massives, sans susciter des effets pervers importants (problèmes d'incitations, risque de non-réversibilité de la mesure...) ;

- ensuite, compléter ces mesures par d'autres (en particulier fiscales) qui, bien que correspondant à un multiplicateur keynésien plus faible, ont l'avantage d'être immédiatement sensibles, et sont nécessaires pour atteindre l'impact économique global souhaité.

* 12 « Le déficit budgétaire ne se creuserait que la première année, mais la mesure dégagerait un très léger excédent financier dès la troisième année. Cette dernière conséquence résulte de ce que le multiplicateur européen est particulièrement élevé dans le modèle Mimosa. Elle conduit très probablement à minimiser le coût financier de la mesure. Il vaut mieux escompter que la mesure ne s'autofinance pas entièrement et laisse subsister ex post une légère augmentation du déficit public ».

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